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Explication Historique de Texte Lettre de Poilu, Pierre Navarre 1915

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Par   •  30 Mars 2014  •  2 795 Mots (12 Pages)  •  1 998 Vues

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Explication Historique de Texte Lettre de Poilu, Pierre Navarre 1915

Ce texte, Lettre de Poilu, est une correspondance privée. Son caractère officieux est donc à prendre en compte, à cause de l'adaptation de la lettre aux destinataires. Cette lettre a été écrite par Pierre Navarre. Elle est destinée à ses parents tandis que lui est soldat au front, pendant la Première Guerre Mondiale. Pierre Navarre est le frère jumeau de Jean Navarre, célèbre as de l'aviation. Il est né en 1895, dans une famille d'industriels bourgeoise, ce qui peut aider à comprendre certaines caractéristiques de la lettre et du personnage. Pierre Navarre a dû arrêter ses études à l'école d'ingénieur Centrale de Paris pour prendre part à la guerre. Au moment où il écrit cette lettre, il est sapeur (chargé de réaliser des ouvrages militaires souterrains pour détruire les fortifications ennemies) au grade d'aspirant (intermédiaire entre sous-officiers et officiers). Il s'engage volontairement à partir de décembre 1915 au 6ème régiment du génie militaire (techniques de protection et d'attaque de positions par le biais d'infrastructures). Ses hautes études d'ingénieur conditionnent certainement sa carrière dans le génie. Pierre Navarre écrit cette lettre le 15 mai 1915. La guerre a alors commencé depuis environ neuf mois (début août 1914), et les armées sont enterrées dans des tranchées (guerre de position) depuis la fin de l'année 1914. La concordance des dates, des périodes citées (Pierre Navarre relate un assaut débutant le 9 mai à dix heures) et du scénario de la lettre avec des faits historiques avérés permet de penser que Pierre Navarre a participé a la bataille de l'Artois, qui se déroule entre le 9 mai et le 25 juin 1915, offensive française sans résultats qui s'est soldé par de lourdes pertes. Il n'est pas possible toutefois de l'assurer, de par l'absence d'indication géographique (on sait simplement que Pierre Navarre se situe sur la ligne de front au nord-est de la France). Cette lettre destinée à ses parents sert donc à les informer de sa situation. La correspondance avec l'arrière est pendant la guerre primordiale. Plusieurs millions de lettres transitent chaque jour entre le front et l'arrière. Le soldat qui doit souvent tuer les longs temps d'attente entre deux assauts écrit beaucoup. Néanmoins, il ne faut pas se fier au ton de l'auteur, qui n'est pas objectif, volontairement rassurant et ne mentionnant pas explicitement les très difficiles conditions de vie de la guerre de position pendant la Grande Guerre, pour éviter d'augmenter la souffrance de ses parents d'avoir

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deux fils au front. Pierre Navarre aborde différents thèmes de la Première Guerre Mondiale qui se retrouvent tout au long de sa lettre. Des sujets tels que la haine de l'ennemi et l'organisation de la vie au front sont des thèmes constants, abordés de manière décousue. La glorification de la guerre (dans une vision typique du 19è siècle) et l'horreur de la guerre se perçoivent également (bien que cette horreur soit atténuée, pour ne pas trop inquiéter ses parents). Sa lettre est néanmoins organisée de manière chronologique. Trois phases s'articulent en effet dans le schéma typique de l'assaut pendant la guerre de position : la préparation en vue de l'attaque, l'assaut en lui même, et enfin la phase consistant à tenter de tenir la position acquise face aux attaques ennemies. De plus, on distingue très nettement l'opposition guerre imaginée-guerre réelle (Marcus Pohlmann, politologue) en deux parties, parties elles-mêmes traversées par les thèmes récurrents de la lettre. La première partie du texte, que l'on peut situer jusqu'à la ligne 32, traite notamment de la préparation de l'attaque et de la situation des soldats avant un assaut, dans laquelle on distingue le thème d'une guerre glorifiée, spectaculaire et belle (guerre imaginée). D'abord, la préparation stratégique, militaire des dirigeants et physique des soldats est abordée (jusqu'à la ligne 25), puis la course à l'ennemi, la sortie des tranchées pour traverser le no-man's-land, sous le feu ennemi, et tenter d'accéder à la tranchée adverse, procédé caractéristique de la Grande Guerre, et ici première confrontation à la mort par l'ennemi (ligne 26 à 32) ; La seconde partie du texte, de la ligne 32 à la fin, traite de l'attaque au sein des lignes adverses à proprement parler, dans laquelle se distingue notamment l'horreur de la guerre liée à la puissance de feu et le véritable chaos qui règnent sur le terrain de combat (guerre réelle), bien loin des paradigmes figés au 19ème siècle, surtout présents au début de la Première Guerre Mondiale. Pierre Navarre parle tout d'abord du déroulement des opérations au sein des lignes ennemies (ligne 33 à 62), puis de la dernière phase d'un combat qui est de tenter de tenir la position durement conquise face aux contres-attaques ennemies (ligne 62 à la fin).

Dés les deux premières lignes, on comprend que Pierre Navarre veut parler à ses parents des récents jours qu'il a passé au combat. Les « communiqués » (ligne 1), qui sont œuvre du Grand Quartier Général, informent les élus de la situation sur le front. Néanmoins les militaires font souvent preuve d'autocensure, pour garder une certaine marge de manœuvre et ne pas inquiéter les politiques. Le général Joffre, commandant en chef des armées jusqu'à la fin 1916, considère en effet que c'est à lui de mener la guerre. Ces communiqués sont ensuite transmis à la presse pour être diffusés dans la société civile.

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Cette première partie aborde très nettement le sujet de la glorification de la guerre. C'est ici qu'il est le plus remarquable. Dans le second paragraphe, les mots « grande attaque si impatiemment attendue », « concert » et « spectacle inoubliable » montrent une vision stéréotypée de la guerre. La Première Guerre Mondiale est, comme sus-cité, le théâtre d'un choc entre une guerre imaginée et une guerre réelle bien plus meurtrière. Les esprits sont trop souvent restés cantonnés à l'image d'une guerre dans une vision issue du 19ème siècle. Ce paradigme considère la guerre comme un moyen diplomatique d'imposer ses vues, elle serait un « prolongement de la politique par d'autres moyens » selon Carl von Clausewitz, officier et théoricien militaire prussien du 19è siècle, en même temps qu'un réel « art militaire ». La guerre est considérée comme l'expression

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