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Bartleby et compagnie de Enrique Vila-Matas

Dissertation : Bartleby et compagnie de Enrique Vila-Matas. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  27 Février 2019  •  Dissertation  •  4 096 Mots (17 Pages)  •  480 Vues

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BOURBE                                                                                                                                29/01/19

Tumai                                                                                                                            Lettres & arts 3

Littérature comparée

Enrique Vila-Matas, Bartleby et compagnie

(2001)

« La gloire de certains hommes consiste à bien écrire ; pour d'autres, cela consiste à ne pas écrire. » (Jean DE LA BRUYERE)[1]

Introduction :

Enrique Vila-Matas, né le 31 mars 1948 à Barcelone, se passionne le plus souvent pour les écrivains qui n'écrivent pas ou plus. Écrivain postmoderne, il est à la fois romancier et essayiste espagnol. Dans son roman intitulé Bartleby et compagnie paru en 2001, Enrique Vila-Matas reprend un thème bien connu dans la littérature : les livres non lus voire inaccessibles aux lecteurs puisqu'ils n'ont pas été publiés. Bartleby et compagnie est un roman sur les livres inexistants qui fascinent et révèlent l'histoire de la littérature. Dans le titre de l'œuvre, l'écrivain nous dévoile une référence intertextuelle qui renvoie au personnage de Bartleby, issu d'une nouvelle de Herman Melville[2]. Ce personnage est connu pour sa façon de refuser toute action notamment par cette fameuse phrase « I would prefer not to » qui signifie «  Je préférerai ne pas ». Le personnage de Bartleby est devenu une figure en quelque sorte symbolique, et surtout synonyme de refus et de renoncement. De fait, cette attitude négative manifestée dans la littérature est justement ce qui intéresse le narrateur du roman de Enrique Vila-Matas.  Dans ce roman, vingt-cinq ans après l'échec de son premier roman sur l'impossibilité de l'amour, un commis aux écritures, désintéressé par son travail, se lance dans un projet plutôt étrange et entreprend une sorte d'enquête sur le phénomène de la négation en littérature. Fasciné par les œuvres qui n'ont jamais été créées, il cherche les raisons pour lesquelles les écrivains comme Rimbaud, Kafka ou encore bien d'autres ont renoncé un jour à écrire.

Pour mieux comprendre l’œuvre d'Enrique Vila-Matas nous étudierons tout d'abord ce qui fait l'originalité de ce roman puis nous verrons le refus de l'écriture à travers la figure de Bartleby ; enfin nous expliquerons l'écriture « vilamatassienne »[3]

  1. L'originalité de l’œuvre
  1. Un roman sans texte

Bartleby et compagnie est un roman très original en raison de l'absence totale du texte. Ainsi nous pouvons dire que ce  roman traitant de la littérature négative est présenté sous forme de notes de bas de pages, comme nous l'indique le narrateur dès les premières pages du livre, qui ont pour but de commenter en quelque sorte un texte dit « invisible ». Ces notes de bas de pages sont numérotées de 1 à 86 et constituent le seul corpus du roman sans texte. Dans ce labyrinthe de notes, le narrateur nous fait part d'un éventail de références littéraires par ses nombreuses allusions aux écrivains. Tout au long de ce que j'appellerais « un journal de bord », le narrateur nous montre la richesse des connaissances historiques sur la littérature d'Enrique Vila-Matas. De plus, on remarque que l'intrigue est quasi nulle et l'histoire du narrateur est à peine évoquée dans les premières pages du roman : il explique qu'après l'échec du roman publié dans sa jeunesse, il s'adonne au travail de copiste dont il n'est pas satisfait et présente son intérêt pour la littérature  négative. Le narrateur, ayant une vie assez monotone, nous raconte son souvenir avec Maria Lima Mendes, fille exceptionnelle dont il était amoureux mais surtout écrivaine râtée tout comme lui. Dans ce roman sans texte, le narrateur relate toutes les étapes de sa quête au sujet du renoncement de l'écriture.

2) Une narration trompeuse

La narration dans l’œuvre de Enrique Vila-Matas peut porter à confusion et induire le lecteur en erreur. Bien que la narration soit faite à la première personne, elle ne ressemble qu'en apparence à un récit autobiographique. Or, ce qu'on peut qualifier de pseudo-roman de Vila-Matas est un texte « hybride »[4] c'est-à-dire que les nombreuses références et remarques du narrateur évoquées dans l’œuvre, ont tendance à tromper le lecteur. Il y a à la fois des éléments fictifs et des références plutôt théoriques qui s'entremêlent dans ce roman. Les annotations mais aussi les nombreuses remarques du narrateur sont entrecoupées de citations et d'allusions littéraires mais aussi de commentaires critiques et de réflexions personnelles d'écrivains aussi négatifs. L'écriture de Vila-Matas se positionne entre la fiction et la réalité voire entre la vie et l'écriture.

L'originalité, donc, de l'auteur espagnol réside notamment dans la représentation ou l'évocation du vide et le non-dit. C’est-à-dire toutes les œuvres silencieuses qui n'ont jamais été abordées.

  1. Un narrateur qui s'abstient laissant place à la littérature

En réalité, au sein du texte, on remarque que le narrateur s'abstient de s'exprimer, comme un vrai Bartleby. Dans la majorité de l’œuvre, il cède la parole aux écrivains comme par exemple: « Rulfo avait coutume de répondre »[5] ou encore « Je m'habituais – écrit Rimbaud »[6]

Même s'il nous montre son extrême érudition ainsi que ses connaissances sur la littérature, il a tendance à s'effacer. On remarque que la voix de l'auteur se fait entendre mais sans pour autant être omniprésente dans le texte.

Il écrit :

« Je ne suis qu'une voix écrite, presque sans vie privée ni publique, je suis une voix qui lance des mots, des mots qui, fragment après fragment, énoncent la longue histoire de l'ombre de Bartleby planant sur les littératures contemporaines (…) je ne suis que flux discursif (…) Je laisse dire, mes mots, mes mots qui ne sont pas de moi, moi, ce mot qu'ils disent, mais qu'ils disent en vain (…) il n'y a que trois choses dans ma vie : l'impossibilité d'écrire, la possibilité de le faire, et la solitude, physique bien sûr, qui m'aide pour l'instant à tenir le coup. »[7]

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