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De quelle manière la caricature qui pousse le trait ridicule des personnages sert-elle à dénoncer les travers de la société bourgeoise ?

Dissertation : De quelle manière la caricature qui pousse le trait ridicule des personnages sert-elle à dénoncer les travers de la société bourgeoise ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  6 Octobre 2023  •  Dissertation  •  2 063 Mots (9 Pages)  •  90 Vues

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DISSERTATION LITTERATURE DU XVIIe 

        « On se rend toujours ridicule quand on veut sortir de son caractère » prétend l'abbé de Bellegarde dans son ouvrage Réflexions sur le ridicule et sur les moyens de l'éviter. En effet, les personnages de nos œuvres au programmes représente bien ce trait de caractère. Les auteurs font la satire de personnages qui se prétendent autre qu'ils ne sont déjà, ce qui provoque le rire chez le lecteur. Dans le sens de cette citation, l'abbé Vincent explique dans Théorie des genres littéraires que « le ridicule naît d'un contraste opérant en nous une réaction spéciale, le rire ». Ce contraste signifie donc qu'il y a une comparaison entre deux éléments, ici entre le personnage dont l'auteur fait la satire et le lecteur. Ce dernier se compare lui même avec les personnages de la fiction et ce contraste entraîne le rire. Cependant ce contraste naît aussi d'une autre comparaison, la satire des bourgeois et donc issue de réels caractéristiques des membres de la société. Il y a donc un lien entre le monde dont on rit et le monde qui rit pour que le projet satyrique ai de la pertinence. Le comique implique donc cette distance critique du au contraste mais il y a tout de même un proximité qui invite à s'appliquer à soi même ou aux gens de notre entourage les gens qui sont satirisés.

De quelle manière la caricature qui pousse le trait ridicule des personnages sert-elle à dénoncer les travers de la société bourgeoise ?

En effet, le ridicule naît du rire que nous procure cette sensation de contraste entre la fiction et la réalité, cependant, ce contraste n'est pas une totale opposition et permet de montrer au lecteur qu'il n'est pas si différent du personnage. En outre, le ridicule sert donc à faire la satire de la société et interroge le lecteur sur son propre comportement.

        Certes, le contraste entre les personnages de fiction et la réalité permet d'engendrer le rire chez le lecteur et ainsi faire émerger le ridicule.

Tout d'abord, le ridicule naît du comportement excessif et obsessionnel des personnages, ce qui fait d'eux des personnages s'éloignant des gens de bon sens. En effet, leur comportement invraisemblable empêche le lecteur de s'identifier à eux et ce dernier peut donc en rire. Dans l’œuvre de Racine intitulé Les Plaideurs, le personnage de Dandin est caractérisé par son obsession de juger, ce dernier ne cesse de juger et en oublie même ses besoins vitaux au point d'être rappelé à l'ordre par son fils. L'invraisemblance de cette obsession le pousse même à devoir faire le procès absurde d'un chien ayant mangé un chapon dans l'acte III scène 3. C'est un personnage présenté d'emblée comme atypique, fantasque. Dans le sens de cette idée de comportement excessif, le personnage de Collantine dans le Roman bourgeois de Furetière représente le personnage type s'éloignant des gens de bon sens. Elle apparaît comme un personnage insociable à force d'agressivité, parfois à la limite du sadisme assumé. Il est dit « tout son plaisir n'était qu'à troubler le repos d'autrui ». Elle parle et agit de manière unique ce qui bloque toute possibilité d'identification de la part du lecteur/spectateur avec le personnage.

De plus, le ridicule est présent grâce au travestissement des personnages qui invite le lecteur à rire d'eux. Il y a donc bel et bien un contraste entre ce qu'ils sont vraiment et ce qu'ils souhaitent être. Furetière peint le portrait d'un jeune avocat surnommé Nicodème qui veut « passer pour des gens du bel air, et qui [croit] quand [il est] vêtu à la mode et qu'[il méprise ou raille sa] parenté qu'[il a acquis] un grand degrés d'élévation au dessus de [ses] semblables » page 81. Ici, le personnage refuse délibérément d'assumer sa propre identité et se prend pour quelqu'un de classe supérieure, ce qui le rend snobe. Également dans l’œuvre de Molière Le Bourgeois gentilhomme, le personnage de Mr Jourdain aspire à devenir gentilhomme. À l'acte II scène 5 de cette pièce, le personnage essaye un habit, dans lequel il est ridicule, pour aller par la suite le montrer dans la rue. Molière insiste donc sur le fait que vouloir se faire passer pour quelqu'un d'autre est perçu comme ridicule.

Enfin, le lecteur rit car il se sent supérieur au personnage par ses choix et ses actions qui peuvent être jugés bêtes. Le personnage comique est non seulement un original qui se détache de la communauté des gens raisonnables mais la comparaison entre eux et le lecteur semble inévitable. Ce dernier est forcément en défaveur du personnage. Le lecteur rit de lui car il se croit différent, meilleur et même plus sage. Il y a donc un contraste entre ce qu'observe le sujet qui rit chez un tiers et ce qu'aurait fait ce même sujet dans les mêmes circonstances. Le jeune Nicodème dans le Roman Bourgeois enchaîne les catastrophes à la page 131-132, il ne cesse de chuter et de briser des objets. Le personnage est tellement sot que le lecteur ne peut que se croire supérieure à celui-ci. Dans le Bourgeois gentilhomme, Mr Jourdain est un personnage complètement imperméable à l'art comme le montre la réplique « ces gens-là se trémoussent bien ». Il est incapable d'apprécier le magnifique spectacle de danse que le spectateur, lui, apprécie.il y a donc bel et bien  un effet comique qui repose sur le contraste avec la bêtise du personnage. Le récepteur se sent plus intelligent, voir supérieur. Cette joie s'apparente donc à de l'orgueil car le personnage est vu comme plus sot que soi même. Le ton comique est réjouissant dans le constat de supériorité.

En effet, il y a donc ce contraste entre la fiction et la réalité qui fait naître le ridicule dans le comportement des personnages. Le lecteur peut se comparer et se sentir supérieur, ce qui provoque chez lui la réaction du rire.

         Cependant, ce contraste n'est parfois pas une totale opposition et le lecteur/spectateur ne s'éloigne pas tant que ça du personnage. Le ridicule est donc présent dans la forme de similitude entre les deux.

Tout d'abord, la caricature des personnages, même si elle force le trait, met en avant un trait de caractères présent chez les gens de la société. Dans le Bourgeois gentilhomme, Mr Jourdain représente la folie des grandeurs, souvent présent chez les bourgeois. La satire de ce personnage est donc issue de réels caractéristiques des membres de la société. De même pour Dandin dans Les Plaideurs, personnage dont Racine fait la satire afin de parodier de la disance des juristes. Cette parodie est présentée comme le reflet exagéré mais fidèle de l'opacité de ce langage. Collantine quant à elle représente un sadisme pure. Ce personnage ridicule est foncièrement antipathique et ne présente aucune sympathie. Furetière insinue donc que cette méchanceté est naturelle chez les bourgeois de la société.

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