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Explication linéaire "A une passante" de Baudelaire

Commentaire de texte : Explication linéaire "A une passante" de Baudelaire. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  5 Janvier 2024  •  Commentaire de texte  •  1 555 Mots (7 Pages)  •  58 Vues

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À une passante : Analyse linéaire

Introduction : Le poème fait partie de l'ensemble des 18 poèmes intitulé « Tableaux parisiens », dans les Fleurs du Mal publiées en 1861 (2e édition). La ville constitue, par la multiplicité de spectacles et les possibilités de rencontres qu'elle offre, un puissant excitant pour l'imagination et pourrait donc distraire du spleen (la première et la plus importante partie des Fleurs du mal s'intitule Spleen et Idéal 85 poèmes). Dans ce sonnet le poète évoque une rencontre : celle très brève d'une femme croisée dans la rue et il comprend qu'ils auraient pu être destinés l'un à l'autre. Mais la fraternité au sein de la grande ville est illusoire et le poète est renvoyé à sa solitude.

Problématique : Comment Baudelaire renouvelle-t-il la forme fixe et traditionnelle du sonnet à travers son expérience urbaine ?

Composition : Les deux quatrains donnent successivement une vision de la rue puis de l'inconnue qui est d'abord vue de loin puis décrite en gros plan. Dans les tercets le poète s'adresse à cette femme qui est irrémédiablement passée et s'interroge sur des futurs possibles avant de faire un double constat d'échec.

I La rue

Vers 1 : « assourdissante, hurlait » personnification par la métonymie (ce n’est pas la rue qui hurle mais ses éléments). Ces deux mots suggèrent l'absence d'harmonie et un bruit plutôt désagréable et fort. On peut évoquer une cacophonie de sons vocaliques dans le vers formant des hiatus :

a-u-a-ou-i-an-au-ou-oi-u-ai

Cette cacophonie est mise en relief par la structure rythmique du vers : alexandrin en   2/4 // 4/2 : La rue / assourdissante // autour de moi / hurlait. Le poète est isolé au milieu de la rue. Il ne participe pas au mouvement ni au bruit qui lui sont extérieurs. Il semble étranger au monde qui l'entoure.

II La présentation de la femme (vers 2 à 5)

Vers 2 à 5 : Verbes de mouvement : « passa », « soulevant », « balançant ». Le passé simple évoque la rapidité du mouvement. Champ lexical de la grâce : « Longue, mince » et « agile ». Adjectifs liés à sa silhouette + « soulevant » et « balançant » 🡪 mvt ample et souple. On retrouve cette souplesse dans le rythme des alexandrins 🡪 tétramètres réguliers :

Vers 3 : Une fem/me passa, // d'une main/ fastueuse : 3/3//3/3

Vers 4 : Soulevant/, balançant //le feston /et l'ourlet : 3/3//3/3

Vers 2 à 5 : Il émane d'elle une grande séduction qui est renforcée par l'emploi des mots feston (qui renvoie au jupon) et ourlet (bas de la jupe) qui dégagent la jambe 🡪 champ lexical de la couture. « Une main fastueuse » : mouvement de la main qui crée un jeu érotique, entre ce qui est montré et ce qui est caché. On a d’ailleurs la jambe qui apparaît au début du quatrain suivant.                                                                                         « en grand deuil, douleur majestueuse »  : chiasme qui renforce la douleur de la femme + « douleur majestueuse » : oxymore. Champ lexical de la noblesse : « majestueuse, fastueuse, noble, statue ». La rime [tueuse] aux vers 2et 3 annonce le plaisir qui tue. La statue évoque à la fois la perfection esthétique et une certaine froideur 🡪 Mais la statue est l'idéal de beauté chez Baudelaire. La femme se démarque de la cacophonie de la rue par son harmonie et des personnages normalement rencontrés dans les tableaux parisiens (vieillards, aveugles, prostituées).

III Le gros plan sur les yeux et les premières réactions du poète (vers 6 à 9)

a) Les réactions du poète :

« je buvais » : la rencontre prend une durée importante grâce à l'imparfait 🡪 instant d'éternité. « crispé comme un extravagant » : comparaison le poète regarde la femme de façon angoissée. « Moi, je » pronom personnel sous forme tonique : Le poète est isolé par la virgule + opposition entre lui immobile et crispé et elle grâcieuse et en mouvement. « je buvais » ici son COD est au vers 8 et on se rend compte que le poète boit la « douceur qui fascine et le plaisir qui tue ». Parallélisme de PSR pour montrer l’effet de la femme sur le poète. Le poète est isolé et passif dans cette scène

b) Le regard de la femme

Vers 7 : « Son œil » 🡪 singulier. C'est la porte d'entrée/ la fenêtre vers le monde intérieur de la femme. « ciel livide où germe l’ouragan » métaphore : l'œil est comparé à un ciel vide et calme mais comme on dit « le calme avant la tempête » donc chez la passante des forces contradictoires cohabitent : la douceur et la violence. Baudelaire est fasciné car il y a en cette femme le plaisir et la tristesse.  

Vers 9 : « Un éclair... puis la nuit !» antithèse entre « éclair » et « nuit », entre idéal et spleen. La perspective de vies possibles avec cette inconnue a été très brève, a duré le temps d'un éclair 🡪 photographie qui existait déjà à cette époque. Dès que la femme s’en va, le poète retombe immédiatement dans sa nuit intérieure, le spleen.                          Ponctuation de ce vers : les points de suspension qui suggèrent ce temps suspendu puis le point d'exclamation qui marque la rupture assez brutale entre la lumière et l'ombre autrement dit entre l'espoir et le spleen .

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