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Commentaire Littéraire sur le conte philosophique Candide d'Emile Zola

Fiche de lecture : Commentaire Littéraire sur le conte philosophique Candide d'Emile Zola. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  4 Avril 2015  •  Fiche de lecture  •  1 064 Mots (5 Pages)  •  894 Vues

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En retournant dans sa métairie à la fin du récit, Candide retrouve à Constantinople tous les acteurs du conte auquel s'est adjoint frère Giroflé. Au début du chapitre 30, la situation est encore loin d'être idéale dans la métairie, Cacambo s'épuise au travail et le reste du groupe se repend en récriminations en veines disputes ou s'ennuie mortellement. Deux visites vont permettre à Candide de sortir de l'impasse : celle du Dervich qui leur montre la vérité des démonstrations métaphysiques et celle du bon vieillard qui démontre que le bonheur est à leur portée grâce au travail. Après cette leçon, Candide prend définitivement en main le sort de la communauté sans se laisser influencer ni par Martin ni par Pangloss et en imposant la primauté de l'action sur le discours.

Nous verrons tout d'abord comment Pangloss se ridiculise lui-même par son refus d'évoluer puis nous analyserons les retombées positives de l'action de Candide avant de nous interroger sur la portée morale du conte.

I La satire de l'intellectuel borné

Malgré toutes les leçons que lui a infligé le contact avec la réalité, Pangloss ne veut pas démordre de sa théorie sur le bien fondé de l'optimisme leibnizien ou prétendu tel. Voltaire s'en donne à coeur joie et le ridiculise sans ménagements. Dans sa première intervention, alors que Candide vient de faire une remarque de bon sens, il profite de la présence du mot Roi dans la réplique de son interlocuteur pour étaler son érudition sans que le sujet ne le justifie. Voltaire souligne ironiquement ce défaut par l'accumulation des noms de rois et surtout des noms de rois d'Israël aux sonorités inhabituelles pour le lecteur français. Il n'est par ailleurs pas nécessaire de s'étendre longuement pour démontrer la valeur d'une recommandation aussi simple. De même, lorsque Candide s'efforce de la ramener dans le vif du sujet, Pangloss saisit à nouveau l'opportunité d'un thème biblique (le jardin) pour introduire une citation latine et en tirer une déduction plus ou moins discutable ce qui prouve que l'homme n'est pas pour le repos.

Enfin, Voltaire nous le présente comme définitivement incorrigible lorsqu'il renie à sa manière tous les évènements vécus depuis son départ du château. Selon lui, tous les malheurs endurcis par Candide ont eu l'heureux effet de l'amener à manger des pistaches et des cédrats confits à Constantinople. Ce bonheur semble payé bien cher. En réalité, il n'a pas évolué depuis le premier chapitre où il confondait les effets et les causes et où Voltaire nous le présentait comme un maître en nigologie.

II Candide, à l'opposé de cette attitude parle peu mais agit

Ses interventions sont courtes mais fermes, il ne se laisse plus influencer, c'est lui qui aura le dernier mot. Face à Martin dont Voltaire malgré la sympathie qu'il lui voue n'approuve pas la position. Au début du chapitre, il qualifie ces principes de détestables. Dans ce passage, la suite montre qu'il prend en compte le début de la remarque de Martin, il ne songe pas à mettre la suite en application car Candide n'organise pas le travail sans raisonner. Quant à Pangloss, il le contre patiemment avec une modération d'expressions qui fait honneur à sa maturité.

Il passe à l'action mais tout en raisonnant car il est à l'origine de l'organisation qui va assurer l'aisance et l 'épanouissement moral de tous les membres de la société. En effet, chacun a trouvé sa place et se fait apprécier en fonction des talents qu'il met au service de tous. Voltaire s'amuse à distribuer les rôles, Cunégonde bien clair dès le début du conte est affectée à la cuisine et devient une excellente patissière. La femme aux moeurs légères se stabilise dans la broderie mais l'exploit de Candide, c'est de transformer un moine débauché en travailleur et honnête homme. Quelle leçon pour les aristocrates qui considéraient le travail comme un déchéance ou pour certains religieux qui l'assimilaient à un divertissement. Ennui, vice et besoin paraissent définitivement éloignés.

III Comment interpréter la morale du conte et quelle image nous livre-t-elle du philosophe ?

Comme incipit, la fin du conte présente des traits de merveilleux qu'il ne faut pas prendre au pied de la lettre. Il est difficile de croire à une réussite aussi totale mais Voltaire par l'intermédiaire du conte se contente de donner deux directions simples pour améliorer les conditions de vie de ses concitoyens qu'il juge inférieure à celle des anglais par exemple. Travail et mise en oeuvre des talents de chacun sont les deux piliers du développement.

Avantages de cette morale ?

Elle montre que l'homme, incapable de résoudre le problème méta-physique du mal peut user de sa liberté. L'image de la métairie, de la petite terre, des 20 arpents du vieillards signifie que tout homme a en lui-même les ressources nécessaires pour échapper à la misère à partir du moment où il a la volonté de les exploiter rationellement bien sûr en dehors des cas de grande catastrophe.

Quelle sera le rôle du philosophe s'il n'est plus le spécialiste des questions métaphysiques ? Le philosophe du XVIIIème siècle n'est pas un intellectuel enfermé dans son cabinet de travail ni un esthète comme le seigneur Pococurente qui s'ennuie mortellement au milieu des objets d'art qui devraient le combler. Le philosophe moderne est au contraire un artisan du bonheur collectif qui s'engage dans la vie sociale, participe au développement et encadre les volontés défaillantes pour le bonheur collectif sur la prospérité économique à laquelle s'associe le philosophe par l'éloge du travail, valeur bourgeoise très décriée et critiquée.

Cependant, cet idéal n'est pas une position de repli. Voltaire qui l'a mis en pratique à Fernay continue cependant à participer aux luttes pour la défense de la liberté et de la défense lors de l'affaire Callas en 1763. La petite société est d'ailleurs un modèle de tolérance puisqu'elle accueille sur le même pied des individus d'origine et d'opinions diverses.

Conclusion

Face aux préjugés nobiliaires et aux illusions des philosophes à la Pangloss, Voltaire propose un idéal limité mais concret. Le travail de la terre, le développement d'un petit artisanat qui pourrait constituer un remède à la crise économique et morale que traverse le pays. Le travail laisse entendre que la question du mal impossible à trancher par le débat philosophique peut être traitée plus efficacement sous l'angle pratique, la métaphore du jardin est particulièrement adaptée à l'illustration de ce principe tant donné les résonances mythiques qui y sont associées. C'est une version de la création envisagée sous un angle laïque.

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