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Réflexion personnelle: Pourquoi des sujets aussi douloureux que la Maladie ou la Mort sont-ils si souvent abordés par les humoristes ?

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Par   •  8 Mars 2012  •  1 560 Mots (7 Pages)  •  2 188 Vues

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LE RIRE

Réflexion personnelle

Corrigé du sujetRire pour quoi faire ?« Rien n’est plus drôle que le malheur, c’est la chose la plus comique du monde. », étrange paradoxe que nous propose le dramaturge Samuel Beckett. Mais c’est bien du malheur des autres dont nous rions - jamais de leur bonheur - que ce soit de leur ignorance, de leurs défauts ou de leurs petites mésaventures. Néanmoins s’agissant de la maladie ou de la mort, le tabou est plus fort, ce qui n’empêche pas de nombreux humoristes d’aborder ces sujets si douloureux. On est donc endroit de s’interroger sur les motivations qui les incitent sans cesse à repousser les limites du respect face à la souffrance. Nous verrons tout d’abord que le rire permet de rendre supportable l’idée de la maladie ou de la mort ; il permet en outre de dénoncer certaines attitudes injustes ou immorales à l’égard de ceux qui sont dans la souffrance.

En faisant de la mort ou de la maladie l’objet d’un rire, on leur donne – ne serait-ce qu’un temps un caractère dérisoire, on leur enlève toute leur gravité ce qui en atténue l’aspect effroyable. Molière avait bien compris le processus quand il a créé le personnage d’Argan de sa pièce Le Malade imaginaire. Argan est le type même de l’hypocondriaque, il se croit sérieusement malade. Pour le guérir de cette « manie », sa servante Toinette se fait passer pour un médecin. C’est ainsi que dans la scène 10 de l’acte III, elle répond systématiquement « le poumon » comme diagnostique à tous les symptômes énumérés par Argan. Ce comique de répétition produit une forme de mécanisation plaquée sur un phénomène biologique lié au vivant. De ce fait, la maladie se trouve simplifiée, réduite à un seul élément et les angoisses du malade pour un temps conjurées. Raymond Devos va plus loin dans son sketch « Le rire salvateur » dans lequel il évoque un homme échappant à plusieurs reprises à la mort grâce aux histoires drôles de l’humoriste. Or, Devos fait de sa mort la chute de l’histoire : par un procédé de mise en abyme, la mort devient pour autant matière à rire en même temps qu’une illusion de fiction. Dans nos deux exemples, le malheur est grâce au rire et pour un temps réduit à néant ; on serait alors tenter de parodier l’enseignement des Anciens sur la comédie « castigat ridendo mortem ».

Ensuite, il faut rappeler que le rire est un acte de groupe, ce qui renvoie à l’idée de solidarité. En effet, dans son essai Le rire, Bergson analyse le rire comme ayant « besoin d’un écho », comme le « rire d’un groupe ». En riant avec d’autres, l’individu n’est plus isolé face au malheur et le rire en communion permet de partager et de rendre plus supportable l’humaine condition. C’est ainsi que toute une génération dans les années 80 s’est esclaffée en entendant le sketch de Coluche sur le « cancer du bras droit » ou la déclaration de Pierre Desproges au théâtre Grévin : «Moi, j'ai pas de cancer, j'en n'aurai jamais, je suis contre.». Il s’agit dans ces deux exemples d’un individu s’interrogeant sur une éventuelle maladie qui pourrait le toucher : l’humour joue sur un comique absurde qui a marqué les spectateurs de ce temps et de telles réflexions sont restées dans la mémoire collective. Nombreux sont ceux qui dès lors se plaisent à reprendre ces répliques. Il ya par conséquent dans l’humour une force de transmission dans laquelle le genre humain trouve un réconfort.

Enfin il ne faut pas oublier que le comique est un regard porté sur la condition humaine, fragile et incertaine, sous la menace de la maladie et de la mort. Les Anciens l’avaient bien compris dans leur théâtre qui a priori distinguait le tragique du comique. Or, en observant les masques tragique et comique d’une mosaïque romaine, on remarque le même regard inquiétant de l’homme ou sur l’homme. Le dramaturge Ionesco l’avait d’ailleurs bien compris quand il déclarait dans Notes et contre-notes : « le comique est tragique et la tragédie de l’homme dérisoire ». Le rire serait alors un défi interrogateur lancé au destin. De même, dans son article «Mourir de rire » paru dans Courrier international en août 2009, le romancier Patrick Süskind analyse le dessin de Sempé « A table ! » dans lequel une femme invite son mari à manger, or celui-ci est en pleine partie d’échec avec la Mort. Le dessinateur nous invite à jeter, depuis notre quotidien, un regard sur une question métaphysique, pour reprendre le mot de Süskind. Ainsi, déclencher le rire ou l’effroi sur les malheurs de l’homme, c’est toujours inciter les spectateurs à les regarder en face tout en conservant une certaine distance

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