Bac Blanc français: Dissertation: En quoi les paroles ou les pensées des personnages permettent-elles à un auteur de faire comprendre son point de vue sur le monde réel et sur l’individu ?
Documents Gratuits : Bac Blanc français: Dissertation: En quoi les paroles ou les pensées des personnages permettent-elles à un auteur de faire comprendre son point de vue sur le monde réel et sur l’individu ?. Recherche parmi 289 000+ dissertationsPar sbhryuroa • 9 Septembre 2014 • 1 686 Mots (7 Pages) • 1 555 Vues
François Mauriac, dans Le romancier et ses personnages, 1933, écrit à propos des auteurs de romans : « Les
personnages qu’ils inventent ne sont nullement créés, si la création consiste à faire quelque chose de rien. Nos
prétendues créatures sont formées d’éléments pris au réel ; nous combinons, avec plus ou moins d’adresse, ce que
nous fournissent l’observation des autres hommes et la connaissance que nous avons de nous-mêmes. Les héros
de romans naissent du mariage que le romancier contracte avec la réalité. »
En quoi les paroles ou les pensées des personnages permettent-elles à un auteur de faire comprendre son point de
vue sur le monde réel et sur l’individu ? Vous vous appuierez sur les textes du corpus, sur ceux que vous avez pu
étudier en classe, et sur vos lectures personnelles.
Lecture du sujet et réflexions préliminaires
La question est précise, et contient la problématique : En quoi les paroles ou les pensées des personnages
permettent-elles…
Cela implique une réflexion plutôt thématique, recherchant les types de personnages et la manière dont les auteurs
les ont représentés, ou les modalités de cette représentation du personnage.
Cela peut conduire à diverses sortes de plans.
La citation de Mauriac peut être utile : « nous combinons, avec plus ou moins d’adresse, ce que nous
fournissent l’observation des autres hommes et la connaissance que nous avons de nous-mêmes » et « Les
héros de romans naissent du mariage que le romancier contracte avec la réalité. »
Cela signifie que le romancier procède à une réflexion sur lui-même, sur les autres hommes, c’est-à-dire le monde,
puis construit des personnages plus ou moins composites. Ceux-ci représentent donc, implicitement et
logiquement, des aspects de la réalité qui nous environne, mais modifiés, interprétés, jugés, délimités, par la
capacité du romancier à voir le monde, ou par sa volonté de ne voir que telle ou telle partie du monde.
Mauriac ne dit à aucun moment que le romancier est un essayiste qui donne une opinion directement.
Donc on rejoint ce que la lecture de la question finale nous disait.
Quel plan ? Ou quels arguments ? Ou quels types d’exemples ?
Le personnage peut-être un porte-parole, plus ou moins visible : son statut de héros, ou de penseur, ou d’acteur
dans un monde proche du monde réel, permet de comprendre un point de vue, c’est-à-dire l’endroit où se place
l’auteur pour faire sa description, ou son point de vue au sens où il s’agit d’une opinion : le cas d’Etienne Lantier
est particulièrement propice à cela.
Voltaire prend aussi le Huron comme porte-parole, indirectement, puisqu’il nous le montre pensant, analysant la
société du siècle de Louis XIV, parlant à des personnages proches de cette réalité, soit qu’ils aient véritablement
existé, soit qu’ils soient le double littéraire de tel ou tel dignitaire de l’2glise ou de la royauté. Les exemples sont
faciles à trouver : la conversation avec les Huguenots permet au Huron d’entendre et de comprendre ce qu’un
autre personnage, le petit homme noir, explique sous la forme d’une leçon d’histoire politique, sociale et
économique.
On élargit sur Zola, et on trouve les personnages à fonction d’exemple, exemple de victime, ou de bourreau : la
description du travail des mineurs, les montrant miséreux, mais actifs, ou les montrant soumis à leurs employeurs,
ou victimes, fait comprendre une intention sociale, pas forcément dénonciatrice mais au moins sélective. Idem
pour L’Assommoir : les paroles de Coupeau, son langage vulgaire, les pensées de Gervaise devant l’alambic, les
paroles de Nana à son père, les racontars de la troupe des repasseuses dans l’atelier de Gervaise, sont bien une
description d’un Paris populaire, plein de petits défauts, donc on comprend que Zola a voulu nous faire sentir la
misère morale et sociale d’un quartier, la Goutte d’Or.
On élargit sur Hugo, Le dernier jour d’un condamné, et le personnage est porteur d’une idéologie contraire à la
peine de mort, le récit entier le montre, les discours que Hugo lui fait tenir sont révélateurs.
On revient à Zola, Nana est un personnage qui porte en lui assez de tares pour représenter le peuple vicié par son
éducation ou par les classes sociales aisées, puisque c’est une fille du peuple plutôt inculte et ignorante, mais sa
beauté physique et son absence de morale (pas de transmission par les parents, cf. L’assommoir) font d’elle une
proie consentante, une poule de luxe, ce qui permet de montrer l’immoralité du monde du spectacle, de la presse,
de la banque.
On revient à Maupassant : Duroy, surnommé Bel-Ami, représente le type de l’arriviste sans scrupules, et le monde
dans lequel il évolue est lié à la critique morale, même si Maupassant ne porte aucun jugement direct : ce sont les
autres personnages qui font le portrait de Duroy, ou ses pensées intimes qui le montrent comme amoral, ou le récit
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