“Harmonie du soir” - Baudelaire

“Harmonie du soir” - Baudelaire

I) Description poétique du crépuscule

1. Mélange des sensations

* description crépuscule sollicite tous les sens :

• vue : couleur “noir” / lumière : “luit” / spectacle à contempler : “le ciel est triste et beau”

• ouïe : “les sons” “valse mélancolique” “le violon”

• odorat : “les parfums”

* impressions se mélangent, confusion rappelle principe de la synesthésie à l’oeuvre d’autres poèmes du recueil (“Correspondances”) : Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir”

→ 2 sens : l’air qu’on respire / qu’on entend → se superposent (syllepse de sens)

* mot “vertige” suggère mélange des perceptions → mis en valeur dans 1ère strophe (fin de l’alexandrin / fin de la strophe)

* De même que perceptions se confondent, les sonorités se mélangent : 1ère strophe : harmonie de [v] et [s]

* Finesse de perceptions : verbes suggère dans perceptions quasi indistinctes : violon “frémit” fleurs : “vibrant” “s’évaporent” → suppose d’être particulièrement attentif à particularité de ce coucher de soleil → atmosphère difficile à saisir

1. Un tableau animé

* Description de crépuscule ne donne pas lieu à un paysage statique : tous les éléments qui le composent sont en mouvement : tige des fleurs : “vibre”, sons + parfums : “tournent”, le soleil “s’est noyé”, fleur “s’évapore”

→ 2 expressions répétées par pantoum au centre du poème suggère ce mouvement : “valse” “vertige” → tournaient → atmosphère

1. Du spleen à l’idéal

* Le poète n’intervient pas directement : pas de “je” lyrique → jusque dernier vers, lyrisme impersonnel → “ton souvenir en moi…”

* Néanmoins, plusieurs indices montrent qu’il s’agit pour lui de sentiment (→ lyrisme)

• métonymie “un coeur” → utilisée à 3 reprises

• lexique sentiment : “mélancolique”, “triste”, “tendre”, “afflige” → s’agit d’un “paysage état d’âme” : le poète projette dans le paysage qu’il décrit ses sentiments

* Double mouvement typique du lyrisme baudelairien : élévation (mouvement vertical) chaque “fleur s’évapore” + chute “vertige” → tension entre 2 pôles

* Progression du poème : va de + en + vers expression sentiment

→ 1ère strophe : le paysage, description atmosphère } paysage/musique

→ 2ème strophe : 2 vers consacrées à la mélancolie : “mélancolique” (rappelle fin 1ère strophe) “Le ciel est triste et beau / comme un grand reposoir”. } mélancolie

uniquement monosyllabes 3 syllabes pour un seul mot donne profondeur, ampleur du vers, idée de langueur

→ 3ème strophe entièrement centrée sur l’expression des sentiments → apparition du thème de la mort :

• “Le soleil s’est noyé dans sons sang qui se fige” → violence dans description coucher de soleil, renforcée par sonorités (allitération en [s])

• un hémistiche : périphrase pour désigner la mort : “le néant vaste et noir” } Mort

→ 4ème strophe : Thème de la mort toujours présent mais on ne bascule pas dans le spleen → apparition de la lumière “luit”, “lumineux”

* Thème de la nostalgie “Du passé lumineux recueille tout vestige” “Ton souvenir en moi…” } Nostalgie → lyrisme

II) Un lyrisme incantatoire

1. Musicalité du poème

* Forme du pantoum : le 1er à utiliser ce type de poème en France : Victor Hugo dans Les Orientales en 1829. Forme fixe très contraignante qui impose de nombreuses règles au poète. Forme prisée des poètes symbolistes qui apprécient tout particulièrement ses exigences musicales. Elle suppose la répétition décalée de certains vers qui apparaissent comme des petits refrains → rythme particulier, lancinant, impression de ressassement, de langueur.

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