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Existe-t-il un beau naturel ?

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Par   •  29 Mars 2023  •  Dissertation  •  2 553 Mots (11 Pages)  •  152 Vues

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Pour un artiste, rien dans la nature n’est laid, cette cita de Auguste Rodin transmet l’idée d’une nature parfaitement belle selon le point de vu subjectif de l’artiste. Mais de façon globale , y’a til un beau naturel ? Le beau est un objet de jugement esthétique provoquant une idée de supériorité morale ou de noblesse, quant à la nature il s’agit de l’ensemble des réalités matérielle existant indépendamment de l’humain ( animaux, océan). Ici il est donc question d’une beauté dont l’origine n’aurait rien d’humaine, mais dont la beauté serait formulé par l’homme lui même.

L’homme est l’être qui par sa nature, son essence, cherche le beau dans tout ce qu’il l’entoure, et cherche même à le crée voir à transformer ce qui ne lui plait pas.  Mais s'il doit y avoir du beau dans le monde, ne doit-il pas se trouver d'abord dans la nature ? Sans doute ne savons-nous pas ordinairement voir le beau par nous-mêmes : mais que fait l'artiste, sinon révéler une beauté dans les choses, en attente de notre regard ? L'art est donc une voie détournée pour restituer aux relations de l'homme et de la nature leur complexité par-delà l'usage, la science et la technique.  ce sujet nous invite à nous demander si sans l’intervention de l’homme, la nature peut elle être belle? Et Si l’homme vient user de l’art pour l’imiter, doit-il la trouver belle par le simple argument d’une imitation, bien que la chose imité soit déplaisante ? Finalement s’il trouve la nature belle grâce à sa perception et à son art, l’homme n’est-il donc pas à l’origine de ce beau sensé être naturel, et donc indépendant de lui ?

Les phénomènes naturels possèdent en eux-mêmes, pour peu qu'on s'attarde à les regarder, un charme propre à émerveiller. Les ailes du papillon ou la transparence colorée des pierres fines, saisissent d'étonnement le spectateur le plus exigeant.  

ESTHETIQUE DE LA CULTURE :Celui qui est en quête du beau admirera donc la nature. Nul motif ne donne mieux « la simple joie d'être percevant » que le « paysage ». Le citadin tout juste arrivé à la campagne a-t-il un regard plus neuf ? Les descriptions de « pays » ont, jusqu'au 17e siècle, rarement été sensibles à la beauté des sites les plus appréciés ensuite par les Romantiques; les montagnes étaient jugées « affreuses », L'« esthétique » du paysage n'existerait pas sans « art » du paysage, qui est d'autant plus attrayant et pédagogue qu'il cherche moins le pittoresque : « Dès que l'esprit ne se rebute point, il se forme, et apprend à voir sans préjugés, car ceux qui ne savent point voir cherchent des spectacles rares et bientôt s'y ennuient; au lieu que celui qui a appris à voir finit par saisir la beauté partout. Les vraies beautés de la nature doivent beaucoup aux peintres » (Alain, Système des beaux-arts, VIII, 10). L'art est ainsi exercice du regard, au sein duquel la nature peut apparaitre, magnifiée. La peinture n'a fait d'abord apparaitre la nature que de manière simplifiée (comme décor de scènes quotidiennes, militaires ou fabuleuses, ou accompagnement symbolique de scènes religieuses); elle devient peu à peu un motif de premier plan chez Turner, Monet.  

En Extrême-Orient, on renonce à imposer son langage, en faveur de l’intention artistique latente du moindre élément naturel, pierre, arbre, fleuve. « On dit qu'un jour, devant le Shôgun, ayant déployé sur le sol son rouleau de papier, y répandit un pot de couleur bleue ; puis, trempant les pattes d'un coq dans un pot de couleur rouge, il le fit courir sur sa peinture, où l'oiseau laissait ses empreintes. Et tous reconnurent les flots de la rivière Tatsouta, charriant des feuilles d'érable rougies par l'automne. Sorcellerie charmante, où la nature a l'air de travailler toute seule à reproduire la nature » (H. Focillon, Vie des formes, Éd. PUF).

 

Cette idée d’une nature qui se suffis à elle même est qui se construit elle même est développée par Kant, pour lui le beau naturel joue un rôle central dans la démonstration de la thèse qui affirme la possibilité de formuler des jugements esthétiques purs, donc non biaisés par un intérêt cognitif ou pragmatique.  

 PUR : Selon Kant, seul le beau naturel peut donner lieu à un jugement esthétique pur. La raison en est que les objets et phénomènes naturels sont les seuls qui puissent être considérés de manière non ambiguë sous l’angle d’une finalité sans fin spécifique.  PAS COMME L’ART :L’appréciation du beau artificiel ne remplit pas cette condition, car elle ne peut pas être dissociée de tout lien à l’idée d’une finalité spécifique : car résultat d’une action donc intentionnelle.

La seule exception est non l’oeuvre humaine mais la nature. Bref, l’art, pour pouvoir donner lieu à une expérience esthétique pure, doit apparaître comme étant sans art : il doit mimer la productivité naturelle. Kant est à l’origine de la théorie anti-intentionnaliste de l’art = distinction entre le beau naturel et le beau artificiel.

Les vraies beautés naturelles sont donc les « beautés libres », celles qui sont liées à des caractéristiques que nous ne pouvons pas référer à une finalité déterminée ni plus généralement à une détermination conceptuelle : c’est le cas des fleurs, de certains oiseaux (les perroquets, les colibris), des coquillages des mers, etc. Les beautés libres « n’appartiennent à aucun objet déterminé conceptuellement sous l’angle de sa finalité », mais « plaisent pour elles- mêmes » [14]. L’action intentionnelle dont parle Kant c’est surtout l’art, cette construction humaine, qui n’est donc pas faite pour elle même comporte cette catégorie de peintres occidentaux qui prétendent obéir au précepte artistique d'imitation. Mais « quelle vanité que la peinture qui attire l'admiration par la ressemblance des choses, dont on n'admire point les originaux ! » (Pascal, Pascal reprend

ici l’idée antique, contestée aujourd’hui, que l'art imite la nature. Or si on imite de mauvais modèles, doit-on admirer la copie sous le simple prétexte que l’imitation est fidèle à l'original ? La critique pascalienne se situe surtout au plan moral. L’artiste doit-il représenter des sujets immoraux ? Cette critique de l’art, classique, est d'inspiration platonicienne.

 

En fait, ils ne renoncent jamais à l'ambition première de l'art : imprimer un style, transformer un morceau de nature en « chiffre » de l'art. L'artiste est en concurrence avec la nature, et le « beau naturel » qui l'intéresse est celui qui apparait dans et par l’oeuvre, et non celui que la nature produirait d’elle- même. Le miracle de l'art s'oppose à la nature, et l'on peut même douter que rien de beau puisse être le fruit de la nature, si l'art n'intervenait. Les jardins et les parcs contribuent à la découverte esthétique précisément parce qu'on se met à les aménager sur des modèles picturaux (Le Lorrain, Poussin, Constable) : on emprunte à l'art le goût et le savoir-faire qui permettent de jouir de la nature devenue paysage, transformée par la culture et le soin, et qui ne porte cependant aucune trace choquante de ce travail (cf. Rousseau, Nouvelle Héloise, IV, 11 : « La nature a tout fait, mais sous ma direction, et il n'y a rien là que je n’aie ordonné »). Le beau naturel n'est-t-il pas alors un effet de l'homme ? Le désir d'annexer à l'art la beauté naturelle donne lieu aussi à une sorte de réalisme, dont le critère serait la fidélité aux figures spontanées.

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