Andromaque, Jean Racine

Corneille écrivit en 1660 «la dignité [de la tragédie] demande quelque grand intérêt d'Etat, ou quelque passion plus noble et plus mâle que l'amour, telles que sont l'ambition ou la vengeance. […] Il est à propos d'y mêler l'amour, parce qu’il a toujours beaucoup d'agrément […] mais il faut se contenter du second rang.» Pourtant, avec Andromaque qu'il écrit en 1667, Racine réussit une tragédie de la passion amoureuse sans rien de la mièvrerie que redoutait Corneille. Si la vengeance y occupe une place centrale et que l'intérêt d'Etat y est bien présent, c'est l'amour qui, dans cette tragédie, est au premier plan.

     C'est ainsi la passion amoureuse qui pousse Pyrrhus, dans la scène 4 de l'acte I, et à réaffirmer ses sentiments à sa captive Andromaque et à lui offrir de protéger son fils réclamé par les Grecs. Andromaque, le personnage éponyme de la pièce, apparaît pour la première fois au lecteur et Racine nous la présente à l'aide d'un dialogue argumentatif entre elle et son maître, Pyrrhus.

     Comment Racine dépeint-il Andromaque lors de sa première apparition ? Tout d'abord comme une femme suscitant la passion de Pyrrhus puis une femme privée de libertés et enfin une femme forte qui maîtrise la réthorique.

        Raymond Picard écrit au sujet de la tragédie de Racine Andromaque «le héros comprend qu'il ne dispose plus de soi et il renonce à sa liberté». Les personnages de la pièce sont en effet mus par des passions violentes et parfois contradictoires qui semblent les dépasser et leur ôter tout libre-arbitre. La fatalité ne vient pas d'en haut, les forces supérieurs avec lesquelles les personnages se débattent viennent de leur passions.

     C'est ainsi qu'à la scène 1 de l'acte V, alors qu'Hermione a appris que Pyrrhus allait épouser Andromaque, la délaissant et lui préférant sa captive. Seule sur scène, Hermione laisse éclater sa douleur, se débattant avec ses passions contraires : l'amour qu'elle porte à Pyrrhus et sa soif de vengeance. A travers un monologue délibératif, Racine nous donne à voir et à entendre la violence des passions qui agitent ses personnages et les poussent à leur perte.

     En quoi le monologue d'Hermione révèle-t-il son conflit intérieur ? Tout d'abord, le monologue est délibératif et Hermione exprime le conflit qui la déchire puis le monologue souligne la force des passions qui habitent Hermione.

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