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Les Français et la mort au XVIIème siècle

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Par   •  4 Octobre 2019  •  Dissertation  •  2 314 Mots (10 Pages)  •  666 Vues

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Les Français et la mort au XVIIe siècle

La Rochefoucauld a dit : « On peut avoir divers sujets de dégoût dans la vie, mais on n'a jamais raison de mépriser la mort ; ceux mêmes qui se la donnent volontairement ne la comptent pas pour si peu de chose, et ils s'en étonnent et la rejettent comme les autres, lorsqu'elle vient à eux par une autre voie que celle qu'ils ont choisi ». Cela résume bien la vision particulière que les Français ont de la mort au XVIIème siècle. Ce n’est pas tant la mort que redoutent les français au XVIIème siècle, mais son aspect soudain et imprévu qui pourrait leur faire quitter ce monde sans avoir assurer le salut de leur âme, on peut donc se demander comment les français préparaient leur mort à cette époque ? Nous verrons donc la crise démographique lié à l’époque, puis la mortalité ordinaire avant de s’intéresser a la représentation de la mort pour les français d’un point de vue religieux, culturel mais également la manière de voir la mort dans l’art, la littérature ou le théâtre.

Au XVIIème siècle, il y aurait eu entre 18 à 20 millions de français mais on ne peut en être certain car il n’y a pas ou peu de chiffre fiable du nombre d’habitants sous l’ancien régime, les historiens puisent leurs informations des sources fiscales et des registres paroissiaux plus ou moins bien entretenus. La crise démographique est une caractéristique de l'Ancien Régime, revenant en moyenne tous les 10 à 15 ans. En effet, les guerres sont fréquentes à l’époque ainsi que les épidémies et les maladies plus communes (affections pulmonaires, tumeurs cancéreuses...) Une crise peut tuer en quelques mois un quart de la population d'un village, le dixième de celle d'une ville. Elle peut en général durer entre six mois et deux ans, elle peut être causée par une épidémie, par une crise de subsistance, parfois l'alliance des deux (une maladie comme un simple rhume qui affaiblit les corps et prépare le terrain pour une épidémie). Le chiffre de décès habituel est alors multiplié par 4 ou 5, le nombre de conceptions diminue, le nombre de mariages s'effondre. Une reprise survient ensuite : la mortalité redevient normale, le nombre de conceptions et de mariages augmente jusqu'à atteindre des niveaux bien plus élevés que les années précédentes.

La mortalité ordinaire est mieux acceptée plus commune à l’époque marquée par des taux très élevés de mortalité infantile. En effet, celle-ci est si fréquente que les parents, s'ils sont évidemment attristés, ne sont pas effondrés par la mort d'un des enfants : c’est une fatalité. Le moment de l'accouchement est attendu mais redouté, pouvant comporter des risques tant pour la mère que pour l'enfant. Les « sages-femmes » ne disposent que de connaissances limitées voire fausses et dangereuses. L'ignorance ainsi que l’hygiène déplorable explique une bonne partie des morts en couche, jusque dans les familles aisées. Le nouveau-né étant un mort plus que probable, il doit être baptisé rapidement afin de gagner le paradis en cas de mort précoce. Le baptême, qui a lieu quelques heures après la naissance ou le lendemain, est une fête où l'enfant est vêtu aussi somptueusement que possible. Le prénom est pris généralement dans la famille ou l'entourage proche : grand-père ou grand-mère, oncle ou tante, parrain ou marrain.

Près de la moitié des enfants meurent avant d’atteindre l'âge adulte. La plupart avant un an, souvent les premiers jours ou les premières semaines après la naissance. Les maladies de l'enfance sont presque toujours mortelles. Les enfants sont aussi touchés par les accidents, les parents ne pouvant pas les surveiller : noyades, piétinements par les animaux, insolations… Une fois l'âge adulte atteint, un individu peut espérer vivre une quarantaine d’années. Un quinquagénaire est considéré comme un vieillard. La mortalité des femmes en couches est de 1 à 2 %, taux relativement faible mais non négligeable, un peu plus élevé que celui de la mortalité par les accidents du travail chez les hommes. Cependant, on vit en moyenne plus longtemps dans les milieux aisés que dans les milieux pauvres, grâce à une meilleure nutrition, la possibilité de déménager et un habitat plus confortable. Dans la culture de l’époque, la mort est surtout vue comme un moment de passage vers le paradis ou vers l’enfer.

Le christianisme est en effet une religion de salut qui enseigne que l’homme est composé d’un corps périssable et d’une âme immortelle destinée, soit au paradis, soit à la damnation en enfer. C’est Dieu, qui, au moment du jugement dernier, décidera ou placer l’âme du défunt. Comme sous l’Ancien Régime, la très grande majorité des français, sont catholiques pratiquants, ils vivent dans une peur panique du jugement de Dieu à l’heure de leur mort. Pour tout bon chrétien, il est nécessaire de se préparer à mourir, et cette préparation passe par la rédaction du testament : un acte à la fois civil et religieux imposé par l’Eglise pour tous les catholiques. Celui qui meurt sans testament ne peut en principe être enterré ni à l’église ni au cimetière. Le testament est donc un acte de prévoyance et de prudence, mais il est aussi, pour les français, leur dernière chance de gagner leur place au paradis. Pour les historiens, le testament est une vraie mine d’informations, du fait des formules et des clauses religieuses qui le composent et se retrouvent de façon systématique dans la quasi-totalité des testaments. En effet, les français y affirment leur foi, leur amour de Dieu, ils y confessent leurs péchés et leurs fautes, ils y expliquent l’organisation minutieuse de leurs funérailles et le lieu de leur sépulture.

Plusieurs formules testamentaires, sont révélatrices de la piété des français. En effet, «en face de sa mort, le croyant exprime ce que peut-être il n’a jamais exprimé au cours de sa vie : sa relation personnelle avec son Père du Ciel, avec Jésus-Christ son libérateur, avec l’Esprit de raison et d’amour, ainsi qu’avec la Vierge Marie». Ainsi, tout testament s’ouvre par une formule initiale ou signe de croix (parfois en latin): « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, amen”. Cette formule rappelle la trinité de Dieu : en effet, Dieu est le Père, créateur, le Fils, sa parole éternelle, le Saint-Esprit, sa force intelligente et son efficacité. De plus, le signe de croix est considéré par les théologiens médiévaux comme un «sacrement mineur» qui sans conférer la grâce, permet d’obtenir des effets surtout spirituels, ce qui explique

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