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Ronsard, Comme on voit sur la branche

Commentaire de texte : Ronsard, Comme on voit sur la branche. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  6 Mai 2023  •  Commentaire de texte  •  2 517 Mots (11 Pages)  •  128 Vues

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Commentaire rédigé du poème

« Comme on voit sur la branche »

Catulle et Lesbie, Pétrarque et Laure, Ronsard et Hélène ou Cassandre ou Marie : les poètes ont souvent célébré leurs maîtresses dans leurs œuvres. Elles étaient les Muses qui les inspiraient, leur soufflaient les poèmes d’amour qui les rendaient célèbres. A l’instar des Anciens, Ronsard, digne poète de la Pléiade, véritable “vates”, prophète, qui reçoit des Muses la fureur poétique, fait de sa poésie un véritable sacerdoce: il devient ainsi, grâce à elle, un élu des dieux et un guide pour l’humanité. (Entrée en matière=Présentation de l’auteur, de son mouvement, de ce qui fait de lui un être singulier)

Ce sonnet de Ronsard “Comme on voit sur la branche”, tiré du Second livre des Amours, publié en 1578, évoque la perte de sa bien-aimée, Marie Dupin, associée à la nature, prématurément disparue. La Muse est donc morte. Nous nous demanderons alors comment la poésie, rendant hommage à la femme aimée dans ce sonnet élégiaque, est un moyen de soulager le poète et en quoi le poète, au-delà de sa souffrance, est capable de transfigurer la mort. (Problématique)

Nous verrons d’abord comment Ronsard fait l’éloge de la femme aimée à travers une comparaison pleine de sens. Ensuite, nous montrerons comment le poète a recours à l’élégie pour exprimer ses sentiments et immortaliser celle qu’il aime. (Annonce du plan)

Tout d’abord, le poète amoureux représente sa maîtresse, Marie, de manière élogieuse, en la comparant à la plus belle des fleurs, la rose. (Annonce du I)

En effet, la structure du poème repose entièrement sur une comparaison entre la fleur et la femme, ce qui met en valeur l’identité profonde qui existe entre elles. (Annonce du A) Ainsi, les deux quatrains sont consacrés à une description de la rose, évoquant sa naissance, son épanouissement, puis son flétrissement et sa mort, c’est-à-dire le cycle de la vie de la fleur. A cette anecdote de portée apparemment générale, comme le souligne l’utilisation du pronom personnel « on » (v. 1), succèdent deux tercets qui s’adressent à la femme aimée, elle aussi disparue. Les deux parties du poème sont intimement liées par l’utilisation de la conjonction de subordination « comme » (début du vers 1), qui amorce la comparaison, et de l’adverbe de liaison « ainsi » qui explicite au début du premier tercet, c’est-à-dire à la charnière du sonnet, la comparaison qui est établie entre la rose et Marie. Et c’est le dernier vers de ce premier tercet, « La Parque t’a tuée, et cendres tu reposes », qui explique véritablement la ressemblance entre elles deux : la mort a tué Marie, comme la pluie et la chaleur ont tué la rose. Outre ce recours à la figure de la comparaison, la structure du poème souligne d’une autre manière l’identité entre la femme et la fleur : le dernier vers (parlant de Marie) s’achève par le mot « roses » et fait ainsi écho au premier vers, dont la structure syntaxique permet de mettre en relief le mot « rose » placé à la rime : « Comme on voit sur la branche au mois de mai la rose ». La fleur et la femme aimée sont ainsi unies par la rime et par cette structure circulaire du poème. Enfin, le premier tercet, pour évoquer Marie, reprend des termes qui ont servi à décrire la rose dans le premier quatrain : « première » (v. 2 et 9), « jeunesse » (v. 2) et « jeune » (v. 9), ce qui souligne une nouvelle fois la ressemblance entre les deux. De même, la rose est personnifiée, elle emprunte ses attributs à la femme – le nom « jeunesse » convient moins à une plante qu’à une femme – et la femme est en quelque sorte « naturalisée », puisqu’elle est transformée en « roses » au dernier vers. Le poète ne cesse donc, par divers moyens, de montrer que la rose et Marie ont une nature très semblable. (Petite phrase conclusive)

De surcroît, ce choix de la rose n’est pas anodin puisqu’elles semblent partager des valeurs symboliques. (Annonce du B) D’une part, elles ont en commun les mêmes qualités : la « jeunesse » d’une part, comme en témoigne le champ lexical du commencement, « mois de mai » qui est associé au printemps, « jeunesse », « première », « Aube », « point du jour », « première et jeune nouveauté ». La rose comme Marie rayonnent d’une « jeunesse » et d’une fraîcheur éclatantes. La « beauté » est mise en avant d’autre part : toutes deux charment les sens. Le poète nous dit ainsi que la fleur séduit par « sa vive couleur » (v. 3), ce qui relève du sens de la vue, et par son « odeur » (v. 6), ce qui relève du sens de l’odorat. En fait, Ronsard a choisi la rose pour sa valeur symbolique : la reine des fleurs représente la plus belle des femmes, car toutes deux figurent avec évidence « la grâce » et « l’amour » (v. 5), elles inspirent naturellement l’Amour. Finalement, elles rivalisent d’éclat avec les éléments naturels : la rose éclipse le ciel « jaloux de sa vive couleur », la femme aimée est placée au centre de l’univers et admirée de « la terre et [du] ciel [qui] honoraient [sa] beauté » (v. 10). Par cette allusion aux éléments naturels qui s’inclinent devant la rose et Marie, le poète fait un éloge hyperbolique, exagéré, de leur beauté. Cette comparaison, développée sur dix vers, qui repose sur des éléments narratifs, une personnification du « ciel » et de l’« Aube », une allégorisation des sentiments, « la grâce » et « l’amour », est donc très travaillée, très étudiée : Ronsard réutilise ici avec virtuosité un topos symbolique de la Pléiade, qui évoque très souvent la beauté de la femme en la comparant avec celle de la rose. (Petite phrase conclusive)

Cependant la fleur et la femme ne partagent pas que la beauté et la jeunesse, elles se ressemblent aussi par leur caractère éphémère – c’est un autre topos de la Pléiade – et ce poème de Ronsard s’attache surtout à évoquer cette beauté périssable. (Annonce du C) La rose et Marie sont toutes deux victimes de la fuite du temps, et confrontées à une mort inéluctable. En effet, la conjonction de coordination « mais », au centre exact du poème, introduit une rupture : la mort fait irruption dans le poème. Elle est à la fois brutale – rien dans le début du poème ne laissait présager qu’elle allait surgir – et présentée comme un long dépérissement, un déclin progressif, comme en témoignent l’adjectif « languissante » et le rythme extrêmement régulier (3/3//3/3) du vers 8. La fleur et la femme aimée subissent donc le même sort, elles sont condamnées à mourir, comme le marque le champ lexical de la mort : « meurt », « tuée », « cendres

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