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Commentaire Composé Acte 2 Scène 5 l'École des Femmes, Molière

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Par   •  16 Octobre 2022  •  Commentaire de texte  •  1 319 Mots (6 Pages)  •  280 Vues

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Commentaire Composé de la scène 5 de l’acte 2 de l’École des Femmes de Molière :


L’École des Femmes est une comédie écrite par Molière en 1652. La scène étudiée est la cinquième du deuxième acte. Avant ces événements, Arnolphe, parti en voyage, revient auprès de sa pupille et apprend que cette-dernière a fréquenté un jeune homme durant son absence. Il décide ainsi de mener un interrogatoire implicite et explicite dans le but de lui extorquer des aveux. La scène est basée sur un quiproquo entre les deux personnages présents, Arnolphe et Agnès, jouant sur l’innocence de celle-ci. Il est intéressant de se questionner sur le comique de l’interrogatoire et du héros pathétique qu’est Arnolphe. Dans un premier temps, l’analyse abordera le caractère pathétique d’Arnolphe mettant en scène le comique ; puis, sera étudié l’interrogatoire et sa complexité.


Arnolphe prend dans cet extrait un caractère pathétique mais également comique.
Pour commencer, Arnolphe est présenté comme un héros acculé par les sentiments.
Arnolphe, s’adressant au public au moyen d’un aparté, utilise un champ lexical pathétique, en parlant d’un « fâcheux examen » (v.8) et clamant qu’il « souffre tout le mal » au neuvième vers. L’emploi de ces termes montre bien qu’il est en proie à des sentiments divers, notamment la souffrance qui revient régulièrement. Ici, le fait qu’il parle en aparté témoigne de son trouble, il ne sait comment réagir. En outre, la stichomythie du quinzième vers témoigne de l’urgence ressentie par Arnolphe notamment grâce au rythme grandement accéléré. Ceci amène également le spectateur à se rendre compte de la gêne éprouvée par les deux personnages, ce qui ramène au côté pathétique puisque le personnage principal de l’œuvre subit ce sentiment. Les très nombreuses aposiopèses ainsi que les interrogations et exclamations multiples du personnage comme lorsqu’il dit à Agnès « Plaît-il ? » (v.15) expriment à la fois l’empressement du personnage et à la fois son angoisse croissante qui se fait pressentir. Est observée ici une forte montée dramatique. De plus, l’utilisation à deux reprises d’interjections de stupeur et de stress que sont « Euh » (v.15) et « Ouf » (v.15), ainsi que l’emploi avec ces deux interjections d’une marque d’exclamation témoignent également de ce stress intense auquel il fait face par rapport au quiproquo s’installant dans la scène. De surcroît, l’intervention du registre tragique couplé au registre pathétique lorsqu’il parle d’un « mystère fatal » au vers 8 ou encore du fait qu’il « souffre en damné » au vers 21 témoigne de son ressenti d’oppression à la suite de sa forte exposition à des sentiments puissants au point d’être fatals et de le placer en damné.
En second lieu, il est présenté comme un héros comique.
Au huitième vers de cet extrait, le héros principal de la pièce emploi l’interjection « ô » , créant un fort décalage comique entre les deux personnages du dialogue. Ceci est renforcé par ce qu’Arnolphe pense et ce dont il est réellement question, il prend tout cela comme une douleur très profonde alors qu’il ne s’agit en réalité que d’une question de jalousie. Il faut aussi noter que l’interjection « ô » est très souvent utilisée dans les grandes tragédies, or là, cette scène est très loin des grandes tragédies comme Médée ou Phèdre.
Par ailleurs, l’opposition très marquée entre le sérieux d’Arnolphe, manifesté par des interrogations incessantes et l’enthousiasme innocent de sa pupille caractérisé par une description enfantine des manifestations physiques de l’amour crée un fort décalage, renforçant ici aussi le comique de la scène. Le comique de la scène repose en grande partie sur le quiproquo ayant lieu entre les deux personnages à propos du ruban que la jeune femme a offert à l’élu de son cœur. L’affolement du vieil homme, décelable grâce à ses nombreuses interjections et exclamations mais également via ses prises de parole très courtes, s’opposant au calme innocent et joyeux d’Agnès crée une rupture de taille entre les deux personnages, créant ici un fort comique de situation. Pour terminer, l’inexpérience d’Agnès, montrée tout au long de la scène notamment par une hyperbole, présentant un « amour sans seconde » au vers deux, par l’utilisation de l’adverbe de lieu « là-dedans » (v.6) ou encore par les utilisations répétées de l’adverbe d’intensité « tout » aux vers 5, 7 et 9 ; place un comique de caractère très fort puisque dans une scène très sérieuse comme celle-ci, un personnage aussi innocent et enfantin qu’elle figure, ce qui crée à nouveau une très forte rupture.
Cependant, le caractère pathétique n’est pas le seul point fort de la scène.

