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Commentaire Bernanos

Commentaire de texte : Commentaire Bernanos. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  8 Février 2016  •  Commentaire de texte  •  1 832 Mots (8 Pages)  •  612 Vues

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Introduction :

En 1936 la guerre d’Espagne éclate. Prélude d’une guerre totale, elle oppose les républicains et les franquistes. Ainsi, lorsqu’il publie en 1938 Les Grands Cimetières sous la lune, Bernanos auteur chrétien, se trouve à Majorque.  C’est un grand voyageur. Il est le témoin en Espagne des crimes auxquels se livrent les milices francistes. De cette vision  barbare de la guerre va naître cet ouvrage polémique et pamphlétaire, dans lequel il dénonce, les violences de la guerre civile espagnole, et lui, le monarchiste, soutient les républicains humiliés. Il manifeste aussi sa condamnation d’une société marquée par l’injustice et l’égoïsme, ou des êtres purs luttent contre la dégradation morale. L’extrait que nous allons étudier est la préface de cette même œuvre de Bernanos. Cette dernière est clairement une réflexion sur sa mission, sur sa vocation : Faire entendre ce qui ne peut s’écrire. Il en appelle, en même temps à l’honneur des hommes. Mais de quelles manières l’écriture de Georges Bernanos mêle-t-elle à la fois polémique et poétique dans cette préface ? De part une tonalité lyrique, prenant en compte la réflexion de l’écrivain sur lui-même, ainsi que l’exaltation de l’esprit d’enfant. Puis, de part une polémique lié au désespoir, dans laquelle nous pouvons constater l’accablement de l’auteur face à l’homme adulte, ainsi que la persuasion par le discours oratoire.

Le lyrisme s’ouvrira parfois à une inspiration humanitaire, exprimant tantôt une interrogation pathétique sur le destin de l’humanité, tantôt une foi enthousiaste dans l’avenir.
On constatera qu’ici la préface à une prédominance à la subjectivité. Elle est tout d’abord écrite à la première personne du singulier, représentant Georges Bernanos omniprésent dans son récit. D’ailleurs, on remarque une abondance du pronom personnel « je » (Ligne 1, ligne 4, ligne 8 etc…). Cet extrait est subjectif tout simplement parce qu’il raconte sa vie, évoque son enfance, nous avons presque ici une confession, on entre dans son intimité, avec l’évocation de ses enfants et de sa femme notamment (Ligne 16). Le vocabulaire affectif, peut être considérer comme un indice de subjectivité. Ici par exemple, ligne 21 « J’endure » « si odieux » « l’incessant outrage est le sel de ma vie » « j’accourais » « j’ai perdu » « me harasse ». Ces indices révèlent en partie les sentiments, l’opinion de l’auteur. Nous avons ici affaire à une sorte de confession de la part de Bernanos, dans laquelle il tente d’être le plus modeste possible. Cette idée est ressentie ligne 17 « J’endure même humblement le ridicule de n’avoir encore que barbouillé d’encre cette face de l’injustice dont l’incessant outrage est le sel de ma vie » cette phrase, est la phrase exprimant au mieux la confession, de façon modeste, il se livre, avoue le ridicule de son action, en définissant l’action d’écrire de manière péjoratif. Cela intensifie le dédain qu’il a pour l’écriture. Il se confesse, médite et réfléchit sur lui-même, sur sa situation d’écrivain. Il dira à deux reprises qu’il n’est pas écrivain : Ligne 1 « Je ne suis pas un écrivain » ligne 15 « non je ne suis pas un écrivain… » Ces deux expressions négatives, renvoient à une négation même de la profession, on ressent en cela une certaine distance avec le métier qu’il exerce. Mais ces trois points de suspension laissent eux, planer un doute. Et pour cause, « La seule vue d’une feuille de papier blanc ma harasse l’âme », une action anodine provoque un lui un sentiment extrême : ca l’épuise, le brise, l’exténue.  Mais cette négation semble totalement paradoxale, puisqu’il écrit, et d’ailleurs il répète à plusieurs reprises « J’écris » (Ligne 7, ligne 12). Il semble en réalité rejeté l’écriture. Cette impression est accentué par l’expression utilisée ligne 3, « qu’impose un tel travail » l’écriture n’est plus en soi en acte de plaisir mais devient ici, pour lui, une sorte de charge. D’ailleurs « je l’évite tant que je puis » ce travail « odieux » (ligne 3), ce lexique péjoratif intensifie cette lourde charge suscitant en lui dégoût et haine. Nous avons clairement ici, une véritable réflexion sur l’écrivain lui-même : Le travail d’écriture, ou plutôt de non-écriture est à mettre en relation avec le fait qu’il est impuissant en fait face aux horreurs de la guerre, avec un tel métier. En se rendant compte des horreurs de la répression antirépublicaine, Bernanos se sent inutile. Mais malgré tout, la routine peu à peu s’installe, l’anaphore de l’expression « J’écris dans les cafés. » (Ligne 4), « J’écris sur les tables des cafés » (Ligne 7), et « J’écris dans les salles de café », semble ancrer le lieu d’énonciation : Les cafés. De plus l’anaphore pointe ici du doigt l’action d’écrire qui est finalement récurrente contrairement à ce que clame l’auteur. Cette répétition du quotidien, semble renforcer par l’expression « J’avale à longueur d’années ces cafés-crèmes douceâtres. » (Ligne 6) : L’écho sonore que créer l’assonance « année/cafés » renforce l’ancrage dans le temps, dans une routine. A longueur de temps et d’années, ces cafés sont devenus fadasse, plat, tout comme sans doute sa passion pour l’écriture, qui semble ne plus en être une aujourd’hui.

