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Analyse du roman: Eugénie Grandet de Honoré de Balzac

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Par   •  1 Mars 2013  •  556 Mots (3 Pages)  •  2 817 Vues

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Analyse

Intérêt de l’action

Ce roman épuré a un déroulement très simple. Dans la vie grise d’Eugénie, l’événement passe au second plan, c’est le temps qui fait tout. La composition, théâtrale par certains côtés, fait alterner les masses descriptives et les grandes scènes. L’exposition est la description de l’unique lieu de l’action, Saumur, et de la maison, la mise en place des personnages et du premier grand ressort, l’argent (jusqu’à la page 49). Un récit au passé simple, en scènes suivies, qui va jusqu’à la page 188, s’étend sur cinq jours (arrivée de Charles, naissance de l’amour, deuxième grand ressort, fiançailles, départ). Puis intervient la description d’une vie qui reprend comme par le passé.

La tragédie surgit le 1er janvier 1822, lorsqu’Eugénie affronte son père dans la scène des douzains, lutte qui se dénoue dans la réclusion. Elle cède l’héritage de sa mère morte à Grandet, dont c’est le dernier succès avant sa paralysie et sa mort (page 234) qui clôt définitivement leur affrontement.

Le temps s’écoule lentement, tout chargé d’attente et, brusquement, en août 1827 (page 249), l’espoir s’écroule : Charles se marie. C’est alors la vie privée de sens, le mariage blanc avec Cruchot, l’existence, grise malgré l’or, et toujours asphyxiée par les mêmes rites.

C’est une tragédie dont les éléments sont un huis-clos, où il y a peu de personnages, deux en somme, une crise, avec l’intrusion d’un personnage extérieur, une lutte dont les acteurs représentent les grandes forces qui font aller le monde, l’amour et l’argent, terminée par une défaite qui élève la victime, mais dans la douleur et la tristesse : «une tragédie, sans poison… mais relativement aux acteurs, plus cruelle que tous les drames accomplis dans l’illustre famille des Atrides» (page 191).

L’histoire est bien plate, si l’on s’en tient aux événements. Mais la dimension tragique vient de la description, qui n’est pas seulement réaliste ; dans sa lenteur explosive, elle devient un ressort de l’action. La description de la maison, des rites et des objets clefs, est très précise, donne au moindre détail un prix exceptionnel. En effet, on peut suivre le rôle de chaque objet à travers le livre : le sucrier (pages 94, 255) ; le petit banc (pages 178, 211, 216, 249) ; les cadeaux échangés qui cristallisent l’intrigue (par leur nature même : or et amour) ; le douzain (pages 33, 150 [elle le donne], 191 [son père le réclame]) ; la toilette d’or (pages 50, 113, 164 [Charles la confie à Eugénie], page 222 [Grandet y porte la main], page 234 [Charles la réclame], page 265 [Cruchot la rend]). La répétition (les rites du dîner et le jeu de loto par exemple) scande l’action. Enfin le redoublement des portraits est remarquable : celui d’Eugénie qui est retardé (pages 76, 189) où elle est transformée par l’amour (page 269 : une sainte) ; celui de Grandet (page 17-18 : « un homme de bronze », page 232 : « Harpagon ») ; celui de Nanon (page 28 : «le grenadier», p. 236 : une «femme éclatante»). En fonction du principe du double portrait avant-après que Proust, admirateur de Balzac, reprit dans “Le temps retrouvé”, il apparaît bien que les êtres subissent l’affreuse corruption du temps. Il est rendu manifeste,

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