En effet, la complexité de l’interrogatoire mené par Arnolphe est également un élément clé de cet extrait.
La mise en place d’un réel interrogatoire va être centralisée pour débuter cette seconde partie de l’étude.
L’élément le plus visible de l’interrogatoire est l’utilisation de moyens détournés par le tuteur d’Agnès d’obtenir les aveux qu’il souhaite. Il y a par exemple la mise en œuvre d’une forme de faux désintéressement vis-à-vis de ce qu’il s’est passé entre Horace et sa pupille, notamment lorsqu’il emploie, au quatorzième vers, le terme « quelqu’autre chose » étant normalement un terme du lexique d’Agnès. Ici, il tente de parler à sa manière afin qu’elle lui fasse confiance et aie envie de lui avouer ses actes. Il tente de se détacher des questions qu’il pose. Cette procédure revient lorsqu’il lui demande s’il « ne [lui] faisait-il point […] » (v.11), il simule là encore son détachement tout en disculpant Agnès de la moindre faute en désignant Horace comme l’unique coupable. En outre, Arnolphe énonce clairement des termes appartenant au champ lexical de l’interrogatoire, comme lorsqu’il dit lui-même être un « examinateur » (v.9) ou lorsqu’il parle « d’examen ». Il exprime seul la façon dont il se décrit, et ce qu’il essaie de faire avec Agnès. Également, le personnage principal utilise à de très nombreuses reprises des interrogations, qu’elles soient explicites, implicités, directes ou indirectes. Il montre ainsi, avec ces questions, toute sa jalousie et sa crainte de voir sa promise commettre un adultère. Par exemple, il demande à Agnès s’il « n’a point pris quelque autre chose ? ».
Néanmoins, la complexité de l’interrogatoire se joue également dans l’opposition marquée entre Agnès et son tuteur.
La joie et la douleur s’opposent directement dans le récit, et ces deux éléments sont d’autant plus en confrontation que chacun des personnages caractérise une de ces émotions. Arnolphe, avec ses nombreuses références au registre pathétique représente la douleur, tandis qu’Agnès, amoureuse, est dépeinte comme joyeuse notamment lorsqu’elle décrit à son tuteur tout ce que l’amour lui fait ressentir, d’un ton joyeux. Cependant, il ne s’agit pas de la seule marque d’opposition entre les deux personnages. De fait, est observé un renversement total des rôles connus auparavant des caractères des deux personnages. Le vieil homme paraissait comme un dominant qui n’hésitait pas à faire respecter la moindre de ses envies à Agnès et, cette dernière, quant à elle, se montrait davantage comme une personne douce et innocente, n’osant s’opposer à celui qui l’avait élevée. Néanmoins, cette hiérarchie change du tout au tout durant ce dialogue puisque la jeune femme se met à contredire son tuteur, lorsqu’elle répond « si » (v.19) à la forme négative « non » prononcée par Arnolphe au même dix-neuvième vers. Dans ce même registre, lorsqu’Agnès emploie l’impératif en disant à Arnolphe de « jurer sa foi » au dix-septième vers, il est possible de voir cela comme un ordre, ce qui amène à conjecturer sur l’inversement de la hiérarchie entre les deux personnages.

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