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Commentaire Gargantua Ch. LVIII

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Par   •  11 Mars 2019  •  Commentaire de texte  •  2 047 Mots (9 Pages)  •  2 642 Vues

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Enigme en prophetie, étant le dernier chapitre de Gargantua, il occupe sans doute une place primordiale dans l’ensemble de l’oeuvre. Il traite le sujet à propos de la croyance évangélique en l’indiquant expressément dans ce chapitre avec la bouche de Gargantua dans le contexte où les persécutions catholique s’émergèrent à cause de l’Affaire de Placards qui changea l’avis plutôt sympathique de François Ie envers les protestants. Néanmoins, ce chapitre ne s'arrête pas seulement avec cette énigme: il consiste en outre un dialogue entre Gargantua et Frère Jean sur l’interprétation de l’énigme à part du texte soi-même.

La particularité de ce chapitre a suscité beaucoup de tentatives académiques pour décrypter le sens exacts de cette fin énigmatique. La question se repose sur le fait que Rabelais nous a fourni déjà deux versions d’interprétations au contraire de l’autre énigme dans l’ouvrage Les Fanfreluches Antidotées, qui reste sans réponses, sans explications voire incompréhensible mais toujours ouverte à des interprétations. Mais la réponse de cette énigme finale est-elle vraiment l’une d’entre les deux pour nous à choisir ou bien l’une est préférée par l’auteur ? Le sens de cette énigme est-il plus clair comparé à l’autre du fait qu’il nous donne les deux réponses ? En un mot, quelle est l’intention exacte de l’auteur de terminer le livre par une discussion philosophique des deux personnages principales au lieu de laisser l’énigme en tant que telle pour les lecteurs ?

Pour pouvoir répondre à ces questions, il faut d’abord s'interroger sur la nature de la forme de l’énigme même en la plaçant dans l’ensemble de l’oeuvre pour savoir la fonction de ce chapitre par rapport aux autres, notamment les premiers. Ensuite, une analyse attentive des deux possibilités d’interprétations donnés par l’auteur est indispensable pour procéder à une compréhension plus profonde de ce texte qui conclut Gargantua.

L’énigme finale conforme à sa définition typique: un genre poétique qui tend à avoir recours à la description et en même temps à cacher le vrai sens dans l’apparence d’une autre chose décrite. Ici, la description se présente sous forme d’un long poème décasyllabique à rime plate. On constate la ressemblance entre celui-ci et une autre énigme de la main de Mellin de Saint-Gelais, Énigmes en façon de prophetie, apparaît plus tardivement dans ses Oeuvres publiée en 1574. On n’est pas sûr si l’un a copié l’autre ou c’était plutôt un travail collaboratif des deux malgré le fait que dans la première édition de Gargantua, ce chapitre s’intitula Enigme trouve es fondemens de labbaye des Thelemites et on le remplaça par le titre actuel. Mais ce qui est sûr est que les deux premiers vers et les dix derniers, qui aient été ajouté, sont certes de la main propre de Rabelais. Une autre indice peut certainement mettre en relation de cet emprunt littéraire entre les deux auteurs. Dans les paragraphes qui suivent l’énigme, Frère Jean a dit que c’est du style de Merlin le prophète, ce qui renvoie non seulement à Mellin, l’auteur contemporain de Rabelais et poète d'excellence de ce genre de la cour, mais aussi Merlin, figure légendaire qui apparut dans Les Grandes Chroniques pour enrichir l’origine de Gargantua. L’emprunt de l’énigme ait certainement une intention particulière pour le but de transmettre les idées de l’auteur.

Pourtant, ce n’est pas la première fois que Rabelais fait référence à Mellin de Saint-Gelais. Une autre énigme, dans le chapitre II, Les Fanfreluches antidotées, est aussi susceptible d'être emprunté de ce dernier. Il nous semble que les deux énigmes, l’un au début avec le prologue et l’autre à la fin avec le cri de Thélème au chapitre LIIII forment naturellement un cadre pour le roman, tous les deux sous forme de vers. On peut voir que l’oeuvre est construit selon le principe de l’inclusion: les deux énigmes et des vers encadrant les deux éducations, celle de Gargantua et celle des Thélémites, qui encadrent deux épisodes monastiques, l’attaque de l’abbaye de Seuilly et la construction de Thélème, qui encadrent les deux épisodes de guerre, celle de Picrochole et celle de Gargantua, etc. De même, il y a également cette forme encadrante dans chaque partie du roman. Cette énigme et le cri de Thélème forment aussi une structure d’inclusion en miniature avec les vers au centre de cette épisode de Thélème et l’énigme à la fin pour envelopper à la fois cette épisode et l’oeuvre entier, d’où l’importance double de ce chapitre. On y trouve très souvent au centre le message ou les idées que veut transmettre ou mettre en avant l’auteur, comme par exemple ici, l’inscription est comme un filtre pour les gens qui méritent d’être acceptés ou pas à y entrer dans l’utopie de Thélème.

Le chapitre est composé à la fois de la poésie et de la prose, forme hybride des deux genres littéraires dans un seul chapitre, ce qui n’est pas le norme du roman. On y trouve seulement quelques cas semblables tels que quelques pièces torcheculatives en chapitre XIII au milieu de la narration. Le principe de l’inclusion n’est pas toujours respecté et le poid de différentes parties du roman ne sont pas en équilibre. Cela se manifeste notamment dans l’épisode de Thélème qui compte seulement sept chapitres par rapport aux deux autres parties qui comptent déjà 51 chapitres. L’ajout d’un dialogue après l’énigme se peut servir à compenser la narration de généalogie de Gargantua dans le premier chapitre, ce qui peut créer plus d’équilibre dans la structure de l’ensemble. A cela s’ajoute le fait que les deux énigmes ont été annoncé curieusement par Alcofribas, le narrateur, dans le chapitre précédent, les deux se trouvant dans un support de bronze, déterrés. Cela fait évidemment référence à un pratique à la mode à l’époque: l’archéologie, qui donne plus de légitimité et plus de vraisemblance de ces textes énigmatiques.

La lecture de Frère Jean nous renvoie clairement à une interprétation de cette énigme comme une description du jeu de paume. Non seulement a-t-il explicité dans sa parole, ce qui prît la dernière place du livre, mais aussi cela conforme très bien à la lecture du poème. En effet, dans l’édition de 1574 de Oeuvres de Mellin, les indices comme “les faiseurs de parties” pour les “hommes” et les “gens”, “les joueurs” pour les “amys et les proches parents”, et encore, “les arbitres” pour “autorité”, “les sueurs” pour “eaux le plus trempez” et le mot plus important

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