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La lettre de Manon Lescaut

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Par   •  8 Juin 2023  •  Analyse sectorielle  •  1 205 Mots (5 Pages)  •  311 Vues

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La lettre de Manon Lescaut

Introduction

L’Abbé Prévost, né en 1697, est un écrivain prolixe, mais la postérité n’a retenu de lui qu’un seul roman, Histoire du Chevalier des Grieux et de Manon Lescaut, qui constitue le septième tome des Mémoires et aventures d’un homme de qualité.

Ce roman rencontra un succès immédiat lors de sa publication en 1731, mais fut frappé par la censure pour immoralité en dépit de la dimension morale affichée par l’auteur dans son Avis liminaire.

Le Chevalier Des Grieux vit sa passion amoureuse avec Manon Lescaut pour la seconde fois, après qu’elle a avoué son infidélité.

Dans l’extrait analysé, Manon est partie de l’appartement dans un carrosse avec son frère sans prévenir le Chevalier.

Elle laisse Des Grieux en proie à l’inquiétude et aux soupçons les plus fous.

L’Abbé Prévost, Manon Lescaut (1731)

Problématique

En quoi ce rebondissement questionne-t-il la moralité de la relation entre les deux personnages ?

Plan linéaire

Nous étudierons deux mouvements dans ce texte.

Dans un deuxième temps, nous analyserons les accents immoraux de la lettre de Manon (I).

Enfin, dans un troisième temps, nous étudierons que malgré ce récit rétrospectif, l’expression du traumatisme vécu par le Chevalier est toujours présente (II).

I – Une lettre aux accents immoraux

De « Je te jure, mon cher chevalier, que tu es l’idole de mon cœur » à « la nécessité de te quitter. »

La lettre de Manon s’ouvre par un serment solennel (« Je te jure ») et une expression affectueuse (« mon cher Chevalier »). Son amour est donc immédiatement affirmé.

Manon y fait même de Des Grieux son amant exclusif : le recours à la métaphore « tu es l’idole de mon cœur » et à la négation restrictive «il n’y a que toi au monde que je puisse aimer » indique l’intensité de ses sentiments.

Cependant, la conjonction de coordination « mais » qui ouvre sur une question rhétorique (« ne vois-tu pas ») vient ternir cette déclaration d’amour.

Elle montre que derrière la déclaration amoureuse se cache une âme calculatrice et rationnelle.

Manon change d’ailleurs subitement de registre en s’adressant au chevalier en des termes évoquant la pitié : «ma pauvre chère âme ».

Elle rappelle que sa condition ne la satisfait pas (« dans l’état où nous sommes réduits »).

Enfin, elle dénigre la fidélité à laquelle elle s’était engagée en la qualifiant de « sotte vertu ».

Sont alors mis sur le même plan un engagement pris, la fidélité, et une situation financière désastreuse, illustrée par l’expression « lorsqu’on manque de pain ».

Le champ lexical du sentiment se mêle à celui, plus prosaïque, de la faim.

La lettre se poursuit avec une forme de cynisme, Manon justifiant son départ par un manque de ressources : «je rendrais quelque jour le dernier soupir, en croyant en pousser un d’amour ».

Le style posé, le jeu de mot sur le terme soupir révèle une Manon calculatrice qui maîtrise son discours.

Elle réitère son amour dans une hyperbole (« Je t’adore, compte là-dessus »), mais ces exagérations font douter de sa sincérité.

D’autant plus que s’ensuit un ordre à l’impératif : Manon enjoint au Chevalier de lui confier « le ménagement de [leur] fortune ».

L’adjectif possessif « notre fortune » suggère l’union de leur destin.

Mais le contraste entre les termes affectueux hyperboliques et les actions immorales de Manon dévoile une stratégie libertine : les mots sont utilisés comme des armes, pour travestir la vérité et manipuler l’amant.

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