Une charogne, Baudelaire
Commentaire de texte : Une charogne, Baudelaire. Recherche parmi 303 000+ dissertationsPar Meep • 12 Octobre 2025 • Commentaire de texte • 1 499 Mots (6 Pages) • 6 Vues
UNE CHAROGNE
INTRODUCTION
Le poème que je vais vous présenter se nomme « Une Charogne », extrait du recueil « Les Fleurs du Mal » écrit par Charles Baudelaire et publié en 1857.
C’est le 28ème poème du recueil, issu de la section « Spleen et Idéal ». Il se situe entre les poèmes « Le Serpent qui danse » et « De profundis clamavi » inspirés par Jeanne Duval, sa maîtresse.
Il est composé de 12 quatrains alternant alexandrins et octosyllabes en rimes croisées.
Le narrateur compare sa compagne à une carcasse en décomposition trouvée sur le bord de la route.
Ce poème permet au lecteur d’assister à la naissance d’une « Fleur du Mal » et de comprendre les étapes de l’activité poétique.
« Une Charogne » est un éloge paradoxal. Baudelaire y traite un thème nouveau : utiliser un thème répugnant sur un mode noble en parodiant le style galant de la poésie lyrique amoureuse.
Par là le poète remet en question une conception importante de l’art : ne doit-il évoquer que la beauté ?
Lecture
Vers 1 à 16, on peut analyser un 1er mouvement qui correspond à la description du cadavre en décomposition, à une peinture méliorative de l’horrible.
Vers 37 à 48, on peut analyser un 2ème mouvement qui correspond à la comparaison avec la femme aimée.
Enjeu : comment Baudelaire extrait par le style poétique la beauté du mal et renouvelle le memento mori ?
Analyse linéaire
Tout d’abord le titre, « Une Charogne », indique de quoi le poème va parler : la description d’un cadavre en décomposition.
Ce titre interpelle car ce n’est pas un sujet que l’on traite généralement en poésie.
Baudelaire innove donc avec ce thème.
Ce titre annonce l’horreur, la laideur et la destruction causée par la fuite du temps.
Vers 1, le poète interpelle une personne avec l’apostrophe « Rappelez-vous ».
Vers 1 les pronoms personnels « vous » (marque de la politesse) et « nous » montre la présence d’un objet aimé, confirmé par l’apposition « mon âme ».
Le lecteur comprend, dans les strophes finales, qu’il s’agit de la femme aimée grâce aux expressions « étoiles de mes yeux » (v 39), « mon ange » (v 40), « ma beauté » (v 44).
« Rappelez-vous » est aussi une invitation au souvenir accentué par l’utilisation du passé simple « vîmes » (v 1) et l’imparfait « ouvrait » (v 7).
Le cadre présenté est bucolique et propice à une balade amoureuse comme le montre le groupe nominal « beau matin d’été si doux » (v 2), « sentier » (v 3), « soleil rayonnant » (v 9), l’allitération en s « ce » et « si ».
Pourtant, dès le v 3, l’amplification « une charogne infâme », mise en valeur dans la 2eme hémistiche, montre un contraste avec cette balade car la vision de la charogne est difficile à supporter.
Le contraste avec le cadre idyllique de la promenade en amoureux est renforcé par :
- les rimes avec des mots de sens contraires : « infâme » et « âme », « cailloux » et « doux »
- les expressions hyperboliques v.2 « beau matin » (adjectif avant le nom) et l’adverbe intensif « si » qui accentue la douceur du matin contraste avec le souvenir évoqué (cadavre en décomposition)
– L’antithèse « lit semé de cailloux » v 4 évoque une idée d’inconfort même pour le lecteur, la charogne gâche la balade. Cette métaphore renvoie à la tombe, à la mort.
La 2ème strophe correspond à la description et la position choquante de la charogne.
Le cadavre est personnifié « jambe » v5, « suant » v6, « ventre » v8 et n’est pas qu’un objet inanimé car il utilise le verbe « ouvrait son ventre » v8.
La charogne est comparée à une prostituée « femme lubrique » v5, l’adjectif « brûlante » v6, le participe présent « suant » v6, « jambe en l’air » v.5 et « le ventre » qui fait référence aux parties intimes.
Vers 6 l’adjectif « brulante » fait référence à l’appétit sexuel de la femme, « suant les poisons » représente les vices de la femme comme les maladies qu’elle transmet.
Vers 7 la personnification « d’une façon nonchalante et cynique » est formée par des adjectifs péjoratifs à connotation immorale.
Enfin, le terme « exhalaisons » v8 fait appel au sens de l’odorat et renvoie à la mauvaise odeur des prostitués de l’époque.
Baudelaire établit un lien entre la femme aimée et le cadavre décomposé.
A travers cette description, Baudelaire fait intervenir les sens de la vue, du toucher et de l’odorat et ainsi donne vie à ce qu’il décrit.
Baudelaire juxtapose encore 2 réalités contraires en rapprochant « poison » v 7 synonyme de mort et « ventre plein d’exhalaison » v8 synonyme de vie car un ventre plein est porteur de vie.
Progressivement, dans la 3ème strophe Baudelaire conduit le lecteur vers la laideur.
Il évoque la décomposition par l’effet du soleil v9.
L’antithèse « soleil » et « pourriture »
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