Analyse de La peste (livre) de Camus

A- Avant de retenir le titre La Peste , Camus avait pensé à plusieurs titres comme il est indiqué dans ses Carnets :analysez-les et ce qui , dans ce roman peut répondre à ces différents titres

Les Exilés : un exilé est quelqu'un qui vit en exil , loin d'un lieu , personne qui a été banni

de sa patrie ( exilé politique); on a donc une idée d'expulsion d'une patrie, obligation de vivre hors d'un lieu, séjour pénible loin d'un lieu ou de personnes regrettées.

Dans la Peste , il ne s'agit pas d' exil politique mais de mise en quarantaine d'une ville algérienne ( Oran) à cause de l'épidémie de peste. Personne n'a été expulsé mais tous sont obligés de vivre un long séjour , dans l'enceinte de cette ville; Les oranais subissent l’exil;; c'est un séjour pénible pour tous et surtout pour le journaliste Rambert et le docteur Rieux, qui sont loin de la femme qu'ils aiment. Rambert cherchera au début à fuir cette vile pour retrouver celle-ci; par contre , à aucun moment , le médecin aura cette idée car ce qui le préoccupe c'est d'abord et avant tout , combattre ce fléau. Dans le roman Camus utilise ce terme de « exil » : « Le plus grand était la séparation et l'exil, avec ce que cela comportait de peur et de révolte ». Chaque habitant de cette ville empestée est donc comme exilé de sa famille ou de ses proches

Les Exilés dans la Peste

Mêmes remarques que précédemment , mais ici plus de précisions car on connaît le motif de cet exil : cf le complément «  dans la peste » - tournure curieuse car on s'attendrait plutôt avec l'idée d'exil , à la formulation «  de la peste » , c'est-à-dire une expression qui soulignerait l'idée de se mettre à l'écart de ce fléau, de fuir le lieu où sévit la peste. Ce complément circonstanciel marque au contraire une situation, ici l'idée d'un rapport de lieu , d'où l'idée d'être en dedans, au sein même de la peste; titre qui souligne cette contradiction entre l'éloignement et l'enfermement. Les Oranais sont enfermés dans l'enceinte de la ville et sont au contact de la peste et par là-même, sont éloignés des autres villes algériennes.

Les Prisonniers 

Titre qui souligne l'idée de prison , d'enfermement et de privation de libertés – les Oranais sont , en effet, prisonniers de leur propre ville. L’enceinte est la ville d’Oran qui, enfermée dans ses murs, entourée de gardes, tournant le dos à la mer . Ses habitants sont « prisonniers de la peste » , ils ne pouvant plus échapper à leur situation. Cette perte de la liberté est un des pires malheurs qui puissent frapper l'être humain. La séquestration de ses personnages permet à un auteur de les étudier en « vase clos », c'est-à-dire sans que la moindre influence extérieure puisse se faire sentir. Des mesures sont imposées : ils n'ont même pas la possibilité d'accompagner leurs défunts et ne peuvent que jeter des fleurs sur les convois qui transportent les cadavres- au niveau des privations de liberté, notons aussi l’institution du couvre-feu et l'interdiction de réunions « La maladie qui, apparemment, avait forcé les habitants à une solidarité d’assiégés, brisait en même temps les associations traditionnelles et renvoyait les individus à leur solitude. » . Les Oranais arrêtent même de supposer une date de fin à leur calvaire. Ils ont perdu toute joie de vivre. A la fin du roman , l’espoir provoque la fin de la peste et le retour des sourires. Certains, tellement impatients, tentent de s’évader et réussissent car les gardes ne s’y attendaient plus. Cette idée d'emprisonnement se retrouve dans l'épigraphe : « Il est aussi raisonnable de représenter une espèce d'emprisonnement par une autre que de représenter n'importe quelle chose qui existe réellement par quelque chose qui n'existe pas ». (Daniel de Foe). Dans le roman Camus utilise ce terme de « prisonniers : « les prisonniers de la peste se débattirent comme ils le purent »

Les Séparés

Titre qui met l'accent sur l'idée de mettre à part , d'éloigner les uns des autres les personnes – titre qui souligne aussi l'idée que les gens sont séparés des êtres qui leur sont chers mais aussi l'idée de mort. Il est bien question de séparation du docteur Rieux et de sa femme au début : elle doit aller se soigner dans une maison de santé. Rieux confiera à Tarrou que l’état de sa femme allait en s'empirant et que la séparation devenait difficile. Elle va en effet mourir ( cf le télégramme que reçoit Rieux) -La séparation est douloureuse pour le journaliste Rambert , au début , ne pense qu'à sortir de cette ville pour rejoindre celle qu'il aime. La ville sera fermée. Il n’y aura plus aucun moyen de communication vers l’extérieur à part le télégramme. Chaque habitant de cette ville fait, d'une façon ou d'une autre, l'expérience de la séparation. Grand

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