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Analyse stylistique BALZAC – Ferragus (p112/113)

Dissertation : Analyse stylistique BALZAC – Ferragus (p112/113). Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  18 Mars 2021  •  Dissertation  •  3 044 Mots (13 Pages)  •  562 Vues

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HAREL Clémence

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BALZAC – Ferragus (p112/113)

        Ferragus apparaît d’abord en 1833 dans la Revue de Paris avant d’être publié dans Les études de mœurs de La comédie humaine. Les thèmes abordés par Balzac rappelle le processus d’industrialisation qui se met en place en France surtout au cours des années 1840 en France avec l’expansion du réseaux ferroviaires. Nous avons donc affaire dans cet extrait à ses prémices que l’auteur commente de très près. Le texte sous son aspect de récit descriptif développe en effet de nombreuses remarques concernant cette ardeur pour ces nouvelles ambitions industrielles et ne manque pas de poser le regard sur les comportements et les mœurs des habitants de la ville. Le passage proposé à notre étude prend place aux pages 112 et 113 de l’œuvre au moment ou le narrateur semble poser encore les bases de son roman en présentant Paris. Balzac choisi de raconter les multiples fantaisies dont est éprise la ville qui apparaît être en transition perpétuelle avant de se recentrer plus particulièrement sur les habitants de cette ville témoin d’un accident lié à cette frénésie des travaux.  Le passage a tout d’un discours argumentatif en émettant une série de jugements si ce n’est une rhétorique satirique. Dès lors, comment Balzac à travers un récit narratif, rend t-il compte de la vie de Paris, de ses habitants et de leurs manies à travers de multiples procédés pouvant faire office de rhétorique satirique contre la société de son temps ? Il s’agira donc d’examiner d’abord l’écriture narrative de ce passage avant de montrer comment la construction syntaxique et les procédés littéraires mis en œuvre illustrent l’activité de la ville et ses manies. Enfin, nous examinerons la portée satirique d’un narrateur derrière lequel on sent poindre l’écrivain attaché à rendre compte avec une ambition réaliste réaliste des mœurs de la société de son époque.

        Balzac met en place différents choix d’écriture servant l’argumentation de son texte et la critique qu’il souhaite faire. Effectivement, le passage proposé à notre étude s’organise en trois mouvements. Le premier restituant la folie de la construction de Paris en perpétuel transition « En ce temps-là (…) ses manies d’un jour » (l.1à10). Le second s’attarde sur cette même frénésie en resserrant le cadre d’une manière plus précise sur les habitants « En ce moment donc » (…) dans les cris des massons » (l.10à16). Enfin, le troisième et dernier mouvement restitue en détail l’accident de voiture du baron de Maulincour avec les maçons en plein travail sur des échafauds ainsi que les réactions que celui ci suscite de la part de la foule à proximité : « Or, à douze pas de l’hôtel Maulincour (…) les journaux le rapportèrent » (l.16à27). Balzac fait donc le choix d’une narration allant du plus grand au plus petit, cette progression thématique opérant un resserrement de la perspective.

Précisons également que ce passage est un récit, il n’y a pas de discours. En effet, la narration est faite à la troisième personne et l’utilisation de l’imparfait et du passé simple sont des indices. La source énonciative des évènements est effacée, les évènements semblent se raconter aux même. Ceci permet à Balzac de prendre du recul par rapport à la critique qu’il est en train de faire, il ne la fait pas de manière direct et frontale mais plutôt avec subtilité, la narration d’un récit littéraire ajoutant un plaisir de lecture. D’autre part, le narrateur est un narrateur omniscient extradiégétique, c’est à dire qu’il est le narrateur premier, il est anonyme et possède un savoir très étendu. Il peut donc multiplier les remarques sans soucis.

Enfin, le temps de la narration qui se mesure en ligne est différent du temps de l’histoire, c’est à dire le temps de la fiction, plusieurs temporalités se superposent notamment dans le premier mouvement du texte, comme le montrent les différents indicateurs temporels très présent dans le texte : « En ce temps-là » « tantôt » « puis » « quelques jours après » « un jour » « hier » « aujourd’hui » « demain » « En ce moment » « Le lendemain ». Ces derniers permettent de dessiner une structure chronologique. On note aussi que la première et la seconde partie s’apparente à une pause descriptive, parfois même discursive avec des commentaires du narrateur. De cette façon, celui ci pose le cadre de son observation, le lecteur comprend d’emblée à quoi il a affaire, une ville éprise d’une frénésie de la construction presque maladive et qui porte à sourire. Les commentaires du narrateur sont assez repérables puisque certaines phrases apparaissent différentes syntaxiquement ou grammaticalement, soit parce qu’elles font suite à une phrase possédant un verbe qui n’ai pas conjugué au même temps soit parce qu’elles sont simples, elles sortent du lot et se placent d’ailleurs de façon disséminées, en début ou en fin de mouvement, comme si celles ci concernées l’avis du narrateur venant un introduire ou conclure ses propos : « Si Paris est un monstre, il est assurément la plus maniaque des monstres » (l.1/2) après une phrase à l’imparfait au début du premier mouvement ; « Il a ses manies pour le mois, pour la saison, pour l’année, comme ses manies d’un jour » (l.9/10) phrase simple à la fin du premier mouvement ; « on ne sait quoi encore » (l.11) au présent dans une phrase qui commence à l’imparfait ; « Il y a quelque chose de maritime dans ces mats, dans ces échelles, dans ces cordages, dans ces cris des maçons » phrase simple à la fin du second mouvement. Finalement, c’est le troisième mouvement qui s’apparente le plus à une scène puisqu’il ne semble pas y avoir de différence entre le temps de la narration et le temps de l’action, le narrateur restitue toute la durée de l’action, donnant d’avantage une vision à ambition réaliste.

        L’auteur met en place une construction syntaxique particulière et des procédés littéraires spécifiques pour illustrer l’activité de la ville et ses manies, ceci servant l’argumentation de son texte et sa critique.

Dans le premier mouvement du texte, les verbes sont essentiellement au présent. On a affaire à un présent de description, de caractérisation qui nous décrit la folie de Paris dans la construction. Ce présent intervient à la suite de la toute première phrase du texte, elle à l’imparfait, ainsi il prend donc une valeur presque d’énallage, historique, de narration, dans le sens ou il remplace presque un temps du passé dans le premier mouvement. Ceci est renforcé par l’expression « en ce temps-là » sous entendant un temps passé. A l’inverse, les verbes sont à l’imparfait et au passé simple dans le second mouvement alors que celui ci est introduit par un indicateur de temps présent « en ce moment ». De même dans le troisième mouvement alors que l’indicateur de temps est futur « le lendemain ». La chronologie temporel est flou, les temps s’entremêle comme s’il n’y avait ni début ni fin à cette frénésie. D’ailleurs, on note que les temps des verbes sont influencés par les indicateurs temporels.

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