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Des Cannibales, Montaigne

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Par   •  14 Juillet 2025  •  Commentaire de texte  •  2 114 Mots (9 Pages)  •  14 Vues

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1ERE_LITTERATURE D’IDEES

Des Cannibales – Montaigne (1580)

ANALYSE

[pic 1] Michel Eyquem de Montaigne

Présentation de l’extrait

À la fin d’un XVIe siècle, l’humanisme est mis à mal par les

guerres de religion. Témoin de son temps, Michel Eyquem de Montaigne

se retire dans sa librairie où les lectures alimentent sa méditation.

De cet échange avec les auteurs antiques et de son temps naissent les

Essais, oeuvre d’une vie centrée sur une question majeure : que sais-je ?

La méditation de Montaigne débouche sur une réflexion personnelle qui touche à tous les domaines.

Ainsi, dans le premier livre des Essais, paru en 1580 (première édition), l’auteur s’interroge sur le regard que l’Europe porte sur les indigènes du Nouveau Monde, souvent qualifiés de « sauvages » ou de « barbares ».

Sans avoir voyagé mais instruit par son secrétaire qui, lui, avait participé à une expédition vers ces nouvelles terres, et par ses lectures, Montaigne remet en cause cette vision européenne de l’Autre.

Nous montrerons ainsi ce que met en jeu l’interrogation sur le Nouveau Monde. Après avoir analysé comment il prend en compte l’Autre, nous montrerons que la forme même de l’essai lui permet de remettre en cause les éventuels préjugés de son lecteur, que cette remise en cause touche à l’identité des Européens eux-mêmes et qu’il le fait avec une grande conviction.

1 - L’attitude humaniste : la prise en compte de l’Autre

C’est en humaniste que Montaigne aborde la question de l’Autre : cette

question est pour lui l’occasion de renouveler le champ des interrogations

que la découverte du Nouveau Monde a suscitées.

a) L’intérêt bienveillant envers les habitants du Nouveau Monde

  • La perception de l’Autre compte parmi les interrogations majeures des penseurs de la Renaissance : dès les premiers écrits de Christophe Colomb, la découverte du Nouveau Monde stimule une curiosité qui, chez les humanistes, est de nature bienveillante. Le texte de Montaigne témoigne ici de cet intérêt bienveillant.

  • L’auteur désigne ainsi par des démonstratifs ces terres nouvelles : « cette nation », « ces contrées-là ». Ces démonstratifs manifestent l’éloignement en même temps qu’ils mettent en relief les « nouvelles terres ».
  • L’ensemble du texte est construit sur un élargissement progressif du champ de vision qui témoigne, en quelque sorte, de l’ouverture d’esprit des humanistes à l’égard de ces nouvelles contrées.
  • Celle-ci s’exprime notamment par une gradation dans la désignation du Nouveau Monde : Montaigne emploie d’abord le singulier (« cette nation »), puis le pluriel (« nouvelles terres »), et choisit finalement une expression de portée universelle : « au monde » (derniers mots).

b) L’interrogation sur la culture

  • Les humanistes accordent intérêt et confiance à la culture considéré comme LE moyen qui permet à l’homme d’évoluer.

  • C’est ainsi que Montaigne aborde le thème de l’Autre, considéré sous l’angle d’une question : les « cannibales » sont-ils moins hommes (moins évolués) parce qu’ils ne partagent pas la culture européenne ?
  • Ce thème est majeur dans le texte, il renvoie aux « opinions et usages » d‘un pays, c’est-à-dire à ses mœurs et à ses croyances. La métaphore optique de la «mire de la vérité» est en lien avec cette opposition.
  • Nous ne jugeons pas selon un absolu, mais selon un modèle relatif («la mire») qui restreint notre champ de vision à nos seuls usages. 
  • Ce thème est confronté à un autre thème, celui de la nature, terme dont on observe de nombreuses récurrences dans le texte.
  • C’est pourquoi Montaigne utilise la redéfinition du terme « sauvage ». L’auteur, en excellent latiniste, joue ici habilement sur le champ sémantique de ce mot, sauvage, qui vient du latin silvaticus, « fait pour la forêt », « à l’état de nature ».
  • De même, l’adjectif barbare (qui vient du grec barbaros désignant les non-Grecs, ceux dont on ne comprend pas le langage) donne lieu à une confrontation de cultures, par une nouvelle redéfinition usant elle aussi du champ sémantique du mot.
  • La question de la culture est donc considérée dans une concurrence avec celui de la nature : ainsi elle n’est plus un repère fixe, unique, mais un élément qui suscite le questionnement.

c) Une « conversation » avec le lecteur

  • Montaigne instaure une conversation avec son lecteur : avec les Essais, il renouvelle la relation entre l’auteur et son lecteur.

  • Ainsi, le discours s’inscrit dans une conversation libre et stimulante pour le lecteur, comme le signale l’expression : « pour revenir à mon propos ».
  • Il fait aussi intervenir d’autres discours que le sien, invitant dans cette conversation des interlocuteurs absents : « à ce qu’on m’en a rapporté ». Cette implication constante du lecteur se manifeste par l’usage de la première personne du pluriel, qui associe l’auteur et le lecteur : « nous ».

Ainsi l’auteur s’inscrit dans un dialogue ; le destinataire est un interlocuteur potentiel ; la communication littéraire s’établit sur un mode d’égalité. Ces trois données fondent l’essai ; elles en assurent également l’efficacité pédagogique.

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