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"A une passante", Baudelaire

Commentaire de texte : "A une passante", Baudelaire. Recherche parmi 303 000+ dissertations

Par   •  17 Octobre 2025  •  Commentaire de texte  •  2 615 Mots (11 Pages)  •  18 Vues

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Commentaire « A une passante »

« Je suis le dernier et le plus solitaire des humains privé d’amour et d’amitié » Cette citation de Charles Baudelaire (Les paradis artificiels, 1860) est une preuve de la grande tristesse de cet homme, incompris par les personnes de sa génération. En effet, le poète français le plus célèbre du XIXème siècle balance constamment entre ce qu’il appelle le « spleen » et l’ « idéal », ne trouvant jamais le juste milieu. Cette citation montre donc Charles Baudelaire sous l’état de spleen car en effet, durant cet état-là, le poète se renferme sur lui-même, se sent omit des autres et extrêmement triste : il ne trouve pas de sens à la vie. Cependant, quand le poète est dans l’état opposé, c’est-à-dire l’état de l’idéal, tout pour lui semble magnifique et merveilleux. Dans Les Fleurs du Mal, recueil paru en 1857, il n’est pas seulement question de ces deux états, Baudelaire y développe assez souvent un thème bien précis qu’il adore : il s’agit des femmes. Dans la poésie « A une passante » datant de 1855, nous retrouvons tout d’abord le thème du spleen avec la rue, puis grâce à la brève rencontre avec cette femme, le spleen se transforme en idéal avant de retourner en spleen à cause de la « fuite » de la femme, et de la tristesse de ne plus jamais la revoir. Comment Charles Baudelaire arrive-t-il à mettre en scène la rencontre amoureuse illustrant ce déchirement ? Afin de répondre à cette question, nous verrons dans un premier temps la violence du moment avant de nous pencher sur la femme puis enfin, nous analyserons ses sentiments et rapport au temps.

        Tout d’abord, ce poème évoque un moment caractérisé par la violence. En effet, le champ lexical de la violence est présent dans les périodes de spleen mais également dans celle de l’idéal, il sert à décrire aussi bien l’environnement dans lequel se trouve le poète mais également la rencontre avec cette mystérieuse femme.

Avant tout, la rencontre se déroule dans la rue : « La rue assourdissante autour de moi hurlait » (v.1). Nous pouvons voir que deux mots forts émanent de cette phrase. Il s’agit de l’adjectif péjoratif « assourdissante » et du verbe « hurlait ». Pour Charles Baudelaire, la rue dans laquelle il se trouve est un endroit hostile et désagréable. Il emploie une personnification « la rue hurlait » ainsi qu’une allitération en [r] qui représente l’agressivité de cet endroit. De même, nous retrouvons deux hiatus « rue assourdissante / moi hurlait » (u/a //oi/u). Le poète se sent pris au piège par cette rue maléfique, il se sent emprisonné, mal et agressé. Il place en effet deux fois la rue autour de lui, il le dit une première fois directement dans sa phrase et une deuxième fois plus discrètement : « La rue assourdissante autour de moi hurlait », le « autour de moi » est en effet entouré par les caractéristiques de la rue, « assourdissante, hurlait ». L’environnement n’est pas du tout propice à une rencontre amoureuse, Baudelaire est perdu dans le spleen. Plus loin dans le poème, au vers 9, nous pouvons également constater une précision de l’environnement dans lequel se trouve le poète « la nuit » (v.9). La nuit est souvent liée à la peur, à la tristesse mais également à la prise de conscience de l’humain ou encore à la réflexion. Dans le cas du poème, la nuit représente l’environnement maussade dans lequel a l’impression de se trouver Charles Baudelaire, seul, dans la nuit noire, entouré par le spleen.

Pourtant, dans ce poème au cadre agressif, Baudelaire fait le récit d’une rencontre qu’il vit comme un coup de foudre qu’il subit. En effet, Baudelaire reste figé, d’ailleurs, le poème est constitué de verbes à l’imparfait le concernant : « hurlait, buvais » alors que le verbe concernant la femme est au passé-simple : « passa » ce qui souligne le mouvement, la rapidité. Une fois qu’elle est passée, au présent et au passé simple. Nous retrouvons le présent de narration « où germe l’ouragan » (v.7) et le présent d’énonciation « j’ignore ou je fuis, je ne sais où je vais » (v.13). Grâce à ces différentes valeurs du présent de l’indicatif, nous pouvons donc conclure que dans ce poème, Charles Baudelaire mélange la narration d’une histoire dans laquelle il s’identifie, il vit ce qu’il raconte et essaye d’inhiber le lecteur au plus profond de son récit, de telle façon à ce que le lecteur lui-aussi vive l’histoire. Enfin, l’emploi du futur au vers 11 exprime le désespoir du poète, privé de futur car cette rencontre n’est qu’imaginaire comme le montre le conditionnel passé du dernier vers « toi que j’eusse aimé » car ce temps reflète l’irréel du passé : il aurait pu l’aimer s’il l’avait vraiment rencontrée. Les temps verbaux témoignent donc de cette rencontre étrange et rapide mais le vers 9 accentue encore cette impression : l’hémistiche « un éclair… puis la nuit ! » coupe brusquement le poème et fait ressortir le contraste entre les deux parties de la phrase. L’« éclair » est une métaphore qui représente ici le coup de foudre qu’à le poète pour la femme qu’il voit. Seulement, ce coup de foudre est aussitôt suivi par la lourdeur et la froideur de la nuit, c’est comme si l’auteur qui était « monté au 7ème ciel » par à ce coup de foudre tombe de très haut. Les points de suspension quant à eux témoignent le la rapidité de ce coup de foudre. Alors qu’on pourrait s’attendre à de la douceur, cette rencontre amoureuse est violente. Nous pouvons le voir grâce aux nombreux mots composant son champ lexical : « assourdissante », « hurlait » (v.1), « deuil » (v.2), « crispé », extravagant » (v.6), « ouragan » (v.7), « tue » (v.8). La violence représente à la fois le coup de foudre, la violence d’un évènement auquel on ne s’y attend pas. Mais cette violence est également présente dans le poème pour la représentation de la vie, la cruauté du monde par Baudelaire. Pour lui, la vie, la rue et l’environnement dans lequel il se trouve et violent et cruel. Il ne s’y sent pas bien, c’est pour cela qu’il décrit les paysages de façon mauvaise et également violente.

Le moment raconté par Baudelaire est éloigné de ce que le lecteur pout s’attendre à lire quand il s’agit de rencontre amoureuse. Certes, le coup de foudre est présent mais la violence qui est présente dans tout le poème semble même atteindre la passante sur laquelle le regard du poète s’attarde.

        Si l’environnement de la rencontre est atypique et présent, c’est la figure de la femme qui occupe la place centrale du poème, d’ailleurs c’est ce qu’indique le titre « A une passante » qui semble faire penser à un poème offert à cette femme.  

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