Alexandre Koyré, Etudes d'histoire de la pensée scientifique
Fiche de lecture : Alexandre Koyré, Etudes d'histoire de la pensée scientifique. Recherche parmi 302 000+ dissertationsPar ben1101 • 10 Juillet 2025 • Fiche de lecture • 3 208 Mots (13 Pages) • 20 Vues
Alexandre Koyré, Etudes d’histoire de la pensée scientifique :
L’apport scientifique de la renaissance :
- Une crédulité curieuse :
L’idéal de civilisation de l’époque que l’on appelle justement la Renaissance des lettres et des arts n'est aucunement un idéal de science mais un idéal de rhétorique. On tente de substituer la technique de la preuve logique classique à une technique de la persuasion. Le type qui incarne l’esprit de la renaissance est le grand artiste, les érudits. Or, l’esprit d’érudition d’après M. Bréhier n’est pas l’esprit de la science.
C’est l’époque de la superstition, de la croyance à la magie, à la sorcellerie. L’astrologie joue un rôle plus important que l’astronomie ( parente pauvre dit Kepler). Ce sont les démonologies et les livres de magie ; c’est Cardan et Porta qui sont lus partout.
Cet état d’esprit vient :
- diffusion de la littérature grecque et latine et de ses croyances.
- destruction du point de vue philosophique et scientifique de la synthèse aristotélicienne. Destruction de la physique, de la métaphysique et de l'ontologie.
Sans cela, la Renaissance est sans possibilité de décider d’avance si quelque chose est possible ou ne l’est pas. Dès lors, puisque le possible prime toujours le réel, et le réel n’est que le résidu de ce possible. En effet, il se place dans le cadre de ce qui n’est pas possible. L’impossible délimite notre recherche et notre compréhension du réel.
Dans l’ontologie aristotélicienne, une infinité de choses ne sont pas possibles, dont on sait d’avance qu’elles seront fausses. Or, à la Renaissance, il n’existe plus de critère pour déterminer si quelque chose est vrai ou non. Il en résulte une crédulité sans bornes. Elle est ramenée à une ontologie magique ( Campanella, Bernardino Telesio…).
“ Tout est possible” écrit Koyré. Si l’on refuse l’intervention de forces naturelles, il faut justifier les faits miraculeux par des actions de la nature. C’est une naturalisation magique du merveilleux. C’est le naturalisme.
Le revers du “ tout est possible” est la crédulité. L’avers c’est “ la curiosité sans bornes, l’acuité de vision et l’esprit d’aventure qui conduisent aux grands voyages de découverte et aux grands ouvrages de description ( circumnavigation du monde, planche de botaniques, dessins de Durer, recueil de Gesner, encyclopédie d’Aldrovandi. C’est l’intérêt pour les merveilles de la nature, pour la varietas rerum. Mais on ne dépasse pas le stade de simple catalogue.
En 1543, sont publiés De revolutionibus orbium coelestium de Copernic et De fabrica corporis humani de Vésale. Une synthèse commence à voir le jour.
La tendance érudite traduit, édité Ptolémée qui permettra la réforme de l’astronomie. La redécouverte d’Archimède, Apollonius, Papus, Héron est essentielle. “ C’est l’assimilation de l'œuvre archimédienne qui est à la base de la révolution scientifique. Ainsi, les méditations sur les coniques d’Apollonius rend possible la révolution astronomique opérée par Kepler.
B ) Cette révolution de l’esprit scientifique ne se fait pas en marge. “ La destruction de la synthèse aristotélicienne en forme la base préalable et nécessaire” :
M. Bréhier rappelle que dans la synthèse aristotélicienne, le monde forme un Cosmos physique bien ordonné où toute chose se trouve à sa place. La Terre est au centre de l’univers. Dans celle-ci, c’est la structure même de l’espace physique autant que leur nature propre qui détermine la place et le mouvement des astres. La Terre est au centre du monde parce que, de par sa nature, c’est-à-dire parce qu’elle est lourde, elle doit se trouver au centre. Ils sont au centre parce que c’est leur nature et non pas parce qu’une quelconque force physique les tirent. S’il n’en restait qu’un bout, il reprendrait sa place au milieu.
Or, c’est la conception inverse qui se fait jour dans les différents systèmes d’astronomie. Le point de vue physique se substitue au point de vue cosmologique. “Copernic fait apparaître la substitution d’une réalité ou d’un lien physique, à une réalité et à un lien physique ; d’une force physique à une force cosmique.” La structure physique de la Terre est assimilée à celle des astres qui sont doués de mouvement circulaire. Il assimile le monde sublunaire et supralunaire et supprime cette hiérarchie.
Le deuxième pas est l’unification faite par Tycho Brahé qui valorise la précision dans l’observation des faits, dans la mesure, dans la fabrication des instruments. Kepler dit que si le seigneur nous a donné un tel observateur, nous n’avons pas le droit de négliger un écart de huit secondes entre ses observations et le calcul. Il détruit la conception des orbes célestes.
Kepler affirme que l’univers est régi par les mêmes lois mathématiques. Il est structuré par rapport au soleil et ordonné géométrique par dieu. Il reprend la théorie des cinq corps régulier de Platon. Il passe d’ailleurs d’une conception animiste de l’univers à une conception mécaniste. Il explique dans le Mystérium Cosmographocum que le mouvement des planète vient de la force des âmes qui les guident . Dans Epitome il parle de l’action de forces matérielles, de magnétisme… Il a découvert que le mouvement des planètes n’est pas uniforme, début de l’attraction.
Dans sa mécanique, les forces motrices produisent des vitesses et non des accélérations ; la persistance d’un mouvement implique l’action persistance d’un moteur ( le repos n’a pas besoin d’être expliqué. Il échoue parce qu’il est dominé par l’idée d’un monde bien ordonné et ne peut alors pas considéré celle d’un univers infini. Bruno mathématicien exécrable affirme l’idée d’un univers infini mais en tant que philosophe. Le soleil est Dieu le père, le monde stellaire est le fils et la lumière et la force qui circule entre les deux espaces, l’Esprit.
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