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Venus anadyomène, Rimbaud

Fiche : Venus anadyomène, Rimbaud. Recherche parmi 302 000+ dissertations

Par   •  26 Juin 2025  •  Fiche  •  1 576 Mots (7 Pages)  •  20 Vues

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Introduction : La mythologie gréco-romaine raconte que la déesse de l’amour, Vénus serait « anadyomène », c’est-à-dire surgie des eaux, née en pleine mer. De nombreux textes et de nombreux tableaux évoquent cet épisode mythique. Dans ce sonnet en alexandrins, Arthur Rimbaud s’empare également de ce motif. Cependant, dans son poème, la déesse de l’amour est une grosse femme laide sortant de sa baignoire. Nous étudierons donc en quoi ce sonnet constitue une réécriture parodique. Le poème propose une description continue de la femme de la « tête » à la « croupe ». Nous analyserons ce poème à travers 4 mouvements : L’apparition de Vénus et la description de sa tête/ L’évocation de son dos/ La description de l’échine et de l’ensemble de son corps/ Et enfin, la chute audacieuse du sonnet.

1) L'émergence d'une tête.

Au premier vers on repère déjà une comparaison « comme d'un cercueil vert en fer blanc ». Si le champ lexical des couleurs rapproche ce poème du tableau d 'Alexandre Cabanel dans la mesure où le vert et le blanc rappellent la vague et l'écume de la mer, cette première comparaison est étonnante puisque dans la mythologie grecque, la naissance de Vénus, déesse de l'amour, est dépeinte au milieu des flots, parfois posée sur un coquillage comme dans le tableau de Boticelli. Or là, le coquillage est transormé tout d'abord en « cercueil » ce qui crée une certaine vision horrifique de l'apparition de Vénus. En effet, cela renvoie à l'image de la mort et prend le contre-pied du mythe de la naissance de Vénus. Le ton du poème est ainsi donné, Rimbaud semble s'adonner à une version parodique de ce motif.

« Une tête » la lenteur de l'émergence de la tête est suggérée par le contre-rejet qui ralentit la lecture en plaçant en fin de vers, un groupe de mots appartenant, par sa signification et sa syntaxe, au vers suivant.

« De femme à cheveux bruns » L'adjectif « brun » utilisé ensuite va également à l'encontre des différentes représentations de Vénus, habituellement décrite comme une femme blonde.

L'hyperbole « fortement pommadée » évoque l'artifice du maquillage, un maquillage presque théâtral comme si cette Vénus provenait plus de la Commedia dell'Arte que de la poésie. En tout cas, Rimbaud poursuit sa relecture du mythe en inversant les valeurs : Vénus déesse de la beauté est métamorphosée ici en déesse laide et vulgaire

« D'une vieille baignoire émege ». Ici on voit que le traditionnel coquillage est remplacé par un objet banal.

« lente et bête » : les deux adjectifs ainsi mis en incise contribuent eux aussi à désacraliser l'image de la femme. On constate notamment que « tête » rime avec « bête ». On assiste à la dépréciation de Vénus. Il n'y plus cette image idéale, bien au contraire, le regard traditionnellement doux et pensif de la Vénus prend un air « bête ». Ou peut-être, peut-on y voir une première comparaison animale.

Le dernier vers de ce quatrain « Avec des déficits assez mal ravaudés »ne contient que des termes à connotation négative, à lui seul il crée un champ lexical de la vieillesse entérinant ainsi la volonté parodique de Rimbaud. On est loin de la perfection physique et naturelle de la Vénus.

Transition : Loin du  mythe dominé par le registre merveilleux, Rimbaud décrit donc Vénus prosaïque, banale : la déesse n'a plus rien de divin ni de majestueux.

2) Du cou aux reins.

« le col gras et gris , les larges omoplates » Le second quatrain s'organise autour de l'énumération des différentes parties du corps de Vénus qui émerge « col, omoplates ». Ces différentes parties du corps ne renvoient pas à l'idéal poétique féminin. Ces termes relèvent d'un vocabulaire anatomique utilisé par la médecine ou pouvant décrire un animal. La description semble donc poursuivre la métaphore commencée plus tôt de l'animalité de cette femme. De plus, chacune de ces différentes précisions s'accompagne de qualificatifs qui ne relèvent pas de l'idéal esthétique féminin : il met en avant combien le corps de cette Vénus est disgracieux « gras et gris, « larges ». Rimbaud semble développer une esthétique de la provocation qui se retrouve dans la structure même du poème. L'alexandrin n'obéit plus au balancement des deux hémistiches, son rythme est lui aussi brisé (1/2/3//3/3).

« le dos court qui rentre et qui ressort ». On observe ici un parallélisme de construction qui met en évidence un caractère presque mécanique de son mouvement. La femme est chosifiée.

« Puis les rondeurs des reins semblent prendre de l'esso», l'allitération en [r] insiste sur le côté gras et disgracieux. Rimbaud a recours ici à un euphémisme pour se moquer de la grosseur et des hanches trop larges de la Vénus.

« La graisse sous la peau paraît en feuilles plates » cette métaphore clôt en quelque sorte la métaphore animale et disgracieuse de cette Vénus qui apparaît presque comme une femme éléphant.

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