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Commentaire Cyrano de Bergerac Acte 1 scène 4

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Par   •  26 Juin 2018  •  Commentaire de texte  •  6 019 Mots (25 Pages)  •  7 204 Vues

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Cyrano de Bergerac, Acte I, scène 4

de « Personne ne va donc lui répondre ?.... »

à « Bouffon ! »

Cyrano de Bergerac, personnalité du 17ème siècle, est passé à la postérité grâce à la célèbre comédie héroïque écrite par Rostand en 1897. Le dramaturge s’inspire de cette figure historique du mousquetaire rebelle mais il lui attribue en plus une histoire d’amour qui fait de Cyrano un poète passionné et incompris. L’intrigue se concentre sur l’impossible amour entre le héros et sa cousine Roxane, une précieuse qui s’éprend dès l’acte I de Christian de Nivelette. Si la beauté de ce dernier est incontestable, il lui manque de l’esprit pour séduire Roxane, sensible aux discours amoureux. Cyrano et Christian s’allient à l’acte II pour construire un amant idéal. L’acte d’exposition voit défiler tous les protagonistes de la pièce successivement. Dans le passage qui nous occupe, à l’acte I, scène 4, Cyrano qui apparaît pour la première fois dans la pièce, interrompt impunément une représentation théâtrale à l’Hôtel de Bourgogne. Le vicomte de Valvert, plus ou moins promis à Roxane, encouragé par De Guiche provoque Cyrano, espérant le faire taire. Le héros, loin d’être intimidé, lui répond avec verve et panache. En quoi cette scène appartenant à l’exposition permet-elle au spectateur de découvrir la personnalité du héros ? Nous nous attacherons à étudier successivement les traits de caractère du personnage qui s’avère être un véritable homme de théâtre, ayant le goût de la provocation et dévoilant avec éloquence son panache.

  1. Cyrano, un homme de Théâtre
  1. Cyrano, acteur de talent

  • Le lieu est propice à mettre en place tout un jeu de scène : l’Hôtel de Bourgogne est un théâtre. Cyrano joue un rôle comme un acteur, devant un public important. Cyrano, après avoir chassé de scène Montfleury, et interrompu ainsi la représentation de La Clorise, prend en quelque sorte la place de cet acteur pour se mettre lui-même en scène.
  • Evocation des loges du public aisé : « devant ces nobles galeries ». Derrière cette périphrase, sont désignés les spectateurs de l’improvisation de Cyrano acteur. Cela montre que Valvert n’est pas le seul destinataire de la pièce. N’oublions pas que Roxane suit cette joute depuis sa loge. Sa prise de parole peut donc être perçue comme un acte de séduction. Le public de Cyrano lui est acquis à la fin de l’extrait comme le suggère la didascalie « rires » vers 107.
  • Double énonciation : les spectateurs réels de la comédie héroïque de Rostand admire aussi les talents d’acteur du héros.
  • Cyrano monopolise la parole (tirade de plus de 50 vers). Il se lance dans une improvisation puisqu’il va faire une variation sur un thème, celui de son « nez ». Il tient différents rôles, comme l’indique le gérondif « en variant » v.19 (diérèse).
  • Le début et la fin de la tirade des nez sont marqués par des tournures mettant en valeur le propos de Cyrano : vers 19 l’impératif « par exemple, tenez » puis vers 59 le présentatif « voilà ce qu’à peu près, mon cher vous m’auriez dit…».  Cyrano prétend donner une leçon de théâtre et d’éloquence à son adversaire.

2) Cyrano, metteur en scène de sa propre pièce

  • Cyrano auteur : Cyrano propose 20 manières de se moquer de son nez en 1 trentaine de vers. Le rythme resserré de cette tirade met en valeur la formidable créativité de Cyrano : il invente de véritables personnages au trait psychologique caricatural, qui s’opposent . Tous ces personnages se succèdent sans ordre particulier => profusion verbale. La versification met en valeur la concision des moqueries (peu d’enjambement – chaque adjectif introduisant un nouveau trait est placé en tête de vers.)
  • Cyrano metteur en scène : L’adjectif apparaissant au début de chaque faisant office de didascalie interne, indique aussi le ton, sur lequel doit être prononcé le trait d’esprit. Puis comme s’il était un metteur en scène soucieux d’illustrer son propos, il accompagne chaque didascalie d’un exemple adapté.
  • Exemple : vers 20 : « Agressif : « Moi, Monsieur, si j’avais un tel nez… »
  • L’ensemble de la tirade est jalonné de signes de ponctuation expressive ( ! ?). Le jeu de scène doit être explosif et comique.
  1. Cyrano, un bretteur des mots
  1. L’affrontement verbal inégal

