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Analyse Des Thèmes abordés dans le Livre Des Nuits De Sylvie Germain

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Par   •  26 Mai 2013  •  3 254 Mots (14 Pages)  •  4 857 Vues

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Premier livre de Sylvie Germain, paru en 1985. L'auteur a fait des études de philosophie ; son mémoire de maîtrise porte sur l'ascèse dans la mystique chrétienne, et son doctorat sur le visage. Le livre des nuits révèle l'influence de cette formation.

Le thème organisateur du récit est contenu dans le titre. Six livres, et comme dans la Bible. Six livres qui déclinent à la fois le temps des hommes et le temps du monde. La saga des Péniel se déroule des années 1860 à peu près et 1945, en gros un siècle. Mais le monde extérieur n'apparaît que par allusions, ou par l'intervention violente dans la vie des hommes : la guerre de 1870, puis celle de 14 et enfin la dernière qui verra disparaître le personnage principal, Victor-Flandrin, le père, dit Nuit d'Or, quand il apprendra la mort de sa femme Ruth et de leurs cinq enfants dans un camp de concentration.

Comme si, cette fois, le monde extérieur avait mis fin à l'humanité.

Ce récit est constitué de six nuits : Nuit de l'eau, Nuit de la terre, Nuit des roses, Nuit du sang, Nuit des cendres, Nuit nuit la nuit.

Chaque titre évoque le contenu du récit.

L'eau, c'est la période où la famille vivait sur une péniche de mariniers.

La terre, c'est l'ancrage dans le pays, la mine, la ferme. Les roses, font penser faussement à une période de bonheur, et les trois derniers titres ne laissent pas de doute sur les souffrances et les blessures de la guerre et de la mort.

Mais les titres de ces chapitres renvoient aussi aux éléments : eau, terre, feu. Le sang n'est pas un élément mais il est élémentaire, vie et mort à la fois.

Nuit et sang, deux constituants de ce récit.

La nuit, d'abord.

Toutes les connotations de ce mot évoquent l'angoisse, la peur, le sommeil sans réveils, l'absence de lumière, l'aveuglement, la mort, le monde du dessous.

Le prologue du Livre des Nuits s'ouvre sur une annonce de la saga des Péniel (p. 11) Premier mot du livre, Nuit est associé à cri. Ces deux noms révèle dès le début l'importance que l'auteur attache aux sons, aux noms, aux échos qui forment un réseau de sons et de sens, ce qui est le propre de la poésie. On peut y voir aussi une longue familiarité avec l'écriture biblique.

La nuit donc, est la nuit originelle, car les Péniel viennent d'aussi loin que le monde, et l'origine, la naissance - et elles sont nombreuses ici ! - s'accompagne du cri. La nuit, nous allons la trouver au terme de la vie, mort, souffrance, destructions, blessures... Mais c'est aussi la nuit du monde sur lequel s'est abattue la guerre.

Fin de l'espérance, folie incompréhensible des puissants qui jettent des millions de jeunes hommes dans la boue des tranchées. Folie sans mesure dans le Livre des cendres (p.268): « ils firent rimer sang cendre et néant »

Le jeu sur les noms conduit à annoncer la nouvelle guerre, plus effroyable encore : « Sang-cendre, sang-nuit-et-brouillard...

Sang-Dieu, sans Dieu

Dieu-cendres

Cendres et poussières. »

Tout est dit dans ce glissement sémantique.

Le sang

Le sang est un élément vraiment polysémique dans ce texte. Il est d'abord sang qui coule de la blessure ouverte et entraîne la mort. Sang de Mélanie, frappée par le pied du cheval; (p.108) sang de la femme en train de mettre au monde (p.52) C'est encore une histoire de sang versé qui a déclenché la guerre. Terre abreuvée du sang des jeunes hommes.

Mais le sang est aussi force vitale, énergie. Il est l'élément vital double : vie tant qu'il reste à l'intérieur du corps, et mort, dès qu'il s'en échappe. Une scène de chasse au sanglier (p. 199) illustre bien ce double symbole.

Le sang qui coule a aussi une valeur mystique, rappelant la double valeur de la mort christique.

Liée au sang, au cri et à la mort, la violence la forme la pâte même de cette histoire.

La violence

La violence est originelle chez les hommes de cette saga : le premier Péniel, Théodore -Faustin, revient mutilé de la guerre, le visage tranché en deux par un coup de sabre. Totalement désespéré, sauvage. La violence ne le quittera plus (p. 54) La peur de voir son fils un jour partir à une nouvelle guerre le conduit à protéger l'enfant par « une terrible œuvre de sauvegarde » (p.55). Violence de l'amour, solution extrême.

Tous les actes de la vie sont empreints d'une sorte de sauvagerie primaire, originelle : Victor -Flandrin, est le frère du loup qui se soumet à lui, mais quand il trouve sa femme Mélanie mourante du coup de pied de l'étalon, il tourne sa douleur et sa colère vers l'animal avec une violence déchaînée (p.116).

Mais l'horreur de la guerre est bien plus violente encore. Les scènes de La nuit des cendres sont d'une violence extrême : les nazis en déroute saccagent la ferme, brûlent les enfants au lance-flammes. Cette scène, comme celles des représailles au lavoir du village (p.303) reproduit ce que l'histoire a consigné depuis longtemps dans les livres. On ne peut pas imputer à l'auteur le goût macabre de ces épisodes. En revanche, elle évoque les camps de concentration en quelques lignes (p.310) avec pudeur, peut-être. Dans son agonie, Nuit d'Or voit passer les images des déportés (p. 322)

Peut-on reprocher à l'auteur d'avoir

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