Exaltation de l’esprit d’enfance :

Le monde de l’enfance à dans cette préface une très grande place. On remarque cela grâce au champ lexical « Mon enfance » (L.26/ L.28) « le petit garçon » (L.32) « l’enfance » (L.36) « enfants » (L.42) omniprésent durant tout le second paragraphe de l’extrait. L’enfance est d’ailleurs un thème évangélique, Bernanos fera souvent écho à une parole du Christ « Si vous ne devenez pas comme des enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux ». On constate, qui plus est la présence de la religion, du christianisme. L’auteur oppose ici l’enfance et l’adolescence, selon lui ce dernier « étend ses ombres », l’adolescence est liée à l’idée de la souillure, alors qu’au contraire l’enfance fait allusion à la pureté, et est allié à l’idée de lumière, de blancheur. L’enfance semble lié à l’imaginaire, à l’indétermination : Bernanos semble s’adresser au lecteur, mais pas seulement, « Compagnons inconnus, vieux frères » (L.22) on remarque ici une indétermination, on n’apprend rien sur l’identité de ces personnages, la seule chose que l’on peut constater c’est qu’ils ont une connotation affective. A de nombreuses reprises ils utilisent des apostrophes, semblant plus ou moins affectives « Malins » (L.9), « Troupe fourbue, troupe harassé » (L.23), « Ô regards » (L.25) etc…Tout ce lexique de l’affectivité, évoque le souvenir de son enfance, de son imaginaire, et de sa vision d’enfant. On ressent l’admiration qu’il portait, étant enfant, à ces hommes inconnus « Mon enfance n’appartenait qu’à vous » (L.28), il semblait ne vivre que pour ca, que pour eux « Tels que mon enfance vous a rêvés » (L.26), tel le héros d’un petit garçon ils étaient. Une idéalisation et une exaltation totale, jusqu’à ce que l’adolescence s’en mêle, amenant ainsi colère et désespoir : « J’ai perdu vos traces, à l’heure ou l’adolescence étend ses ombres », cette personnification renforce l’idée de changement négatif de la personne, de mutation de la pureté vers la noirceur, de l’enfant vers l’adolescent.  Le lyrisme est intensifié ici par les exclamations récurrentes « Se mêler au sang du cœur ! » (L.31), « N’importe ! » (L.38), « Dédaignent l’écriture ! » (L.40) On ressent au fil du paragraphe d’abord la douceur de l’enfant, puis petit à petit la colère de l’homme adulte. Pour Bernanos, le deuil de son enfance et de son innocence jouent un rôle important de sa personnalité, à ses personnages.

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