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Montesquieu ,Lettres persanes, lettre 161 : le suicide de Roxane

Commentaire de texte : Montesquieu ,Lettres persanes, lettre 161 : le suicide de Roxane. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  5 Septembre 2017  •  Commentaire de texte  •  1 496 Mots (6 Pages)  •  3 913 Vues

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Lecture analytique de la lettre 161 : le suicide de Roxane

C’est la lettre qui clôt le roman. La fin de l’écriture s’accompagne de la mort du locuteur, ici Roxane, la favorite d’Usbek.  Cette lettre conclut à la fois le roman du sérail et le voyage initiatique d’Usbek. Roxane y annonce sa mort prochaine et remet en question la tolérance de son mari. C’est une lettre d’aveu et de vengeance.

• Questions possibles à l’oral

Dans quelle mesure cette ultime lettre remet-elle en question la sagesse d’Usbek ?

 En quoi cette lettre s’apparente-t-elle à une scène tragique ?

 En quoi cette lettre constitue-t-elle un contrepoint à l’ensemble de l’œuvre ?

I. Une lettre de révélation

1. Un coup de théâtre

Roxane apparaît dans cette lettre avec un visage nouveau. Elle n’est plus passive et soumise mais au contraire toute-puissante. La première phrase, composée d’une succession de brèves propositions indépendantes, insiste sur sa volonté de s’affirmer et d’avouer sa responsabilité. Les nombreux verbes d’action (« je t’ai trompé », « j’ai séduit », « je me suis jouée ») la montrent actrice de sa vie. Contrairement à l’image vertueuse que se faisait Usbek de sa femme, elle apparaît ici perfide et manipulatrice. Malgré son emprisonnement dans le sérail, Roxane proclame sa liberté : « J’ai toujours été libre », les consonnes dures résonant comme un cri de victoire. Elle dénie ainsi à Usbek le moindre pouvoir d’assujettissement : « mon esprit s’est toujours tenu dans l’indépendance ». Elle parle de sa « soumission » pour mieux la renier : « en souffrant qu’on appelât de ce nom ma soumission », « tu as eu l’avantage de croire qu’un cœur comme le mien t’était soumis ». Elle lui refuse désormais le droit de s’être cru son maître. Elle affirme n’avoir jamais été dupe : « Comment as-tu pu penser que j’étais assez crédule pour m’imaginer que je ne fusse dans le monde que pour adorer tes caprices ? » Cette question rhétorique souligne tout le cynisme de Roxane qui révèle ici à Usbek le jeu hypocrite qu’elle a joué depuis toujours avec lui. Elle affirme l’avoir manipulé : « tu me croyais trompée, et je te trompais », parallélisme par lequel elle veut prouver sa supériorité dans la malice et la perversité : elle n’est plus positionnée en complément mais en sujet.

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2. L’éloge de la nature

 Elle désire incarner désormais sa nature et plus largement la nature féminine. Elle tient un discours profondément féministe puisqu’elle proclame le droit d’être l’égale des hommes et d’avoir les mêmes désirs qu’eux : « j’ai réformé tes lois sur celles de la nature ». Son maître n’est plus désormais son mari mais la nature.  Elle affirme avoir métamorphosé « [s]on affreux sérail » en « un lieu de délices et de plaisirs ». Cette antithèse souligne le cynisme de Roxane et l’ironie de la situation pour Usbek. Elle revendique le droit au plaisir : « délices », « plaisirs », « tous mes désirs ». Ce discours révolutionnaire renverse les valeurs défendues par la religion et par la société persane. Roxane défend un discours avant tout égalitaire.

3. Les aveux de Roxane

Roxane avoue tout d’abord son mensonge et son attitude hypocrite : « jusqu’à te paraître fidèle », « paraître à toute la terre », la répétition du verbe insistant sur son double jeu non seulement aux yeux de son époux mais aussi aux yeux de tous. La vertu qu’elle incarnait était feinte, jouée pour mieux tromper son époux. Elle dénonce la crédulité de celui-ci pour l’humilier : « croire qu’un cœur comme le mien t’était soumis ». Elle lui lance au visage tout son mépris. Elle lui révèle ensuite toute la haine qu’elle lui voue. Le ton sarcastique et ironique qu’elle utilise trahit son ressentiment et son désir de vengeance. Elle fait un parallèle entre les attentes de son mari : « les transports de l’amour » et ses sentiments à elle : « la violence de la haine », tout opposés. L’imparfait itératif présent dans les analepses signifie que sa colère et son aversion datent du début de leur relation. Il n’y a que son langage qui soit « nouveau ». Elle lui avoue enfin sa passion pour un autre homme : « le seul homme qui me retenait à la vie n’est plus », qu’elle nomme « le plus beau sang du monde », comme un dernier pied de nez à Usbek.

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