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ARGUMENTATION FICTIVE OU DIRECT

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Par   •  2 Octobre 2016  •  Dissertation  •  3 131 Mots (13 Pages)  •  779 Vues

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SUJET 1 – ARGUMENTATION FICTIVE OU DIRECT

  Les écrivains ont depuis « longtemps pris la plume pour épée », car comprenant son précieux et puissant pouvoir. Mais chaque auteur adopte son propre style ainsi que sa propre manière de penser. Faire adopter son opinion à un public est donc une forme d’art dans laquelle on peut relever deux procédés argumentatifs distincts; la manière directe ou indirecte. Mais pour défendre ses idées, laquelle de ces formes d’argumentation paraît la meilleure ? Exprimer sa thèse directement présente ses avantages mais nous étudierons aussi ses limites. Nous analyserons par la suite l’argumentation passant par une fiction ainsi que ses bornes.

  Comme son nom l'indique, l'argumentation directe ne passe pas par des détours fictionnels pour exposer une théorie mais le lecteur doit être prêt à réfléchir à des questions complexes, demandant un certain sens de la nuance qui pose des limites.

  Tout d’abord, l’auteur, par le biais de cette stratégie argumentative, autorise une certaine proximité avec ses lecteurs. Il semble s’adresser à eux, les mettre sur un pied d’égalité, ce qui les amène à confronter leurs réflexions avec les siennes. Comme la pensée du lecteur est prise en compte, différents points de vue se rencontrent alors. Il s’agit donc d’une ouverture à l’échange et au débat. Par ailleurs, l’argumentation directe permet de développer toutes les nuances d’une même réflexion grâce à différentes stratégies. Par exemple bien discernable dans « Discours sur les Sciences et les Arts » où Rousseau, pour démontrer sa thèse emploie diverses manières; il fait référence à une vérité générale, utilise des comparaisons entre société actuelle et d’époque; avant de faire appel à un exemple historique frappant pour illustrer ses propos. L’efficacité de l’argumentation directe passe justement par une dimension logique de cette structure. Dans le fragment « Imagination » des Pensées, Blaise Pascal condamne l’imagination et bâtit un raisonnement structuré. Il donne la définition de celle-ci pour ensuite en montrer les dangers et fait de même par la suite avec deux exemples concrets, tout cela organisé avec rigueur et précision. Le fait d’exprimer clairement sa thèse avec impassibilité et concision peut aussi venir à séduire le lecteur. Ainsi, cela offre une réflexion développée directement, et donc sans ambiguïté pour celui-ci. Les idées de l’auteur paraissent alors plus claires puisque les arguments sont ouvertement énoncés et que les thèses défendues ainsi que les thèses adverses se distinguent avec aisance. Les auteurs par l’utilisation du « je » et parfois en signant de leur vrai nom s’impliquent personnellement comme dans « J’accuse » de Emile Zola. Ainsi en prennent soin de souligner leur volonté, ces écrivains se font clairs et précis dès l’introduction et assurent déjà le lecteur de l’honnêteté et de la transparence de leur entreprise comme dans la préface du « Dernier jour d'un condamné » de Victor Hugo. Ainsi le lecteur est assuré de saisir le sens de leurs propos, il est alors amené à poursuivre la réflexion de son côté, en faisant preuve d’esprit critique.

   L'argumentation directe par sa franchise peut aussi gêner le lecteur, qui offensé par une vérité qu'il ne partage pas, pourrait se fermer. La vérité peut être désobligeante et le but de l'argumentation est alors manqué. Ainsi, quand La Rochefoucauld publie « Les Maximes », qui dresse un constat pessimiste sur la nature humaine, il offusque bien des mentalités. L'argumentation directe peut aussi tomber dans la lourdeur du traité. Le passage d’arguments réfutés aux arguments affermis, peuvent rendre la réflexion laborieuse et ardu. Comme par exemple dans « Gabriel Péri » de Paul Eluard où l’anaphore des noms « homme » et « mot » puis du verbe « vouloir » vient à prêter confusion ainsi que l’emploi du présent de vérité général. Les œuvres littéraires, notamment quand elles ne sont pas embellies par le voile de la fiction, ne suscitent pas l’engouement du lecteur. Connues comme étant complexes, ces œuvres n’attirent pas un grand public. Prenons par exemple « Les méditations métaphysique » de Descartes, de par sa réputation de livre académique, parfois aussi seulement par son titre; il ne donne aucune envie à la lecture. Une argumentation directe trop théorique peut donc rebuter le lecteur et échoue ainsi à l’intéresser.    

  S'il faut reconnaître à l'argumentation directe le mérite de la clarté, il faut aussi admettre qu'elle peut décontenancer le lecteur de par sa lourdeur.

 Choisir la fiction pour défendre ses idées apparaît comme une forme efficace d'argumentation puisque le lecteur s'instruit en s'amusant, mais cette stratégie argumentative peut aussi comporter des risques.

  L’argumentation indirecte présente un atout majeur étant le fait de pouvoir recourir au discours narratif, plus vivant et donc plus apte à plaire au lecteur. Nombreuses sont les stratégies déployées pour rendre vivant un récit. Les auteurs d'apologues manient ces ressources afin de le rendre alerte et plaisant. Par exemple « La Cigale et la Fourmi » de Jean de la Fontaine par l’emploi d’heptasyllabes permet une lecture rapide et le changement des rimes suivies aux croisées accentue le rythme. De plus par son utilisation du discours direct, l’auteur rend la fable « vivante ». De par son aspect plaisant, parfois rapide à lire, les récits ayant recourt à l’argumentation fictive touche un plus large public des plus jeunes jusqu’aux plus âgés.  La fiction permet aussi de contourner plus facilement la censure en offrant un premier niveau de lecture tout à fait inoffensif, qui peut s'avérer très subversif lorsqu'il est interprété. Le récit prend alors une nouvelle dimension, son objectif n'est plus de délivrer un unique message, mais d'inciter le lecteur à la réflexion. Cela facilite le passage à la critique, un lecteur admet plus aisément la critique d’un personnage fictif différent de lui. Au théâtre, le message implicite s’impose avec d’autant plus de force au spectateur que le personnage est vu et entendu. Comme dans la pièce « l’Île des esclaves » de Marivaux où s’opère un changement de valeur « forcé » le maître devenant esclave et vice-versa. Similairement dans « Les jeux de l’amour et du hasard »  du même auteur, s’effectue une fois de plus un changement équivalent mais cette fois volontairement. En utilisant le registre humoristique ainsi qu’ironique, Marivaux divertit ses spectateurs tout en effectuant une critique des statuts sociaux, en particulier des maîtres. Ces spectateurs, de la haute société, symbolisent les maîtres dans les deux pièces de théâtre et ils sont tournés au ridicule, sans même s’en être rendu compte pour la plupart. En illustrant son point de vue au travers d’une histoire l’auteur touche un plus grand public mêlant le premier degré avec frivolité et le deuxième avec sérieux en faisant passer une morale implicite.

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