Des Cannibales, Montaigne

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3. Dans cet essai Montaigne commence par redéfinir certains termes, et analyse les préjugés occidentaux par rapport aux sociétés des nouvelles terres. Montaigne prépare ainsi son argumentation et met en place sa stratégie grâce à une tonalité oratoire pour nous présenter sa thèse qui est presque polémique à quelques passages lorsqu’il parle des occidentaux en général en utilisant un ton très critique.

Montaigne étudie tout d’abord les mots « barbare » et « sauvage » que l’on colle au dos des indigènes. Il nous apprend que le sens de ces mots tel qu’un homme occidental en a l’usage ne correspond pas à son réel sens. Il montre en écrivant : « Chacun appelle barbare ce qui n’est pas dans ses coutumes » son humanisme précurseur. Il ne voit à aucun moment pourquoi devrait-on qualifier ces hommes ainsi « Or je trouve, pour revenir à mon propos, qu’il n’y a rien de barbare et de sauvage en cette nation, à ce qu’on m’en a rapporté ».

Le ton utilisé par Montaigne pour évoquer les coutumes de ses contemporains occidentaux est un ton critique qu’il met en place dans un sorte de réquisitoire. Le philosophe va comparer et citer de nombreuses coutumes des deux mondes sans hésiter à décrire les choses de façon très réelles. Ainsi il dédiabolise des pratiques qui nous paraissent barbares en pointant du doigt les horreurs de la torture portugaise.

En continuant de comparer les coutumes Montaigne parle longuement du « code d’honneur » des indigènes. En effet ces derniers se battent contre des ennemis commun et lointains non pas pour l’or ou la gloire mais tout simplement pour se défendre. De la même manière le chef de la tribu combat en première ligne et défend ses hommes contrairement aux rois occidentaux qui se cachent derrière leurs soldats. Montaigne fait d’ailleurs fictivement réagir des cannibales à sa civilisation et la vue d’un enfant roi les offusque presque. Le seul privilège du chef chez les cannibales et d’être bien accueilli dans chaque village et de mener le combat.

Le réel débat nature/culture est abordé lorsque Montaigne critique la société européenne qui cherche toujours a tout perfectionné, amélioré mais qui se retrouve noyé dans le superflu. Il compare ces excès à la simplicité des indigènes qui prennent les choses comme la nature leur donne. De plus chez les cannibales rien n’est futile et tout a un sens ou un but pareillement à la nature contrairement à la soi-disant civilisation supérieure occidentale.

Ainsi Montaigne essaye de faire comprendre à ses lecteurs que les pratiques des cannibales ne sont pas plus sauvages ou barbares en dénonçant les pratiques occidentales.

5. Ce chapitre se nomme Des Cannibales en rapport évident avec l’anthropophagie que pratique ces indigènes. Cependant Montaigne donne tout les éléments du procédé et nous fait donc comprendre que cet acte n’a pas pour but de se nourrir ou quoique mais bien de se venger « Ce n’est pas, comme on pense, pour s’en nourrir, ainsi que faisaient anciennement les Scythes ; c’est pour représenter une extrême vengeance ». Les prisonniers sont en effet très bien traités jusqu’à leur exécution qui consiste à se faire assommer puis cuisiner pour être mangé par toute la tribu.  « Cela fait, ils le rôtissent et en mangent en commun et en envoient des lopins à ceux de leurs amis qui sont absents. » Montaigne en comparant cet acte aux exécutions occidentales (brulé vivant, dévoré par des chiens ou encore torturé) nous montre que les cannibales ne sont pas plus barbares que nous voir moins.

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