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Analyse du Portrait du Joueur de Philippe Sollers

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Par   •  17 Mars 2022  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 801 Mots (12 Pages)  •  297 Vues

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Rita BARRY                         Le Portrait du Joueur, Philippe Sollers                        15/12/2021

Séminaire : Romans et récits depuis 1980 par Bruno Blanckeman

        Le portrait du joueur est un roman de Philippe Sollers paru en 1984 chez Gallimard. Le récit est fait par un narrateur à la première personne, où le narrateur interne, Philippe Diamant retourne à Bordeaux, sa ville natale pour se rendre chez Laure, sa sœur à qui il a demandé de lui garder de mystérieuses malles, deux malles qui contiendraient de nombreux souvenirs d’enfance. Dès les premières pages et la quatrième de couverture, le supposé suicide à venir du narrateur tient le lecteur en haleine, mais rapidement, on remarque que le récit n’avance pas, il n’y a pas de « story » comme Sollers aime appeller cela dans son roman. Le roman prend fin par la retraite littéraire du narrateur à Venise. Ce qui laisse le lecteur curieux est surtout de lire ce fameux portrait, de connaître ce joueur éponyme du roman. Tout au long de sa lecture, le lecteur est emmené en voyage dans l’univers du narrateur et en devient son invité, son confident à qui il expose ses diverses opinions entre autres concernant la littérature. Le narrateur raconte ses anecdotes personnelles et professionnelles, et aussi de manière particulièrement vive, ses expériences sexuelles ainsi que sa vision controversée de la pornographie.

De quelle manière, Philippe Sollers réussit-il à faire de ce portrait un véritable terrain de jeux ?

I. Un roman qui se veut autobiographique

        L’auteur Philippe Sollers a pour volonté littéraire de répondre à la question « Qui suis-je ». En effet, tout au long de sa carrière littéraire, Philippe Sollers s’est montré sous plusieurs angles différents, il s’est ouvert de diverses manières à ses lecteurs et nous a montré plusieurs images de lui-même. Philippe Sollers semble avoir pour projet de nous faire part d’une autobiographie totale. Dans ce roman, il affirme que tout ce qui s’y trouve est vrai : p.166 « Allons, allons, vous êtes troublés. Vous sentez que vous êtes pour une fois en train de lire un roman où tout est vrai. Des scènes de ce genre ne s’inventent pas. ». On remarque qu’il tient à souligner la véracité du contenu de son roman parce que cela a souvent été remis en cause – notamment les épisodes épistolaires pornographique -  Ainsi, il interpelle directement au lecteur et crée une certaine confiance. Le narrateur s’adresse à son lecteur par la deuxième personne et utilise un je. Tout le récit est fait à la première personne, ce qui renforce le caractère autobiographique du récit. En effet, le je et le moi sont particulièrement importants pour Sollers : c’est ce je qui joue dans ce roman. C’est son seul et unique point de vue qui est donné tout au long de ces bribes anecdotiques qui nous partagées par le narrateur.

        « Tout est vrai », réellement ? La question se pose. Lorsqu’on lit une autobiographie, on s’attend à ce que le narrateur soit l’auteur lui-même. Mais dès les premières pages, le narrateur se présente comme étant Philippe Diamant et non Philippe Joyaux - qui est le vrai nom de Sollers. C’est pour cela que certains parlent du Portrait du Joueur comme d’une autofiction. Néanmoins, on remarque que le narrateur s’attribue un nom qui se rapproche étymologiquement du véritable nom de l’auteur. De plus, le narrateur, à la page 32, met en comparaison Diamant et Joyaux lorsqu’il évoque une hypothétique « Agathe Joyaux » et ce qui est certain, c’est que peu importe, Diamant ou Joyaux, les deux sont victimes de « moque[ries] sans cesse […] à cause de [leur] nom ». L’autobiographie nous permet d’en savoir davantage sur l’auteur, et pour lui, le nom de famille en est un indicateur : p.231 « Diamant… Sollers… Cherchez le troisième… Qui je suis ? Comment je m’appelle en réalité ? ». Philippe Sollers, dans ce portrait, joue avec son lecteur et le décontenance avec tous ces questionnements sur qui il est. Mais ce qui est sûr, c’est que pour un lecteur avisé, l’introduction du véritable nom de l’auteur provoque un certain amusement : p.247 « Remarquez, j’aurais pu aussi bien m’appeler Joyaux ». On remarque surtout que tout au long de ce roman, les longues réflexions sur le nom de famille sont très abondantes. Le narrateur y porte un intérêt particulièrement insistant – il faut s’imaginer que les réflexions sur Diamant ont en réalité été faites sur Joyaux. Par exemple, à la page 66, le narrateur cherche son nom dans le dictionnaire et nous lit de nombreuses informations à ce sujet ; à la 76ème page du roman, il nous explique pourquoi il a fait le choix de remplacer Joyaux par Sollers : « Pourquoi j’ai pris un pseudonyme ? Parce que j’étais mineur quand j’ai publié mon premier roman. La famille ne plaisantait pas, voulait que je m’engage […] dans les affaires. Menaçait de faire interdire le livre ! ». Et on sait que ce nom est au coeur de nombreuses controverses.

Dans cette sorte de pêle-mêle d’anecdotes, l’auteur nous fait part de sa réputation, notamment p.97 lorsqu’il nous partage une discussion avec le personnage de Feldmann, un célèbre agent littéraire avec lequel il a un échange assez houleux, qui ne cesse de déformer son nom en l’appelant « Zoller » par manque de considération, car pour lui – et pour plusieurs – Sollers est un auteur trop déroutant pour être considéré : « Vous pouvez vous appeler comme vous voudrez ! Vous n’existez pas ! Vous êtes illisible ! Intraduisible ! », lui dit-il. On sent un certain ras-le-bol de Sollers qui est victime de ses mauvais lecteurs - cf. p.74, où le narrateur nous fait part de sa crainte d’être découvert par la foule : « Ne va t-elle pas révéler [mon vrai nom] en public, la pour m’enfoncer définitivement ?

        De ce fait, un lecteur ayant pour horizon d’attente la lecture d’une autobiographie est largement satisfait. Dans ce portrait, le narrateur, à sa manière, nous dévoile qui il est. Philippe Sollers nous fait part de dialogues, de lettres, d’anecdotes tout à fait référentiels. Il nous raconte avec une certaine nostalgie des bribes de son enfance, nous raconte le triste sort de sa maison familiale ayant été remplacée par un géant supermarché, et ses états d’âme face à cela. Il évoque ses rapports sociaux : p.52 « Je n’ai plus d’amis depuis longtemps  […] Je n’attache pas. Je ne m’attache pas ». Il évoque ses rapports familiaux plus ou moins intimes : p.144 « La maladie était une façon supplémentaire de nous protéger, de se renfermer entre nous. »… Il raconte ses femmes et même son rapport à la religion (cf. Réflexion sur le diable p.325/ « j’aurais pu être un prêtre impeccable » p.230/ sa passion pour les papes p.285)

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