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Les révoltés et leur organisation lors de la guerre sociale (90-88), republique romaine

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Par   •  23 Novembre 2022  •  Commentaire de texte  •  2 538 Mots (11 Pages)  •  227 Vues

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Histoire ancienne

Les révoltés et leur organisation lors de la guerre sociale (90-88)

En -91, Marcus Livius Drusus, alors tribun de la Plèbe, tente de relancer les réformes de Gaius Gracchus assassiné trente ans plus tôt en proposant au Sénat d’offrir la citoyenneté à tous les alliés italiques de Rome. A l’image de son prédécesseur, il est tué sur ordre du Senat, composé d’une assemblée d’hommes politique refusant l’extension de la citoyenneté à des non-romains. Cette nouvelle tentative, avortée du fait de l’opposition du Sénat et de la Plèbe, qui voit d’un mauvais œil l’extension d’un privilège qui la distingue des autres habitants des territoires de la République, va mener à l’insurrection des Socii, peuples italiques alliés à Rome et cherchant à obtenir cette citoyenneté. Unies à Rome par un foedus, un traité inégal obligeant les cités soumises à fournir un tribut humain et financier pour les armées romaines, ces cités font sécession et se regroupent au sein d’une confédération. Cet événement appelée « Guerre Sociale » oppose dès lors une confédération de cités révoltées, tentant de s'unir politiquement et militairement, à une République romaine de fait affaiblie par la rupture de l'alliance permanente qui permettait de fournir un tribut nécessaire au bon fonctionnement de son territoire. L’Histoire et l'organisation de cette confédération est relatée par Diodore de Sicile, un historien romain ayant vécu au Ier siècle Av.JC. Vers moins -30, il publie son unique ouvrage intitulé Bibliothèque Historique, composé de quarante livres censés retracer toute l'histoire de l'humanité, du commencement mythologique à Jules César. Dans un extrait du livre trente-sept, il relate les événements cités précédemment et décrit à la fois le dérouler de la guerre et les méthodes de fonctionnement de la confédération révoltée. Ainsi, en quoi ce document décrit il les événements de la Guerre Sociale à travers l'organisation de la confédération italique ? Nous verrons que les tensions sociales aboutissent à la naissance d’une confédération indépendante, pourtant proche culturellement de Rome, mais finalement vaincue après une victoire militaire et politique romaine.

Tout d'abord cette guerre civile est motivée par une période de crise sociale opposant Rome à une mosaïque de peuples aux droits inégaux. Ces nombreux peuples sont énumérés dès la première ligne du document, ce qui permet de mettre en avant l'opposition naissante de presque tous les Socii vis-à-vis de l'autorité romaine. Ce soulèvement généralisé conduit par des peuples comme « les samnites », « les ascolaniens », ou encore « les lucaniens » (ligne 1) est dû à leur statut de pérégrin, c’est-à-dire leur statut d’homme libre mais non citoyen au sein des terres conquises par Rome. Ce statut est une conséquence directe de la conquête de leurs territoires plusieurs dizaines voire centaines d’années plus tôt, où ces peuples vaincus ont dû se soumettre au traité proposé par Rome. En effet, selon le ius romanum, le droit romain, les habitants des cités ayant signé un foedus n'obtiennent que le statut de pérégrin, et ne participe donc pas à la vie politique romaine. Ces cités peuvent néanmoins garder un gouvernement propre, mais qui n’a que peu de poids politique et dont la politique extérieure est menée par Rome. Ces peuples doivent pourtant fournir des effectifs considérables pour aider les romains dans les guerres qu’ils mènent, sans oublier la charge fiscale constante et le paiement du vectical, un impôt payé pour avoir le droit d'exploiter les terres de l’ager publicus, territoire appartenant au peuple romain. De fait, ces accords inégaux ne sont au fil du temps pas bien vu par ces peuples et cités, et l’assassinat de Drusus qui leur promettait la citoyenneté va mettre le feu aux poudres.

Par la suite, ces peuples vont entrer en sécession, unis et motivés par un objectif commun. En effet, les italiques semblent vouloir créer un état et choisissent une capitale nommée Corfinium, qui au départ accueillait « le siège du gouvernement des Italiotes » (ligne 3), un des peuples révoltés. Par la création de ce gouvernement, ces peuples révoltés témoignent de leur volonté de créer un état pour s’opposer à la République romaine, qui les excluaient de toute action politique dans l’ensemble de son territoire. A la ligne 5, cette sécession et même officialisée par Diodore de Sicile par l’ajout du mot « patrie ». L’auteur cherche à montrer par ce terme la maturité des institutions de la confédération qui font apparaitre la jeune unité de ces peuples comme un état fort, solide et parfaitement homogène. Afin de symboliser la création de cet état, la ville de Corfinium et même renommée « Italia » (ligne 12), afin de montrer l’unité et la force de ce territoire. Cette volonté de créer un état fort est également marquée à la ligne 8, quand les italiques « divisèrent toute l’Italie en deux parties », afin d’en faire des « provinces consulaires ». Pour un état, la division d’un territoire en plusieurs provinces est une facilité administrative pour avoir un meilleur contrôle sur un espace donné, et donc permettre de meilleures levées de troupes ou levées d’impôts. Durant la guerre sociale, ce découpage peut s’avérer très utile pour aider à combattre les armées ennemies.

Cependant, cette sécession est surtout motivée par la nobilitas romanisée de ces cités qui souhaitait obtenir un rôle politique dans les institutions romaines. C’est cela qui motive « l’établissement d’un Sénat » (ligne 4), et la création de plusieurs postes de magistrats, pour pouvoir donner des postes clés à ces hommes exclus jusqu’alors de la vie politique romaine. Par extension, les membres de la nobilitas de l’ensembles de cités italiques ont tout à gagner à soutenir la confédération afin de voir leurs intérêts enfin représentés dans les plus hautes sphères du pouvoir. Ainsi à la ligne 7, il est dit que Quintus Pompédius Silo, un Marse considéré « comme l’un des premiers citoyens de sa nation » est nommé au poste de consul avec un membre de la nobilitas Samnite. Cela montre l’importance de cette nobilitas autrefois exclue qui, par la création de cette confédération, trouve enfin un rôle majeur à jouer. Aux lignes 5 et 6, il est cité que ce pouvoir s’allonge même jusqu’au « pouvoir dictatorial » pour les magistrats chargés de la guerre, permettant à plusieurs membres de la nobilitas confédéré d’obtenir les pleins pouvoirs. Cette nomination permet aux généraux de diriger directement l’état en temps de guerre sans passer par l’aval des parlementaires, ce qui permet une prise de décision rapide en cas d’affrontement. L’ensemble de ces rôles et pouvoirs, attribués aux membres les plus influents des différents peuples composant la confédération, permettent de créer une nouvelle nobilitas au sein d’un nouvel état centralisé. C’est une chance pour ces hommes qui, sans ce soulèvement, n’aurait jamais pu suivre le cursus honorum ou même se voir nommer dictator.

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