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« Le ventre de Paris » de Émile Zola, La légende de l’homme de Cayenne

Commentaire de texte : « Le ventre de Paris » de Émile Zola, La légende de l’homme de Cayenne. Recherche parmi 303 000+ dissertations

Par   •  3 Octobre 2025  •  Commentaire de texte  •  3 394 Mots (14 Pages)  •  15 Vues

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 La légende de l’homme de Cayenne

        L’extrait que nous allons étudier est tiré du roman « Le ventre de Paris » de Émile Zola, publié en 1873. Dans cet extrait, un récit est enchâssé dans un autre, nous y retrouvons d’un côté la vie des personnages dans la charcuterie qui sont plus ou moins à l’écoute de la légende de Florent le personnage principal. Un récit enchâssé est une histoire qui se trouve dans l’histoire principale.

Nous nous demanderons en quoi l’auteur nous montre par un enchâssement de la légende dans le récit initial un parallèle avec la réalité qui semble en décalage.

Ainsi nous aborderons, tout d’abord, la situation initiale qui introduit la légende dans le roman, puis un événement déclencheur qui entraîne des péripéties ce qui nous amènera à comprendre les péripéties de la légende et de la réalité qui se mêlent. Pour terminer, nous étudierons la situation finale et le dénouement de la réalité et de la légende.

        Premièrement le premier mouvement transcrit une situation initiale qui introduit la légende dans le récit (l. 1 à 68).

        L’extrait commence par la demande de la jeune Pauline qui, par une expression de proximité « dis, cousin » (l. 1), va engendrer l’introduction d’un enchâssement dans le récit. L’expression «l’histoire du monsieur mangé par les bêtes » (l. 1) qu’elle emploie va être répéter durant tout l’extrait, quatre de fois en tout, ce qui forme un refrain et rythme le récit. « Le monsieur mangé par les bêtes » crée un effet de dégoût dès le début de l’extrait pour le lecteur et a pour fonction d’annoncer ce qui va être relaté dans les deux histoires. Florent, le personnage principal du roman va dégager de lui même le début du parallèle entre le récit qui est demandé par la jeune fille et la légende de la charcuterie « l’idée du sang de cochons avait éveillé celle du monsieur mangé par les bêtes » (l. 2), ce qui va introduire cette double idée de dégoût qui se poursuivra dans le reste de l’extrait. Pauline, dans sa position d’enfant, demande qu’on lui raconte une histoire en toute innocence. Elle ne saisit pas l’horreur de ses propos, c’est son caprice décrit par une énumération de sa crise « Pauline se fâchait, elle tapait des pieds, elle voulait l’histoire » (l.10) qui va enclencher l’histoire enchâssée. Le paragraphe de la ligne 14 à 17 traduit les sentiments de Florent à l’idée de dévoiler son histoire, la ponctuation qui crée des pauses très régulières marque le temps long et décomposé qui crée un effet d’attente. La lenteur des gestes de Florent traduit son mal-être vis à vis de cette histoire « Florent garda le silence » (l.13) précisément au moment où il lui est demandé de la relater. Son langage corporel traduit lui aussi son mal-être. Son langage corporel appuie son silence « Il avait les yeux à terre. Puis, levant la tête lentement » (l.13).

L’expression « Il était une fois » (l.18) qu’emploie le narrateur de ce récit, Florent, est une formule qui introduit communément les légendes. Cependant, Florent ajoute « un pauvre homme », cette courte phrase expose une opposition entre l’entée en matière dans une légende qui normalement est positive, à un pauvre homme. Le premier paragraphe du récit de Florent (de la ligne 18 à 28), est une description de départ de la légende, les répétitions que Florent emploie telle que « très loin, très loin » (l.18), évoque un aspect merveilleux, fantastique qui est en opposition avec ce qui est décrit, il ajoute « de l’autre côte de la mer... » ce qui peut nous suggérer des îles tropicales extraordinaires. Florent dicte lentement son récit, il l’encadre avec des silences retranscrits par les nombreuses virgules, qui soutient les conditions difficiles dans lesquelles l’homme a dû traverser la mer. C’est à la seconde phrase ligne 19 que l’on comprend que le récit n’est pas merveilleux. Florent commence à associer chaque locution du voyage au champs lexical de la torture ou de l’horreur « le bateau qui l’emportait », cinq semaines au milieu de ces bandits » « mangeant à leurs gamelles ». Les verbes sont négatifs, « dévorait », « l’emportait », « jeta » ils ne relèvent que de la violence. L’homme est comparé à un animal, il doit manger dans une « gamelle ». Toutes les conditions du récit sont mises en œuvre pour retranscrire l’épouvante et l’aversion pour ce voyage.

Le personnage du roman qui porte le récit n’est pas seulement le conteur, mais bien l’auditoire : Pauline, qui elle, a demandé à Florent de narrer sa légende installe aussi une intrigue dans l’histoire, elle répète « ce n’est pas l’histoire du monsieur qui a été mangé par les bêtes » (l.30), cela crée une attente chez le lecteur et met en place une intrigue sans que le conteur lui-même n’ai eu à le faire. C’est elle qui mène le récit sans le raconter.

En opposition avec le récit que fait Florent, ce qui se déroule dans la charcuterie découle également de l’horreur. Les aliments cuisinés émettent un son qui est comparé à des bruissements désagréables par le narrateur externe « des petites voix claires et aiguës de cigales pâmées », « chantait plus fort » à cela on ajoute les gestes de Léon et la description de l’odorat. Cette description par les sens nous donne un effet d’omniprésence de l’information, cette description permet au lecteur de comprendre les deux récits auxquels il est confronté. Cela met en scène le double décor en instaurant dès les premières lignes le dégoût.

De la ligne 50 à 60, Florent émet une description du Bagne, cette description est menée par une métaphore principale autour de l’enfer. En effet, l’île où se trouve le bagne se nomme « île du Diable », elle porte le nom du maître des enfers, et personnalise l’île en le diable lui-même. Tout dans ce lieu rappelle l’enfer : les gens sont « malheureux » (l.52), « travailler comme des forçats » (l.52), « leurs vêtements étaient déchirés » (l.56). Une métaphore compare les rayons du soleil aux flammes de l’enfer « la flamme brûle tout dans ce pays-là » (l.58).

Cette première partie met donc en avant la scène d’exposition des récits enchâssés à travers des descriptions.

        Il semble pertinent de couper le récit à cette fin d’extrait, car l’élément déclencheur se trouve dans les lignes qui suivent.

        Le deuxième mouvement littéraire se trouve dans un événement déclencheur qui va engendrer des péripéties. (l. 69 à 97)

        C’est le récit enchâssant qui va amener Florent à raconter les péripéties dans la légende. Le récit de la préparation du lard dans la charcuterie évoque à Pauline l’envie de comprendre ce qui était mangé par les bagnards. La viande et la nourriture dans le récit enchâssant sont décrites positivement dans le paragraphe des lignes 45 à 49 et 61 à 64 ce qui crée un contraste avec la description de la nourriture de l’île faite par Florent. Les aliments sont associés à un adjectif qualificatif péjoratif « riz plein de vers », « la viande qui sentait mauvais » (l. 66), « la viande [...] puait tellement » (l.67). C’est face au dégoût éprouvé par Lisa et Mouton de la ligne 70 à 76 que Florent reprend son récit et relate les émotions des prisonniers.

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