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Analyse Linéaire - Primo Levi

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Par   •  1 Décembre 2016  •  Commentaire de texte  •  2 133 Mots (9 Pages)  •  1 222 Vues

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GIROULET Gaëlle - L2 Lettres modernes.

        Primo Levi a 24 ans lorsqu'il se fait arrêter en 1943 et déporté à Auchwitz. Il rédige presque immédiatement Si c'est un homme, puisqu'en 1947, son livre est publié. Il passe pourtant inaperçu : au sortir de la guerre, personne n'a envie d'en apprendre plus sur les camps d'extermination ou de se replonger dans ces souvenirs douloureux. Il faudra en effet attendre près de vingt ans, lors de la parution de son second livre La Trève pour que Si c'est un homme devienne une référence;  de plus la version française définitive ne paraît qu'en 1987, traduite par Martine Schruoffeneger. Nous étudions ici par ailleurs la préface de l'oeuvre qui s'adonne à une explication quant à la survie de l'auteur et l'existence de son livre. Ainsi, comment Primo Levi passe par le témoignage pour délivrer une oeuvre qui se veut aussi salvatrice pour lui même au travers de la catharsis, que pour les "autres" - comme il les appelle ? Nous distinguerons alors trois mouvements au sein du texte : nous verrons dans un premier temps ce qui a abouti à la création de l'oeuvre, de la première ligne à la sixième, nous étudierons ensuite l'impact qu'espère avoir l'auteur au travers de ses mots, du moment où il a annonce son but ligne six jusqu'à son souhait ligne seize et finalement nous parlerons de la catharsis que représente cette autobiographie au sein du dernier paragraphe et de la phrase finale.

        Tout d'abord, ce récit est en effet un récit autobiographie. Le narrateur est donc homodiégétique car le personnage qui raconte l'histoire, c'est Primo Levi lui même, bien entendu, puisqu'il y était. La préface débute en effet avec la première personne du singulier et l'auteur nous donne alors les raisons de sa survie avec des phrases factuelles. Sa "chance" est liée à des nombres, des chiffres, des statistiques : "pénurie de main d'oeuvre", "allonger la moyenne de vie". Primo Levi nous dit ici qu'il n'est en vie qu'à cause du hasard, un concours de circonstances dont il n'est absolument pas le maître. Nous pouvons voir la déshumanisation que crée les chiffres et c'est le but de la machine nazie : la démolition des hommes qu'ils veulent exterminer et c'est pour ça que dès leur arrivée ils prennent leurs vêtements, leurs chaussures, leurs cheveux et vont jusqu'à enlever leur nom : ils deviennent le numéro tatoué sur leur bras à prononcer dans une langue qu'ils ne comprennent pas.

Il a joué sa vie sur le hasard d'une certaine conjucture et cela est appuyé par la première phrase, très longue, qui alterne le champ lexical de la vie - "chance", "allonger", "vie", "améliorant", "vie" à nouveau - qui fait face au champ lexical de la mort - "déporté", "Auschwitz", "pénurie croissante", "prisonniers", "exécutions arbitraires". Cette oposition marque comme une balance qui aurait pu pencher d'un côté de l'autre. Primo Levi a vécu comme d'autres sont morts. Sa chance est donc ce qui lui a permis de pouvoir témoigner.

Par ailleurs, nous pouvons remarquer que l'auteur dit que ce sont les "exécutions arbitraires individuelles" qui ont stoppé et donne la précision "individuelle" car l'exécution des juifs était déjà basée sur des critères arbitraires et que ces exécutions là ne cessaient pas.

De plus, l'auteur ne souhaite pas présenter de nouvelles atrocités, il le dit lui même que "en fait de détails atroces [son] livre n'ajoutera [...] rien" Pourquoi s'adresse-t-il "aux lecteurs du monde entier" ? La Shoah a touché bien entendu tout le monde avec plus de 5 millions de morts et il peut inclure les lecteurs de toutes nationalités car il pense par avance que cela nous concerne tous. L'auteur parle alors de "l'inquiétante question" des camps d'extermination car bien sûr, l'existence de telles architectures du massacres sont plus qu'un fait. Il y a de nombreuses questions à se poser à la suite d'un tel événement : comment a-t-on pu en arriver là ? Pourquoi a-t-on pu laisser faire ça ? Mais également comment fait-on pour en parler ? Peut-on seulement traduire l'horreur absolue avec des mots sans en altérer la gravité ? C'est par ailleurs pour montrer cette question et en faire le tableau que l'auteur a témoigné.

        En effet, Primo Levi l'annonce "je ne l'ai pas écrit dans le but d'annoncer de nouveaux chefs d'accusation". Son récit a donc une finalité, un point visé, une cible, celle de "fournir des documents à une étude dépassionnée de certains aspects de l'âme humaine". Tout d'abord, l'auteur parle de "documents" : il fait oeuvre d'écrivain mais pas dans un soucis d'esthétique. Il veut montrer, il veut comprendre et essayer de se rapprocher d'un point de vue objectif comme le montre le mot "dépassionnée". Il avait d'ailleurs déjà rédigé un rapport sur les camps pour les alliés à la libération. Il relate ainsi l'histoire qu'il a vécu en taisant les ressentiments et la haine.

Par ailleurs, l'auteur dit bien vouloir étudier "l'âme humaine" : ce sont des hommes qui ont commis ces actes, ce sont des hommes qui ont pensé et mis à exécution ce massacre. Primo Levi nous englobe alors tous - et lui même également - avec le sujet "beaucoup d'entre nous". Ainsi il nous implique dans ce qu'il va dire et nous oblige à nous sentir concerné en élargissant encore "individus ou peuples" qu'il soumet tous, ils "sont à la merci de cette idée". Cette affirmation donne l'impression d'une difficulté de se sortir de cet idée qui est alors vue comme un axiome, un conditionnement. Et quelle idée ? Celle que "l'étranger c'est l'ennemi". La phrase est brève, incisive. Il juge par ailleurs cette pensée, il la voit comme une "conviction" qui "sommeille dans les esprits", mais surtout comme une "infection". Cela renvoie immédiatement à quelque chose qui se propage, à bien entendu une pensée négative comme une mauvaise herbe qu'il faudrait arracher. La phrase utilisée encore une fois est longue mais entrecoupée, hachée, ce qui donne un rythme à ses propos qui sont alors plus marqués et impactent le lecteur.

Pourtant les résultats de cette infection ne sont rien :"actes isolés", "sans liens entre eux" jusqu'à ce que. Le "dogme" désigne quelque chose de considéré d'inconstestable et c'est bien ce sur quoi s'est appuyée la doctrine nazie : une donnée promue comme certaine, intangible et alors imposée comme indiscutable. Ici, Primo Levi juge et n'accuse pas mais propose la décomposition d'un système. "au bout de la chaîne logique, il y a le Lager", et le Lager c'est aussi la mort : à la fin de cette chaine se trouvait donc l'extermination de masses. A nouveau, un champ lexical nous permet d'identifier l'horreur que l'auteur veut passer dans ses propos : "chaine", "Lager", "extrême", "conséquences", "menace".  Nous pouvons même préciser que Lager est devenu pour lui un nom propre alors que c'est un nom commun allemand mais, de part sa nationalité italienne, il ne comprend rien en arrivant au camp, au Lager donc, et doit se débrouiller comme il peut pour saisir ce qu'on lui dit et s'intégrer à la vie commune là-bas. Ce mot est donc l'un de ceux qui lui est resté.

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