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Commentaire Composé sur un extrait de Monsieur Ouine de Bernanos

Commentaire de texte : Commentaire Composé sur un extrait de Monsieur Ouine de Bernanos. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  22 Décembre 2022  •  Commentaire de texte  •  1 728 Mots (7 Pages)  •  264 Vues

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Même si l’influence de la religion déclinait depuis la fin du XIXème, on notera l’existence d’un fort courant chrétien au tournant du siècle avec des écrivains comme Claudel, Anna de Noailles, Jammes, et surtout Bernanos (1888-1948). Ce dernier tard venu à la littérature fit une carrière très brève mais éclatante dès la parution de sous le soleil de Satan (1926). Son oeuvre entière répondait à un ardent désir d’absolu religieux qui lui faisait débusquer la toute puissance du Malin derrière le masque des apparences. L’oeuvre précise dont est tiré le texte s’intitule Monsieur Ouine, roman souvent interrompu dont une certaine critique dit qu’il fut son summum. Faux roman policier (mort d’un vacher), vrai roman spirituel où un village damné : Fenouille semble sous l’emprise du diable incarné par un gentil professeur à la retraite : Monsieur Ouine. De cette demande eschatologique (recherche du salut) tragique, nul ne sortira vivant, les hommes étant trop faibles ce qui nous donne une juste idée du pessimisme de Bernanos. Mais la route ici présente est le meilleur symbole de cette quête de sens éternelle chez l’homme. Cette route « source d’espérance » pourrait arracher l’homme de « l’accablante fertilité de la terre » pour le mener à Dieu. Mais nous verrons au fur et à mesure de notre étude que ce n'est que faux espoirs masqués par l'image salvatrice du Paradis. Ce qui va nous intéresser particulièrement sont les apparences (universalité de la route, célébration de la religion et de la vie), opposées à la réalité (tentatives d'échapper à la peur de la mort et le mépris hypocrite de la vie).

Dès les premières lignes nous sommes inondés d'enthousiasme. Trois phrase courtes s'enchainent, donnant un rythme que l'on suivra tout au long de la lecture. Toutes se terminent par un point d'exclamation et rayonnent de bonheur dans le lexique utilisé: "belle", "chère", "amie", "promesse immense" (1). Promesse de quoi au juste? D'un Paradis. Par ailleurs ces deux derniers mots sont mis en relief, car ils suivent la structure nom-adjectif, alors que les six mots précédents étaient tous rangés dans l'ordre adjectif-nom. Le plus important serait donc la promesse du Paradis et non le Paradis lui-même. Une promesse que l'homme se fait à soi pour ne pas succomber au désespoir que la menace de l'Enfer procure. Et le champ lexical de l'humain nous suit de près dans la phrase suivante: "l'homme", "mains" (1), "pouce", "cœur" (2). L'homme oublie tout de même qu'il est l'élément central à la fin de la phrase avec le verbe croire. "croit en elle" (3). Tout se passe comme prévu: il utilisera le haut de son corps pour créer une belle route en laquelle il fera confiance, s'oubliera, et utilisera le bas de son corps pour marcher ("sous ses pas" (3-4)), allant donc du haut vers le bas. L'homme descends dès qu'il oublie comment il a put monter à son propre niveau. Et cela ne vaut pas que pour la recherche de sens. L'oubli est frein à tout progrès. Ce n'est qu'un outils qui rends la vie plus facile à vivre et à mourir, qui élimine la souffrance mentale de trop. Une des actions nécessaires à l'oubli est le lavage de cerveau. Il faut être dans le déni et la contradiction totales de la réalité, d'où l'abondance d'adjectifs forts et positifs: "vertigineuse", "immense" (1), "suprême", "unique" (3), "fabuleuse", "sublime" (4), "magnifique" (5), "magique" (6); d'où l'abondance extrême de mots reliés à la vie ou à la foi tel "déroulement sans fin", "miracle", "arche lancée sur l'azur" (4). Une grande partie de l'extrait se base sur des énumérations, des gradations et des amplifications; "de ses mains, pouce à pouce, fouillée jusqu'au cœur, jusqu'à son cœur de pierre, puis enfin polie, caressée" (1-2); "là, sous ses yeux, sous ses pas" (3-4); "brèche fabuleuse, déroulement sans fin, miracle de solitude et d'évasion, sublime arche" (4); "la grande chance, la chance suprême, la chance unique" (3). L'insistance sur le mot "chance" par l'anaphore célèbre la route une fois de plus; et son élévation à un niveau encore supérieur par les adjectifs associés rend encore plus efficace le déni de la réalité.

Néanmoins, nous trouvons plus loin le champ lexical de la mort majoritairement concentré en une seule phrase: "arraché", "accablante", "hideuse", "nu", "stérile" (6), "abandonné", "mort", "misérable" (7). Dans cette avant dernière phrase l'auteur nous menace presque de l'horreur qu'est la vie sur terre menant vers la mort... Contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce champ lexical sert au même but que les procédés précédents: célébrer. La quantité de mots est inférieure, il n'y a donc aucun doute sur la hiérarchie explicite entre la vie et la mort. En outre il créé un contraste avec le reste du vocabulaire, beau et positif.

Cette route se veut universelle. Tout d'abord par le temps utilisé, c'est à dire le présent de vérité générale qui lui donne l'intemporalité. Ensuite par les pronoms personnels employés, qui se limitent à "elle" ou "il" qui lui donnent l'absence d'identité précise. Enfin par les thèmes abordés, connus de chaque personne capable de lire: tout lecteur est en vie, tout lecteur mourra et en a peur dans une certaine mesure, tout lecteur subira un futur favorable et défavorable, comme le Paradis et l'Enfer, et la promesse que l'on s'en

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