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Commentaire: A Une Passante - Baudelaire.

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Par   •  2 Janvier 2013  •  2 284 Mots (10 Pages)  •  2 475 Vues

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COMMENTAIRE « A UNE PASSANTE » - BAUDELAIRE

Extrait des « Tableaux Parisiens » des Fleurs du Mal, ce sonnet de Baudelaire, écrit en 1857, est consacré au thème de la rencontre, comme dans Les Petites Vieilles ou Les Aveugles. Les hasards de la ville font se croiser le poète et une belle inconnue, qui incarne la Beauté, à la fois fascinante et insaisissable.

Je propose d’aborder dans un 1er temps la construction du poème autour de ces 2 étapes (l’apparition puis la disparition de la passante)- I-

Dans un 2d temps, je développerai le choc bouleversant que représente pour Baudelaire cette rencontre éphémère (II).

I – UN POEME CONSTRUIT AUTOUR DE 2 ETAPES : L’APPARITION PUIS LA DISPARITION DE LA PASSANTE

1) Les deux premiers quatrains : l’apparition de la femme

-1er quatrain : une vision provoquant une rupture par rapport au cadre urbain.

-Vers 1 : on retrouve le Paris moderne, affairé et bruyant, souvent décrit par Baudelaire (contemporain de la percée des « grands boulevards »).

Le verbe « hurlait » évoque dissonance et agitation agressive de la rue, hostiles à la rêverie (« rue assourdissante »).

La foule anonyme est perçue de façon collective à travers une métonymie.

-Vers 2 : la cacophonie urbaine va magiquement s’effacer, abolie dans l’esprit du poète par l’apparition de la beauté : longue énumération de caractéristiques élogieuses qui expriment beauté, majesté, harmonie (« longue, mince, majestueuse, fastueuse, agile, noble »)

Le verbe « passa » (v. 3) au passé simple exprime une vision rapide, apparition au milieu de la foule. La femme émerge donc comme une vision impressionnante. Son apparition est comme un éblouissement qui provoque le coup de foudre du poète.

-Second quatrain : description de la beauté fascinante de la passante, telle que je l’aborderai plus en détail dans la seconde partie.

2-Les deux tercets : la disparition de la femme

Le vers 9 : « Un éclair…puis la nuit ! – Fugitive beauté » est un vers de transition :

• L’éclair, c’est l’illumination de l’être par la vision de la Beauté

• La nuit exprime la déception de la perte, la disparition de la passante, le retour brutal au réel après le rêve.

Le 1er hémistiche du vers 9 symbolise le caractère éphémère de la rencontre. La ponctuation particulière du vers à savoir l’utilisation des points de suspension met en relief une rupture renforcée par le caractère antithétique des mots éclair /nuit.

Le point d’exclamation dramatise la brutalité du retour au monde réel.

Enfin, le tiret marque la séparation entre les deux mouvements du poème, et marque peut-être aussi le début d’un passage « dialogué », d’un discours rapporté en style direct.

Le 2nd mouvement, séparé du premier par le tiret (v9) montre la répercussion intérieure de cette rencontre : le poète s’adresse à celle qu’il a croisée, comme on invoque une disparue.

Dépassant le plan sentimental, le sonnet formule l’espoir d’un au-delà mystique, où s’accompliraient les promesses de l’amour terrestre :

« Ne te verrai-je plus que dans l’éternité ?

Ailleurs, bien loin d’ici » (v. 11-12)

Espoir fragile miné par le doute : « jamais peut-être » (fin du vers 12) (notons l’italique).

La triple exclamation scande les étapes de la dégradation de tout espoir : « Ailleurs, bien loin d’ici ! trop tard ! jamais peut-être ! »

La disparition est comparée à la nuit : connotation négative car c’est la fin de l’apparition, la disparition du regard, la disparition de la passante (« car j’ignore où tu fuis » v.13), la disparition de l’espoir («Ô toi que j’eusse aimée » v.14).

De nombreux termes dans le dernier tercet évoquent le départ, la fuite, l’Ailleurs, un ailleurs temporel (« trop tard, jamais « ) et spatial (« loin d’ici, où »).

L’utilisation au v.14 du passé renvoie également à ce qui n’est plus: la disparition est sans appel.

II. LE CHOC BOULEVERSANT DE CETTE RENCONTRE EPHEMERE

2-1-La fascination de l’homme pour la femme, de l’artiste pour la beauté

a)L’expression de sa fascination

La réaction du poète est fortement émotionnelle et ingouvernable par la raison (il se compare lui-même à un « extravagant » c-a-d un fou).

« Moi, je buvais, crispé : comme un extravagant,» (Vers 6)

- ce trouble est visible dans le rythme heurté des vers 6 et 7.

- l’adjectif «crispé » indique la paralysie du narrateur sous l’effet de la fascination.

- la fascination est évoquée par les verbes « boire » (= sentir avec avidité) et « fascine ».

Le verbe « boire » dénote une pulsion avide : « je buvais dans son œil » exprime la fascination extrême qu’exerce cette femme. Il demeure ainsi passif, comme pétrifié par cette vision : l’homme s’absorbe avidement dans la contemplation de la femme dont il admire la beauté.

- Remarquons que « moi » est placé en début de vers, détaché, isolé et il est suivi de termes métaphoriques et hyperboliques pour décrire le narrateur : « crispé » et la comparaison « comme un extravagant » : ces 2 termes mettent en évidence l’attitude originale du poète dandy, inadaptée au monde qui l’entoure (cf v.1)

b) Une beauté parfaite, chargée de mystère

Le rythme remarquable de l’ample phrase (v2-5) contient son portrait en mouvement.

« Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,

Une femme passa, d’une main fastueuse

Soulevant, balançant le feston et l’ourlet ;

Agile et noble avec sa jambe de statue

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