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Commentaire, Phèdre, acte I, scène 3

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Par   •  5 Avril 2017  •  Commentaire de texte  •  1 144 Mots (5 Pages)  •  1 933 Vues

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Commentaire : Phèdre Acte 1 Sc 3

Lorsque Phèdre, la nouvelle tragédie de Racine, est représentée pour la première fois en janvier 1677, son auteur est au sommet de sa gloire. Ayant connu le succès grâce à des pièces telles que La Thébaïde, Andromaque, Britannicus ou Bérénice et après avoir été gratifié du mécénat de Louis XIV depuis plus de dix ans,  il se voit offrir en cette année 1677 la fonction de historiographe du monarque. Ainsi, dans cette dernière tragédie, remarquablement construite, Racine ressuscite, en la renouvelant, une légende déjà mise en scène par des auteurs de l’Antiquité. Phèdre, l’héroïne éponyme et épouse du roi d’Athènes Thésée, victime de la malédiction divine des descendants d’Hélios, est tombée éperdument amoureuse de son beau-fils Hippolyte. Ravagée par l’horreur de cette passion incestueuse, elle ne voit d’autre issue que de se laisser mourir. La scène 3 de l’acte 1 est un moment clé de la pièce car Phèdre apparaît pour la première fois sur scène. Après avoir avoué, à sa confidente Oenone, son amour illicite, elle reconstitue à travers une longue tirade, la naissance de cet amour. Comment Racine parvient-il à inspirer la terreur au spectateur à travers cette révélation émouvante de l’héroïne ?  C’est la question à laquelle nous tenterons de répondre en nous attardant d’abord sur le récit rétrospectif et émouvant que fournit cette tirade puis sur la passion destructrice qu’elle met en scène.

D’entrée de jeu nous pouvons remarquer que cette tirade qui répond à une question rhétorique d’Oenone, se présente comme un récit rétrospectif saisissant. Fortement pressée par sa confidente de dire la vérité, Phèdre a avoué son amour interdit, c’est-à-dire un amour adultère et incestueux tout à la fois, avec un grand embarras et une profonde honte. On remarque qu’à partir du vers 269, se met en place une narration assez vaste et structurée qui montre la lutte de l’héroïne, depuis son mariage, contre ce sentiment coupable. À travers la présence de la confidente à qui est destinée ce récit comme l’indiquent le nom propre « Oenone » v.297 et les pronoms et déterminants  de la 2e personne «  tes, t’, tu »  v. 311-314, le spectateur entend aussi toute l’horreur des passions dont il doit se libérer. Par ailleurs, l’indication temporelle «À peine » marquant l’immédiateté dans le début de ce récit oppose « l’hymen » v.270 (le mariage) et « le trouble » v. 274 (le désir) qui anéantit le bonheur en même temps que la fidélité. À partir de ce constat, la Reine évoque un passé douloureux en relatant les étapes de sa passion dans l’ordre chronologique : un coup de foudre associé à une malédiction v. 269-279, une lutte inutile par des moyens religieux pour détourner le destin v. 279-290, la stratégie de la fausse haine v. 291-300, la rechute accroissant le mal de Phèdre v.301-307 et finalement le désespoir, l’échec final et l’appel à la mort. L’alternance des temps du récit tels que  le plus-que-parfait « m’étais engagée » v.270, l’imparfait «  semblait » v. 271 et le passé-simple « vis, rougis, pâlis » v. 273 en rappelant les événements passés permet à Phèdre de témoigner de son impuissance devant cette passion irrésistible. En effet, la malédiction de Vénus tout en inscrivant la femme de Thésée dans la lignée des victimes de la fatalité, montre son absence de responsabilité et cherche à attirer la pitié du spectateur sur l’héroïne.

En effet, lors de cette scène d’aveu, Phèdre apparaît comme une femme désespérée et impuissante malgré toute la force et la détermination qu’elle a déployées pour résister à cette passion. Le spectateur ne peut qu’être profondément bouleversé et ému par cette femme victime de la fatalité. La multiplication et la diversité des actions entreprises afin d’apaiser la colère de Vénus « bâtis un temple », « pris soin de l’orner », « cherchais dans leur flancs », « brûlait l’encens » de même que les hyperboles « vœux assidus » v 279, « à toute heure entourée » v.281 démontrent cette détermination dans les actions pieuses. De plus, une succession de verbes au passé simple aux vers 292-295 « j’excitai mon courage », « j’affectai des chagrins » et « je pressai son exil » souligne la persévérance de Phèdre dans sa tentative de fuite mais l’expression hyperbolique « mes cris éternels » v.295 vient confirmer l’idée que tout est voué à l’échec et accroît ce sentiment de fatalité. L’inutilité de ces tentatives est suggérée à travers le champ lexical du doute « semblait » et « crus » et la répétition du mot vain v. 284  et 301. Le chiasme du vers 283 « D’un incurable amour remèdes impuissants ! » tout en confirmant l’échec de ces tentatives, mime l’enfermement de Phèdre dans cet amour. Le vers 301 « Vaines précautions ! Cruelle destinée !» sonne dès lors comme une sorte de cri, renforcé par les points d’exclamations, qui anéantit le soulagement et réactive la souffrance. Il ne reste qu’une solution, celle qui est symbolisée par le dernier verbe  « s’exhaler » car « une flamme si noire » ne peut qu’être destructrice.

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