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Analyse Linéaire du poème Les Regrets de Bellay

Dissertation : Analyse Linéaire du poème Les Regrets de Bellay. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  23 Juin 2013  •  4 344 Mots (18 Pages)  •  8 882 Vues

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Analyse linéaire du texte n° 3

Las, où est maintenant ce mépris de Fortune ?

Où est ce cœur vainqueur de toute adversité,

Cet honnête désir de l’immortalité,

Et cette honnête flamme au peuple non commune ?

Où sont ces doux plaisirs, qu’au soir sous la nuit brune

Les Muses me donnaient, alors qu’en liberté

Dessus le vert tapis d’un rivage écarté

Je les menais danser aux rayons de la Lune ?

Maintenant la fortune est maîtresse de moi,

Et mon cœur qui soulait être maître de soi,

Est serf de mille maux et regrets qui m’ennuient .

De la postérité je n’ai plus de souci,

Cette divine ardeur, je ne l’ai plus aussi,

Et les Muses de moi, comme étranges , s’enfuient.

Joachim Du Bellay, Les Regrets (1558), sonnet VI (orthographe modernisée)

Intro :

Contexte d’écriture, elts à rappeler :

- Du Bellay poète de la Pléiade

- Déception du séjour romain

Forme du poème :

Un sonnet en alexandrins, dit italien par son système de rimes embrassées (+ rimes suivies (moi/soi) qui ouvrent les tercets). Ce poème a été mis au goût du jour par Marot et les poètes de la Pléiade. Il permet l’expression lyrique du poète, à travers la maîtrise des contraintes d’une forme fixe et brève.

Problématique :

Quelle conception de l’inspiration poétique du Bellay nous livre-t-il dans ce poème lyrique ?

Analyse linéaire

QUATRAINS

v. 1-4 Premier quatrain

Chaque vers du premier quatrain est consacré à un des éléments de l’énumération.

Jeux sur les sonorités dans tout le quatrain : allitérations de consonnes nasales : [m] et [n]

dentales : [t]

v. 1 Las, où est maintenant ce mépris de Fortune ? = 1er élt

Las  = Hélas. Interjection qui donne le ton : lyrisme, déploration élégiaque

Rythme atypique de l’hémistiche (1/5) qui met en valeur la première mesure (=1 syllabe)

où est  déploration lyrique d’une absence. Anaphore de où + verbe être v. 1, v. 2, v. 5.

Il s’agit d’un motif traditionnel de la poésie élégiaque depuis l’Antiquité. Dns la poésie latine, on trouve souvent l’anaphore de l’expression « Ubi sunt » (= où sont), reprise ici par du Bellay en français. C’est aussi le début d’une locution latine, « Ubi sunt qui ante nos fuerunt ? » (Que sont devenus ceux qui nous ont précédés ?) C’est un thème très présent dans la poésie médiévale, pour marquer la fragilité de la condition humaine :

Rutebeuf, vers extraits du recueil Poèmes de l'infortune :

Que sont mes amis devenus

Que j'avais de si près tenus

Et tant aimés ?

Villon, « Ballade des Dames du temps jadis » (mise en musique et chantée par Georges Brassens)

Dites-moi où, n'en quel pays,

Est Flora la belle Romaine,

Archipiades, ne Thaïs,

Qui fut sa cousine germaine,

Echo, parlant quant bruit on mène

Dessus rivière ou sur étang,

Qui beauté eut trop plus qu'humaine ?

Mais où sont les neiges d'antan ?

Où est la très sage Héloïs,

Pour qui fut châtré et puis moine

Pierre Esbaillart à Saint-Denis ?

Pour son amour eut cette essoine.

Semblablement, où est la roine

Qui commanda que Buridan

Fût jeté en un sac en Seine ?

Mais où sont les neiges d'antan ?

La roine Blanche comme un lis

Qui chantait à voix de sirène,

Berthe au grand pied, Bietrix, Aliz,

Haramburgis qui tint le Maine,

Et Jeanne, la bonne Lorraine

Qu'Anglais brûlèrent à Rouen ;

Où sont-ils, où, Vierge souvraine ?

Mais où sont les neiges d'antan ?

Prince, n'enquerrez de semaine

Où elles sont, ni de cet an,

Que ce refrain ne vous remaine :

Mais où sont les neiges d'antan ?

maintenant  adv. de tps introduisant une rupture tporelle ; idée de nostalgie.

mépris de Fortune  Indifférence fière au sort, à sa condition. Idée de supériorité du poète, conforme à l’idéal de la Pléiade. Image glorieuse de soi, associée au passé.

Fortune = allégorie du sort, du hasard (d’où la majuscule).

v. 2 Où est ce cœur vainqueur de toute adversité, = 2e élt

cœur  métonymie pour désigner les sentiments (dont le cœur est le siège symbolique). Organe lyrique par excellence, siège des sentiments,

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