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La philosophie peut-elle se passer de Dieu ?

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Par   •  6 Mars 2024  •  Dissertation  •  15 789 Mots (64 Pages)  •  45 Vues

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La philosophie peut-elle se passer de Dieu ?

Introduction :

- Déf :

Philosophie comme amour de la sagesse qui engage une recherche systématique de la vérité sur tout ce que la pensée propose. Sa méthode est principalement la création de concept et la spéculation. Dans le contexte, nous pouvons signaler une difficulté. Il s’agit de la philosophie comme discipline, plus que des philosophies particulières, mais celle-ci n’existe pas sans celles-là. Il faut noter que les philosophies des deux derniers siècles font bien moins référence à Dieu qu’avant.

Dieu. Son étymologie donne une racine indo-européenne dei, briller, qui donnera Zeus, theos, mais aussi deus et dieu. Le sujet propose au singulier, cad qu’il présuppose que nous ne soyons pas dans une pensée polythéiste, une pensée par divinités, ou bien par multiplicité de concepts. Le sujet présuppose que, dès son apparition, la philosophie a eu besoin d’une unité divine plutôt que d’une pluralité. Il évoque le fait que dès Platon, il y a eu la recherche d’un concept suprême, qui fonde une unité générale, métaphysique du monde, de l’Être, et que, donc, le passage de la pensée par divinités à la pensée par concepts semble avoir exigé une unité qui totalise la multiplicité, le divers. Aussi, Dieu apparaît souvent dans les philosophies antiques et modernes comme ce qui explique les dernières choses inexplicables par la philosophie et le raisonnement. D’une certaine façon, il apparaît comme la réponse finale aux questions « Pourquoi ? » - nous pouvons fonder une science, une morale, une esthétique… Il faut peut-être ajouter qu’il apparaît par besoin. Les philosophes ne s’embêteraient pas à invoquer Dieu s’ils n’avaient pas besoin d’expliquer quelque chose. Ce que nous appelons le Dieu des philosophes, c’est donc le principe d’explication et l’unité du Monde

Mais Dieu se comprend également dans le cadre de ce que l’on appelle la religion monothéiste. Si la philosophie a eu besoin de poser ce principe de Dieu, il lui est obligatoire d’examiner ce que d’autres personnes en ont dit, et dans ce cadre, elle doit s’intéresser à ce que l’on appelle « Révélations », et au phénomène religieux. Il s’avère que le monothéisme s’est articulé à la philosophie pendant plus d’un millénaire. Mais la Révélation ne nous donne que peu de concepts philosophiques, essentiellement des récits, et des principes moraux. Ces derniers, tout particulièrement, nous intéressent. Dans la mesure où la philosophie aura besoin d’un Dieu pour construire une unité et une finalité morales, que fera-t-elle du Dieu monothéiste ?

Aussi la question du Dieu monothéiste nous oblige à voir le Dieu des philosophes sous un autre angle. Dieu comme explication ultime apporte avec lui une connotation religieuse irréductible. Si Platon ne pense certes pas au Dieu abrahamique, ni même au panthéon grec, la sémantique même évoque un être à peu près personnifié, mais avec un pouvoir supérieur, notamment de démiurge : la notion de Dieu ne va pas sans une certaine « pensée magique ». Mais comprenons pourquoi. Le Dieu des philosophes donne l’explication ultime, là où la philosophie rigoureuse, et sa méthode non magique n’y parvient pas seule. Cette façon de sortir la philosophie de ses impasses ne peut aller sans une certaine magie : c’est pourquoi la philosophie semble avoir besoin de Dieu.

Se passer de. Pouvoir agir sans utiliser + COD. Évoque la notion de besoin. L’expression s’emploie lorsque nous envisageons la possibilité d’effectuer une action sans le recours d’un élément auquel nous avons pourtant coutume de recourir. L’expression indique une tension entre une habitude et un changement qui vient le perturber, et donc un rapport temporel, mais aussi un défi, donc un acte qui engage une forme de morale, ne serait-ce qu’indirectement : « se passer de » sous-entend que l’on veut s’améliorer.

- Présupposés de la question :

-Nous avons déjà vu un présupposé à propos de la définition de Dieu : celui que la philosophie présuppose une unité particulière depuis sa création.

- Remarque analytique 1. La formulation du sujet, avec sa formule « se passer de » présuppose que la philosophie semble toujours avoir besoin de Dieu, et nous demande donc de trouver un moyen,

pour la philosophie, de se passer de Dieu. Le plan sera donc selon la forme du « Non, mais… », le « non », exposant la façon dont la philosophie a besoin de Dieu, et le « mais » donnant le moyen pour tenter de s’en passer.

- Remarque analytique 2 : Le « peut-on » nous oblige à nous demander si le sujet a une implication morale structurelle : la philosophie a-t-elle le droit moral de se passer de Dieu ? Si elle se passe de Dieu, est-elle corrompue ? Commet-elle une sorte de crime ? Nous en parlerons davantage dans l’enjeu. Pour notre remarque, disons surtout que, comme nous l’avons évoqué, la philosophie morale a souvent eu besoin de Dieu pour justifier son unité, et sa finalité. Si nous traitons de la façon dont la philosophie morale a besoin de Dieu, nous devons évoquer ce droit moral de la philosophie elle-même à se passer de Dieu. Enfin, cette question morale est à rattacher au défi qu’évoque l’expression « se passer de ». Si la philosophie a le droit moral de se passer de Dieu, est ce que cela signifie pour elle une amélioration ? Cette autonomie est-elle légitime ? Et Dieu, saura t-il lui pardonner ? Ou pouvons-nous même aller jusqu’à dire qu’il s’agissait de Son plan ?

- La double question méthodologique : On peut reformuler selon une double question. En quoi la philosophie a-t-elle besoin de Dieu ? Peut-on s’en passer ou le remplacer par autre chose ?

- Enjeu :Si la philosophie a besoin de Dieu, qu’est-ce que cela signifie ?

Si la philosophie a pratiquement toujours eu besoin de Dieu, il semble qu’ôter Dieu à la philosophie pourrait changer la nature même de cette dernière. Allons droit au but : sans Dieu, la philosophie est-elle toujours elle-même ? Voilà une autre façon de reformuler le sujet, mais c’est bien là toujours notre libellé. Elle amène tout de même une suggestion en plus. Il pourrait y avoir une pensée qui se prétend de la philosophie, mais qui n’en est pas parce que, justement, elle veut faire sans Dieu.

Nous avons déjà dit que la philosophie avait, au cours de la période moderne, perdu de son importance et de son autorité au fur et à mesure que les sciences empiriques se développaient. Nous avons dit notamment que les philosophes contemporains ne

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