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Commentaire Composé Sur Un Extrait Du Diable Amoureux De Jacques Cazotte

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Par   •  28 Mars 2014  •  2 250 Mots (9 Pages)  •  6 280 Vues

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Dans Le diable amoureux écrit par Jacques Cazotte, publié en 1772, on retrouve l’engouement naissant pour l’ésotérisme contrastant avec la définition du XVIIIe siècle comme celui des « lumières » jusqu’à la fin de ce siècle. Ce roman a fait parvenir Cazotte à la notoriété car il est l’auteur du premier grand récit fantastique français. Ce roman est le précurseur du genre fantastique, mais ce n’est qu’une première manifestation du fantastique en littérature, puisque bien différent de ce que l’on connaît du genre fantastique aujourd’hui. Le commentaire concerne le passage où Alvare s’abrite dans une église. Un monument attire son attention ; il pense voir sa mère sous les traits d’une figure représentant une femme en train d’être mise dans une tombe. Il pense que c’est un signe de sa mère qui l’avertit de sa mauvaise conduite. Soudain, la figure lui demande de mettre de la distance entre lui et la sylphide.

Nous tâcherons d’abord de mettre en évidence le rôle que tient le fantastique dans cette scène par rapport à l’ensemble du roman et les éléments surnaturels qu’on peut trouver dans ce passage. Ces évènements surnaturels semblent pousser Alvare dans la folie. Enfin, nous mettrons en lumière les nombreux messages dont est porteur l’Eglise et les interprétations que l’on peut en faire.

I) La présence du fantastique

1) Une scène représentative du roman

Cette scène est l’objet de nombreuses apparitions du fantastique. Ces apparitions ne sont pas réellement quantifiables du fait qu’elles peuvent être classées comme évènements surnaturels ou comme manifestations de l’esprit qu’on peut assimiler comme une vraisemblance par rapport à ce que l’on connaît de l’humain et de la nature. Cet extrait s’attache plus particulièrement à ce que l’on connaît de l’esprit. C’est ce mélange de magie et de réalité qui est caractéristique de la première forme de fantastique que l’on retrouve dans le Diable amoureux.

En effet, deux interprétations se dégagent lors de la découverte du monument de la chapelle par Alvare : « Deux génies descendaient dans un tombeau de marbre noir une figure de femme, deux autres génies fondaient en larmes auprès de la tombe. […] J’attache mes yeux sur la tête de la principale figure. Que deviens-je ? Je crois voir le portrait de ma mère. »

On peut y voir un homme interprétant une œuvre d’art à sa façon, il croit voir sa mère car la figure féminine à laquelle il est lié et qui est le plus enclin à mourir est sa mère. Il est certain qu’aucune autre personne ne verra la mère d’Alvare dans ce monument.

Ce côté personnel est d’ailleurs mis en valeur par le récit à la première personne tout au long du roman, permettant au lecteur de s’identifier au personnage. Cette identification nous fait découvrir les évènements du point de vue d’Alvare, restreignant ainsi les tentatives d’explications rationnelles aux péripéties qui rythment le roman.

2) Les évènements surnaturels

Le surnaturel est très présent dans le roman et plus particulièrement dans cet extrait. D’abord quand Alvare pense que sa mère lui parle à travers le monument : «Ô ma mère ! est-ce pour m’avertir que mon peu de tendresse et le désordre de ma vie vous conduiront au tombeau, que ce froid simulacre emprunte ici votre ressemblance chérie ? […]Vous venez de parler à mes yeux ». Mais aussi quand il reçoit un message en réponse à sa « pressante invocation » : « Tu mettras un devoir à remplir et un espace considérable entre ta passion et toi ; les évènements t’éclaireront ». Ces deux exemples nous amènent à considérer la scène entière comme un évènement surnaturel. La pluie abondante s’abattant au-dessus d’Alvare pourrait ne pas être due au hasard, et la découverte du monument ne serait qu’une étape dans la prise de conscience que quelqu’un chercherait à provoquer chez Alvare.

C’est cette scène surnaturelle qui va décider de la suite du roman puisque c’est après ce message reçu par Alvare, qu’il se décide à partir pour l’Espagne retrouver sa mère, abandonnant Biondetta provisoirement. L’intrigue dépend donc du surnaturel, ce constat révèle que Le diable amoureux doit bel et bien être considéré comme un roman fantastique.

Jusqu’à cette scène, Alvare a énormément côtoyé le « monde » du surnaturel, ce qui aura la conséquence de lui faire perdre petit à petit le sens des réalités.

II) Alvare, un héros qui sombre dans la folie

1) Une normalisation des évènements surnaturels

Alvare subit tout au long du roman une succession d’événements surnaturels qui se succèdent. Cet enchaînement ininterrompu va faire oublier petit à petit que les péripéties qu’il affronte n’ont rien de naturel. Il imagine sans aucune remise en cause que sa mère peut effectivement lui parler à travers un monument se situant dans une église de Venise alors que celle-ci se trouve en Estramadure.

Il va divaguer encore un peu plus en parlant au monument qu’il prend pour une représentation de sa mère pour savoir ce qu’il doit faire en conséquence de l’avertissement qu’il aurait reçu de celle-ci : « parlez, ah ! parlez à mon cœur, et si je dois la bannir, enseignez-moi comment je pourrai faire sans qu’il m’en coûte la vie ».

Là où la normalisation prend tout son sens se trouve juste après : « En prononçant avec force cette pressante invocation, je m’étais prosterné la face contre terre, et j’attendais dans cette attitude la réponse que j’étais presque sûr de recevoir, tant j’étais enthousiasmé ». Le doute a complètement disparu de l’esprit d’Alvare, il donne l’impression de n’être séparé de sa mère que par le monument vers lequel il est tourné. Alvare considère comme rationnel de dialoguer avec sa mère par l’intermédiaire de ce monument.

Dans cette scène, Alvare s’érige désormais comme un initié du surnaturel. Ce nouveau statut semblerait lui attribuer des pouvoirs : « […] nous nous mettons dans le cas d’user de toutes les ressources de notre propre prudence. Je méritais d’être abandonné à la mienne, et voici ce qu’elle me suggéra : ‘’Tu mettras un devoir à remplir et un espace considérable entre ta passion et toi ; les évènements t’éclaireront’’ ». Il est clair que le héros perd le sens des réalités, les évènements inexplicables lui paraissent normaux. Il en vient à croire que son inconscient connaît l’avenir.

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