Nathalie Sarraute, Pour un oui ou pour un non
Commentaire de texte : Nathalie Sarraute, Pour un oui ou pour un non. Recherche parmi 302 000+ dissertationsPar PRINCESSANNA • 24 Mai 2025 • Commentaire de texte • 1 060 Mots (5 Pages) • 59 Vues
Nathalie Sarraute (1900-1999)
Pour un oui ou pour un non(1982)
''Voilà, je crois qu'on y est ''
Introduction La pièce, intitulée ''pour un oui ou pour un non'', de Nathalie Sarraute, écrivaine française , a été écrite pour la radio en 1981, publiée en 1982 et jouée au théâtre en 1986. Sans actes ni scènes, sans indication temporelle ou spatiale, les personnages sont désignés par une initiale et un numéro. L'intrigue est mince : suite à une séparation entre deux amis, l'un d'eux, H1 vient voir H2 pour en connaître la raison. Dans la première partie de l'extrait H1 et H2 cernent l'origine de leur conflit. A tour de rôle, H1 et H2 se rappellent les mots, les comportements de l'autre qui les ont blessés ou irrités. Dans la seconde partie, la violence du langage augmente progressivement, revélant d'autres reproches . .Problématique : En quoi est-ce davantage le ressenti et l'implicite du langage que les mots eux-mêmes que Sarraute met en évidence dans cet extrait ?
Le langage, source de conflit A propos d'une phrase précédente de H1, H2 introduit le discours :''Voilà. Je crois qu'on y est ''. ''C'est ici qu'est la source'', confirme l'origine du conflit par la métaphore de ''la source. Lorsque H2 dit : '' les guillemets, c'est pour moi '', il fait remarquer que, systématiquement, souligné par la répétition de la locution conjonctive, ''dès que'', quand H1 prononce le mot ''poète'' sur un ton sarcastique à son égard, c'est pour condamner :''enfermé'', ''qu'on met aux fers'' sa sensibilité poétique, contemplative , synonyme de liberté . H1 réplique :''moi aussi'' . Comme H2, la mémoire d'une scène lui revient : ''il y en a une surtout '', l'adverbe ''surtout '' indique qu'elle l'a particulièrement marqué et en rappelle le contexte : ''c'était du temps où nous faisions de l'alpinisme''. H1, dans son récit, oppose la volonté de plusieurs personnes : ''nous étions 5'', ''on'', ''toute la cordée,'' ''redescendre'' à celle de H2, qui veut s'arrêter pour regarder le paysage. H1 dans le dialogue, répète la phrase de H2 au discours direct :''Si on s'arrêtait un instant pour regarder ? Ca en vaut tout de même la peine'' Mais il précise, dans le dialogue, que celle-ci a été dite sur un ton... Le ton dont parle H1 n'est pas caractérisé dans le texte ; c'est peut-être au lecteur de le deviner...Pourtant, cette précision souligne que, pour H1, l'intonation est plus importante que les mots . Les réponses de H2, sous forme d'interrogatives ironiques : ''j'ai dit ça ?, j'ai osé ?, devant vous ?'' montrent qu'il ne comprend pas le ressentiment de H1 à propos d'un fait anodin et logique, la contemplation d'un panorama en montagne. H1 insiste alors sur l'attitude du groupe : ''' tout le monde a été obligé de s'arrêter'',''piétinant et piaffant'', subissant le plaisir égoïste de H2 : ''pendant que tu ''contemplais''.Ce verbe, dans le dialogue, est mis entre guillemets, pour souligner de façon péjorative cette attitude rêveuse, poétique qu'il ne supporte pas chez H2.
Le conflit :source ou torrent ? H1 explique ensuite que c'est aussi l'abus de pouvoir de H2 sur le groupe : ''Tu nous forçais'', ''que nous le voulions ou non'' , qui a déclenché sa réaction épidermique : '' Alors je n'ai pas pu résister'', dans laquelle on retrouve l'opposition entre 'l'impératif et la 2ème pers du pluriel attribués au groupe :''Allons, dépêchons, nous n'avons pas le temps'' et le ''tu'' à H2: ''Tu pourras acheter de jolies cartes postales','exprimant l'inutilité de l' arrêt et de la contemplation . A ce souvenir, la réaction de H2, très violente : ''J'ai eu envie de te tuer'', déclenche la même violence chez H1 : ''Moi aussi ', expression répétée dans ce dialogue, qui souligne la similitude de cause (un souvenir) et de conséquence ( violence du langage) chez H1 et H2 pour des raisons différentes. Mais H1 ajoute à sa propre intention celle, bien qu'hypothétique : ''s'ils avaient, ils auraient avoué'', du groupe, représenté par le pronom personnel 'ils'' : ''qu'ils avaient envie de te pousser dans une crevasse.'' Cette réaction du groupe, imaginée par H1, paraît plus violente car il y a l'intention et le moyen. Dans la pièce, ces aveux constituent l'apogée de la violence au niveau du langage. H2 regrette d'avoir continué cette relation amicale : ''Comment ai-je pu te revoir ?'' . H1 répond que la raison est l'espoir et fait allusion à un moment antérieur : ''comme tout à l'heure'', où H2 s'est approché de lui parce qu'il regardait dehors :''devant la fenêtre....quand tu m'as tapoté l' épaule...c'est bien ça..''. H1 pense que H2 a apprécié cette attitude car il a cru que H1 se laissait aller, comme lui, à une certaine rêverie, ce qui les rapprochait. Ainsi, le tapotement de la main de H2 sur son épaule lui fait ressentir, une autre forme de : ''C'est biiiien...ça...'' à son égard :''Mais oui, tu sais le dire aussi...en tout cas l'insinuer.''....H1 prononce ensuite une phrase très condescendante qu'il imagine être la pensée de F1 .
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