  • La volubilité de Cyrano opposée à la plate répartie de Valvert : Cette tirade se veut une réponse quasiment complète au manque de répartie de Valvert.
  • réplique ridicule du vicomte : un seul vers, marqué par des points de suspension, des répétitions qui indiquent son manque d’inspiration et un vocabulaire plus que banal : « Vous… vous avez un nez… Heu… un nez… très grand. »
  • Longue tirade passant en revue toutes les possibilités de provocations qu’aurait pu formuler Valvert. De plus, Cyrano fait ressortir la pauvreté verbale de son adversaire par l’affirmation prenant des allures d’évaluation : « c’est un peu court, jeune homme. » L’apostrophe « jeune homme » induit d’emblée un rapport hiérarchisé : Cyrano est le maître et le vicomte devient son élève.

-  Après la tirade des nez, Valvert est incapable de rivaliser avec son adversaire :

  • Ses attaques ne dépassent pas de simples remarques désagréables sur l’apparence de Cyrano, depuis son nez difforme, à son allure vestimentaire trop simple pour son rang. Il croit l’insulter en le traitant de « hobereau » vers 76. On peut relever le champ lexical des vêtements. L’énumération « sans rubans, sans bouffettes, sans ganses ! » vers 77 ridiculise quelque peu l’aristocrate un peu trop soucieux de la mode.
  • Maîtrise du langage limitée : nombreuses hésitations (points de suspension), phrases nominales (Un hobereau qui… qui … n’a même pas de gants !). Il ne parvient pas à interrompre réellement la verve de Cyrano (vers 96). Faute d’arguments et d’espace de parole, il finit par l’insulter sans esprit ni originalité : « maraud, faquin, butor de pied plat ridicule » + « bouffon » (vocabulaire familier)

  • Les didascalies de Rostand invitent l’acteur jouant Valvert à manifester sa défaite : « suffoqué » vers 74, « le vicomte pétrifié vers 73 », et « exaspéré » vers 108. L’ensemble de la scène ridiculise ce personnage (scène exploitant les ressources du registre comique résidant principalement dans le décalage entre les deux personnages et l’ironie de Cyrano).

                

  1. Le goût de la provocation et du combat

  • A l’accusation indirecte de stupidité illustrée par la tirade des nez succède l’accusation directe.

  • Champ lexical de l’esprit (vers 60 à 70) : « lettres », « esprit », « invention », « plaisanteries » (= jeu de mots), « verve ». Cyrano énumère ainsi les qualités faisant défaut au vicomte. De la même manière, il utilise de nombreux conditionnels (« vs m’auriez dit », « eussiez-vs », « n’en eussiez pas »), et la subordonnée conditionnelle (« si vs aviez » v.44) insistant sur le manque d’éloquence du comte. Cette maîtrise de la grammaire (temps, syntaxe complexe,…)  montre aussi que Cyrano maîtrise particulièrement bien le langage. L’emploi du conditionnel (dans les phrases concernant Valvert) s’oppose au présent des phrases concernant Cyrano: « je […] sers », « je ne permets pas ».
  • syllepse« et de lettres, vous n’avez que les trois qui forment le mot : sot ! » (figure de style consistant à employer un même mot dans 2 sens différents) avec le mot « lettres » : employé d’abord dans le sens figuré pour désigner la culture puis dans un sens concret (« les trois qui forment le mot ») évoquant les lettres de l’alphabet. Cette syllepse permet à Cyrano d’insulter adroitement Valvert.

 

  • Insultes : « ô le plus lamentable des êtres » (superlatif placé à la césure, interjection semblant évoquer le mépris de Cyrano), « sot » (mis en relief par les 2 pts, placé à la rime + point d’exclamation).

  • Menace implicite à la fin de la tirade : « Je me les sers moi-même avec assez de verve, mais je ne permets pas qu’un autre me les serve ». Cette menace rappelle que Cyrano provoquait en duel quiconque se moquait de son nez (Cf les grotesques  de Théophile Gautier)

Cette menace de ne pas le laisser parler est amplifiée par (« le quart / De la moitié du commencement d’une ». La formulation plaisante insiste sur la réactivité de Cyrano et son goût du combat en duel.

Cette joute verbale annonce le duel qui aura véritablement lieu sur scène entre Cyrano et Valvert.

  1. Le panache de Cyrano

Le panache permet de dépasser le tragique par l’humour, la poésie et la grâce. C’est ce que fait Cyrano dans cette scène, transformant son nez difforme en objet de fierté et de fantaisie.

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