A Une Passante, Baudelaire.

A UNE PASSANTE, de Charles Baudelaire

Présentation de l’œuvre : sonnet qui appartient à la section des « Tableaux parisiens » du recueil Les fleurs du mal, où l’univers urbain offre à Baudelaire des sujets de description et de réflexion.

Caractérisation du texte : le sonnet est construit sur un thème romanesque : celui de la rencontre amoureuse, du « coup de foudre ». Mais il est traité dans une tonalité typiquement baudelairienne puisqu’on retrouve l’éblouissement de l’attirance féminine, la recherche d’une nouvelle espérance pleinement heureuse et l’échec d’une relation qui laisse le poète désemparé.

Problématique : dans quelle mesure ce poème reprend-il l’opposition baudelairienne entre spleen et idéal ?

I. Une apparition romanesque

A. L’apparition de la femme mise en valeur par le cadre et le contexte

La rencontre se réalise dans un contexte sonore déplaisant. Vacarme de la rue moderne exprimé par la personnification de la rue (rue hurlait), par la distance entre le sujet « la rue » et le verbe « hurlait » comblé par la présence de l’adjectif « assourdissante », par le caractère hyperbolique du premier vers.

Vers qui comporte par ailleurs des insistances phonétiques : allitération en r (4), assonances en u et ou (2 fois chaque son) qui imitent par leur dureté (r), leur stridence (u) ou leur gravité l’atmosphère sonore agressive de la rue.

Effet amplifié par deux hiatus (succession de deux voyelles appartenant à des syllabes différentes, ici « rue assourdissante » et « moi hurlait ») qui rendent la phrase difficile à articuler qui ont pr effet d’amplifier la rugosité du vers.

Mot « autour », en plein milieu du premier vers » = impression que le poète est encerclé par le bruit.

→ saisir dès le premier vers que la communication entre le poète et la passante est impossible verbalement, mais ne peut exister que par le regard.

B. Une apparition mise en valeur par l’attente et portrait en mouvement, romanesque

Du vers 2 au vers 5 : présentation de la passante par progression de la vision = d’une simple silhouette au départ au détail de la main au vers 3 et de la jambe au vers 5. Le vers 5 correspond à une immobilisation de la vision sur une image fixe (« sa jambe de statue »).

Cadence ascendante (unités rythmiques s’allongent progressivement) du rythme des vers 2, 3, 4 qui fait monter le suspens en faisant précéder l’arrivée du mot « femme » par une énumération de 4 adjectifs et noms apposés/ Les vers 3 et 4 prolongent cet effet d’allongement par l’enjambement du vers 3 sur le vers 4.

Vers 3 et 4 : effet de balancement 3/3 // 3/3 qui imite le rythme et l’harmonie de la démarche → valeur imitative du rythme des vers particulièrement remarquable ici.

Domination de l’allitération douce de la sifflante s, ce qui produit un contraste porteur de sens avec la phonétique dure du premier vers.

Arrêt sur image au vers 5 qui représente peut être comme une image mentale idéalisée, la dernière que conservera le narrateur après la disparition de la passante. Dimension idéale de la femme d’ailleurs liée à son élégance aristocratique et à sa beauté sculpturale.

II. Le poète et ses réactions

A. Violence des sensations

Le récit nous fait passer de la femme à l’homme qui la regarde. Réapparition du « je » au vers 6. Tournure emphatique du « moi, je ». Paralysie du narrateur sous l’effet de la fascination (« crispé comme un extravagant »). Opposition des attitudes entre « elle » et « lui », avec opposition par exemple de la régularité des vers 3 et 4 à l’irrégularité du vers 6. Vocabulaire hyperbolique et syntaxe torturée qui traduisent la violence de l’émotion, par exemple au vers 9 (caractère très haché de ce vers)

Vers 10 : force du terme « renaître » = femme insuffle vie et inspiration au poète car elle luit fait entrevoir l’idéal de beauté

B. Des sensations contradictoires

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