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Les lettres Persanes lettre 111

Commentaire de texte : Les lettres Persanes lettre 111. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  19 Mai 2023  •  Commentaire de texte  •  2 702 Mots (11 Pages)  •  123 Vues

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  1.       Les Lettres persanes  est un roman écrit par Montesquieu et publié anonymement en 1721. Il relate les échanges entre deux persans nommés USBEK et RICA en voyage en France qui correspondent avec des proches restés en Perse. Cette correspondance permet à l'auteur de critiquer la société à travers le regard faussement naïf des étrangers.

LETTRE CXI.

RICA À ***

        Le rôle d’une jolie femme est beaucoup plus grave que l’on ne pense. Il n’y a rien de plus sérieux que ce qui se passe le matin à sa toilette, au milieu de ses domestiques ; un général d’armée n’emploie pas plus d’attention à placer sa droite ou son corps de réserve, qu’elle en met à poster une mouche[1] qui peut manquer, mais dont elle espère ou prévoit le succès.

        Quelle gêne d’esprit, quelle attention, pour concilier sans cesse les intérêts de deux rivaux, pour paraître neutre à tous les deux, pendant qu’elle est livrée à l’un et à l’autre, et se rendre médiatrice sur tous les sujets de plainte qu’elle leur donne !

        Quelle occupation pour faire venir parties de plaisir sur parties, les faire succéder et renaître sans cesse, et prévenir tous les accidents qui pourraient les rompre !

        Avec tout cela, la plus grande peine n’est pas de se divertir ; c’est de le paraître : ennuyez-les tant que vous voudrez, elles vous le pardonneront, pourvu que l’on puisse croire qu’elles se sont réjouies.

        Je fus, il y a quelques jours, d’un souper que des femmes firent à la campagne. Dans le chemin elles disaient sans cesse : Au moins, il faudra bien rire et bien nous divertir.

        Nous nous trouvâmes assez mal assortis, et par conséquent assez sérieux. Il faut avouer, dit une de ces femmes, que nous nous divertissons bien : il n’y a pas aujourd’hui dans Paris une partie aussi gaie que la nôtre. Comme l’ennui me gagnait, une femme me secoua, et me dit : Eh bien ! ne sommes-nous pas de bonne humeur ? Oui, lui répondis-je en bâillant ; je crois que je crèverai à force de rire. Cependant la tristesse triomphait toujours des réflexions ; et, quant à moi, je me sentis conduit de bâillement en bâillement dans un sommeil léthargique, qui finit tous mes plaisirs.

De Paris, le 11 de la lune de Maharram, 1718.

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Problématique : portrait critique et ironique de figure de femme française

  1. Une peinture étonnée de la femme française au XVIIIème siècle
  1. Un échange épistolaire
  1. les marque de la lettre
  2. indices de étranger
  3. un locuteur au plus près de la situation
  1. Portrait de la « jolie femme » : de l’importance du paraître
  1. généralisation : hyperonyme et article indéfini
  2. jeu de rôle : importance du « paraître » X2, « mouche, toilette »
  1. Entre étonnement et satire : le divertissement au féminin
  1. jeu de séduction : champ lexical du plaisir
  2. en tous lieux : intime et « campagne »
  3. à tout moment : permanence du comportement « matin » « sommeil »
  1.  Critique et Satire
  1. La comparaison satirique : l'analogie avec le général
  1. renversement des idées : antithèse
  2. tonalité comique : contraste
  1.  Manipulation et duplicité
  1. sarcasme de 1ère phrase
  2. femme vue comme un stratège : double jeu et manipulation
  1.  Anecdote et tonalité comique
  1. passage au récit à valeur d'exemple
  2. comique de situations
  3. comique de gestes

        Le XVIIIème siècle, aussi appelé siècle des Lumières, est celui de l'engagement littéraire pour la liberté de pensée et d'être. Les écrivains s'érigent en philosophes pour remettre en question l'ordre social, politique et religieux qui régit la France. Parmi eux, Montesquieu consacre plusieurs ouvrages à repenser la société comme dans son traité théorique intitulé L'Esprit des lois. Cependant, avec Les lettres Persanes, la forme du roman épistolaire, très en vogue à son époque, lui permet une écriture divertissante qui développe un propos critique. Le choix de faire correspondre les persans USBEK et RICA en voyage en France, permet à l'auteur, sous couvert de la naïveté et de la candeur de ses personnages, de proposer une critique sévère et acerbe de la société de son temps. Dans la lettre 111, Rica écrit à un destinataire anonyme pour lui faire par de ses réflexions sur le comportement des femmes françaises qu'il côtoie lors de son séjour à Paris. Après avoir caractérisé la femme française, il se met en situation pour illustrer son propos.

        Ainsi, nous verrons que cet extrait est l'occasion de dresser un portrait sans concession des femmes françaises préoccupées par les apparences et le mensonge.

        Nous monterons que cette lettre est une peinture de la femme dont Rica trouve le comportement surprenant ce qui lui permet de développé un propos critique et satirique qui divertit le lecteur.

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        L’ensemble de la lettre est entièrement focalisé sur la figure de la « jolie femme » française du XVIIIème siècle que l’on découvre d’après le point de vue candide du  persan qui en dessine un portrait à la fois physique et moral.

        Tout d'abord, on est en présence d’un échange épistolaire destiné à faciliter la critique de moeurs. En effet, l’épigraphe nomme le voyageur Rica comme émetteur de la lettre : il est persan comme le sous-entend la datation  « le 11 de la lune de Maharram, 1718 » et donc peu familier avec les usages de la société française de même que le destinataire qui lui, en revanche n’est pas nommé. Ces correspondances entre deux orientaux implique que Rica détaille ce qu'il découvre, ce qu'il ne connaît pas «de  Paris » d'où il écrit. Le procédé épistolaire permet à Montesquieu de poser un regard décaler, faussement naïf sur les usages sociaux. De plus, l’emploi de la première personne du singulier situe l’énonciation de la lettre. Le locuteur s’implique, ce qui révèle une forme de proximité avec l’objet de ses attentions.

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