En quoi Les Caractères de La Bruyère peuvent-ils être considérés comme une comédie de mœurs ?

Sujet d’entrainement sur Les Caractères :

En quoi Les Caractères de La Bruyère peuvent-ils être considérés comme une comédie de mœurs ?

I. Les Caractères : Un miroir de la société

A. Une description fidèle et variée de la société de l’époque

• La Bruyère observe tous les milieux sociaux : la cour, la ville, la campagne.
• Il présente des personnages types (Giton, Acis, Cléon, etc.), chacun représentant un comportement ou un travers social.
• Comme dans la comédie de mœurs, il y a une volonté de peindre l’homme universel à travers des cas particuliers.

B. Une peinture des coutumes et du monde de la cour

• L’auteur décrit les règles implicites, les usages, les rapports de pouvoir (le paraître, les alliances, la domination).
• Ex. : Giton illustre les codes du paraître et l'importance des signes extérieurs de puissance.
• Cette peinture ressemble à celle que fait Molière dans ses comédies, qui dépeint les travers de la bourgeoisie ou de la noblesse.

II. Le rire comme arme critique

A. L’ironie mordante et le style satirique

• La Bruyère use d’un langage ironique, avec des formules pleines de sous-entendus, de décalage entre le fond et la forme.
• L’auteur fait rire du ridicule des personnages : ce rire a une fonction dénonciatrice, comme dans la comédie.
• Ex. : Acis et son langage prétentieux – La Bruyère le tourne en ridicule pour montrer l’absurdité du pédantisme.

B. Des portraits caricaturaux qui dénoncent les excès

• Les personnages sont exagérés dans leurs défauts, ce qui crée une forme de comique (comique de caractère, de situation ou de langage).
• Ces portraits sont comparables à ceux des pièces de Molière (ex. : Tartuffe, Harpagon), qui incarnent un vice jusqu’à l’absurde.
• La critique vise aussi à réveiller les consciences : c’est un rire qui fait réfléchir.

III. Le but moral des Caractères

A. Une visée didactique : corriger les mœurs par la satire

• Loin de se contenter de faire rire, La Bruyère veut faire réfléchir son lecteur.
• Son œuvre s’inscrit dans le mouvement moraliste : il observe l’homme pour le corriger, selon la devise Castigat ridendo mores.
• Les travers dénoncés sont universels : hypocrisie, vanité, ambition, orgueil…

B. La comédie comme moyen de transformation morale

• Comme Molière, La Bruyère espère que le lecteur se reconnaîtra dans les défauts exposés et cherchera à s’améliorer.
• L’humour devient un outil pour démasquer l’hypocrisie sociale et ramener chacun à plus de simplicité et d’honnêteté.
• La Bruyère s’adresse à l’intelligence du lecteur, en l’invitant à un regard lucide et critique sur lui-même et sur la société.

Conclusion

• Les Caractères, bien que non dramatiques, ont tous les traits d’une comédie de mœurs : une peinture réaliste, un comique critique et une leçon morale.
• À travers des portraits ironiques et révélateurs, La Bruyère poursuit le même but que les dramaturges : corriger la société par la satire.
• On peut donc dire que son œuvre se lit comme une comédie silencieuse, où le théâtre des mœurs humaines se joue dans les mots plutôt que sur scène.

...