Primo Levi

Si c'est un homme écrit en 1947 raconte l'expérience des camps d'extermination des juifs, vécue par l'auteur Primo Lévi, pendant la Seconde Guerre mondiale Résistant, fait prisonnier le 13 décembre 1943 à l'âge de 24 ans. C'est un juif italien parmi d'autres. Ainsi dans cet extrait du chapitre 9 qui occupe une place centrale dans l’œuvre, l’auteur observe. Il entreprend alors une démarche scientifique pour évoquer les difficultés de vie au Lager et la sélection qui se fait entre ceux qui parviennent à survivre (les élus) et ceux qui vont mourir (les damnés).

Comment l’auteur va donc s’y prendre pour donner une dimension scientifique à ce projet ?

C’est ce à quoi nous tenterons de répondre dans une première partie où nous analyserons l’expérience scientifique puis la catégorisation qu’effectue Primo Levi dans une seconde partie.

Dans cette première partie nous allons analyser comment Primo Lévi présente cette expérience scientifique. Et c’est dans un vocabulaire et un champ lexical de l’expérience scientifique et un ton neutre, que Primo Lévi aborde le camp en tant que scientifique devant une expérience.

Levi perçoit le Lager comme une grande expérience scientifique sur la nature humaine. Nous avons bien ici le protocole, avec un milieu, les sujets et le traitement. Le milieu, ici le camp est un lieu clos bien déterminé, car les individus y sont enfermés comme le précise la première phrase de l’extrait « Enfermez des milliers d’individus». La référence au camp de concentration se manifeste à travers l’expression « entre des barbelés » qui rappelle donc bien l’idée de camp et aussi l’impossibilité d’échapper à ce milieu. Dans ce milieu particulier, il y a donc les sujets de l’expérience, ici les détenus. Dans ce milieu qu’est le camp, on y a enfermé des « milliers d’individus » tous confondus, comme le prouve cette accumulation « sans distinction d’âge, de condition sociale, d’origine, de langue, de culture et de mœurs ». Leur diversité va être annulée, car on va les uniformiser à un mode de vie identique. Ainsi le traitement que l’on va infliger à ces individus est la « lutte pour la vie », car c’est un milieu où les besoins élémentaires ne sont pas satisfaits. Tout l’enjeu de cette expérience est donc la survie au camp et ainsi de déterminer ce qu’il y a d’inné et ce qu’il y a d’acquis dans le comportement de l’homme dans une situation où son rôle est totalement réduit au minimum, celui de sa survie dans un milieu étranger auquel il vit habituellement en société.

Primo Levi se pose en tant que scientifique, il a donc un regard scientifique. Il emploie un vocabulaire scientifique «catégories » « distinctes » « artificiels » « intermédiaires » « complexes ». Les termes sont clairs et précis. De plus le ton qu’emploi le narrateur est neutre, comme si il voulait mettre de la distance entre lui et les détenus, sachant qu’il était lui-même détenu. Il se veut donc détaché du récit et de sa propre histoire personnelle. L’emploi de la 3ème personne tout au long de cet extrait renforce cette idée, car « il » est général. Aussi l’emploi de la 2ème personne du pluriel « nous » positionne Primo Lévi en tant que scientifique, il s’intègre avec eux, il rapporte ainsi la parole

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