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Commentaire de texte Marivaux, Les Fausses Confidences, I, 14

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Par   •  12 Mars 2023  •  Commentaire de texte  •  1 840 Mots (8 Pages)  •  147 Vues

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Texte 1 : Marivaux, Les Fausses Confidences, I, 14

(Page 40 - de la ligne 16 à 47)

(D1) Dubois :  Si je le connais, madame ! si je le connais ! Ah ! vraiment oui ; et il me connaît bien aussi. N’avez-vous pas vu comme il se détournait, de peur que je ne le visse ?

(A1) Araminte : Il est vrai, et tu me surprends à mon tour. Serait-il capable de quelque mauvaise action, que tu saches ? Est-ce que ce n’est pas un honnête homme ?

(D2) Dubois : Lui ! Il n’y a point de plus brave homme dans toute la terre, il a peut-être plus d’honneur à lui tout seul que cinquante honnêtes gens ensemble. Oh ! c’est une probité merveilleuse ; il n’a peut-être pas son pareil.

(A2) Araminte :  Eh ! de quoi peut-il donc être question ? D’où vient que tu m’alarmes ? En vérité, j’en suis toute émue.

(D3) Dubois : Son défaut, c’est là. (Il se touche le front.) C’est à la tête que le mal le tient.

(A3) Araminte : À la tête ?

(D4) Dubois : Oui ; il est timbré, mais timbré comme cent.

(A4) Araminte : Dorante ! il m’a paru de très bon sens. Quelle preuve as-tu de sa folie ?

(D5) Dubois : Quelle preuve ? Il y a six mois qu’il est tombé fou, qu’il en a la cervelle brûlée, qu’il en est comme un perdu. Je dois bien le savoir, car j’étais à lui, je le servais ; et c’est ce qui m’a obligé de le quitter ; et c’est ce qui me force de m’en aller encore : ôtez cela, c’est un homme incomparable.

(A5) Araminte, un peu boudant : Oh bien ! il fera ce qu’il voudra ; mais je ne le garderai pas. On a bien affaire d’un esprit renversé ; et peut-être encore, je gage, pour quelque objet qui n’en vaut pas la peine ; car les hommes ont des fantaisies !…

(D6) Dubois : Ah ! vous m’excuserez. Pour ce qui est de l’objet, il n’y a rien à dire. Malepeste ! sa folie est de bon goût.

(A6) Araminte : N’importe ; je veux le congédier. Est-ce que tu la connais, cette personne ?

(D7) Dubois :  J’ai l’honneur de la voir tous les jours ; c’est vous, madame.

(A7) Araminte : Moi, dis-tu ?


Texte 1 : Marivaux, Les Fausses Confidences, I, 14

Explication Linéaire

1°)  Introduction  

L’extrait que je vais vous présenter aujourd’hui est issue de la comédie « Les Fausses Confidences » écrite par Marivaux ; un des plus grands dramaturges français du 18ième siècle. Ses comédies, dans le contexte du siècle des lumières, critiquent un ordre social où la naissance accorde des privilèges au détriment du mérite. Elles sont souvent fondées sur des intrigues jouant avec les inversions, mettant en scène le pouvoir du langage où le mensonge conduit la vérité.

Les Fausses confidences est une comédie en trois actes et en prose, représentée pour la première fois en 1737 par les comédiens italiens. Elle raconte l’histoire de Dorante, petit bourgeois sans fortune, amoureux de la riche veuve Araminte. L’union paraît a priori impossible mais le valet Dubois met en place une stratégie liée à de fausses confidences, stratégie qui permettra une résolution heureuse de l'action.

L’extrait dont il s’agit ici vient de l’acte 1, scène 14 dans lequel la première étape du plan de Dubois est présenté. Dubois peut alors déployer son stratagème et révéler le pouvoir de la ruse et de la parole.

Je vous propose maintenant une lecture du texte.

2°) Lecture du texte

3°) Annonce de la problématique et du plan linéaire

L’analyse linéaire prendra comme file directeur la question suivante :  Comment Dubois sert-il les intérêts de Dorante par des fausses confidences adressées à sa maîtresse Araminte ?  

4°) Développement

Après la surprise vient la curiosité, Dubois en disant à la fois trop et pas assez. Trop, car il dit bien connaitre Dorante. Pas assez car il laisse entendre l'existence d'une brouille, de quelque chose qui n'est pas très net en Dorante, qu'il vient de qualifier juste avant l'extrait de « démon ».

D1 : « Si je connais madame ! Si je connais ! » : la double tournure exclamative maintient l’incertitude et renforce l’intensité dramatique. Puis le valet insiste sur le fait qu'ils se connaissent, et l'interro-négative en fournit la preuve. « N’avez-vous pas vu ? ».  L'emploi du terme « peur » suggère une dissimulation malhonnête, et donc un piège qui serait tendu à Araminte par Dorante.

Il laisse planer l'idée d'un petit bourgeois qui s'introduit dans une riche maison pour un plan peu honnête (on peut se demander si celui est un coureur de dot).

Al : elle ne peut nier mais l'aveu de sa surprise montre qu'elle avait jusqu'alors une opinion favorable de Dorante, elle reprend alors, incrédule et inquiète, son questionnement. Elle redoute d'avoir embauché comme intendant un escroc : « Est-ce que ce n'est pas un honnête homme ? »

D2 : On assiste à un retournement comique de situation avec l'éloge appuyé « lui ! », « oh » et hyperbolique de Dubois « plus brave homme dans toute la terre », « plus d’honneur à lui tout seul que cinquante honnêtes gens ensemble ».

L'éloge que Dubois fait de Dorante rassure Araminte sur l'honnêteté de son intendant. ElIe ne peut pas trouver mieux : « Il a peut-être plus d'honneur lui tout seul que cinquante honnêtes gens ensemble. ». Mais ce faisant, il suscite davantage la curiosité d’Araminte.

A2 : Multiplication des interrogatives avec « de quoi peut-il donc être question ? », « d’où vient que tu m’alarmes ?». Le terme « alarmes » révèle l’intérêt mais aussi la peur d'Araminte. La dernière phrase, aveu sincère « En vérité » souligne le trouble et donc l'intérêt, signe d'un sentiment naissant d'Araminte.

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