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Mythe Des Races

Dissertation : Mythe Des Races. Recherche parmi 297 000+ dissertations

Par   •  6 Avril 2015  •  3 421 Mots (14 Pages)  •  1 103 Vues

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Le mythe des races est un mythe mystérieux qui a suscité de nombreux débats et interprétations à propos de sa signification. Il a été écrit par Hésiode, petit paysan de Béotie du VIIIe siècle avant Jésus-Christ mais aussi poète, théologien et prophète. Cet auteur se situe entre deux systèmes de pensée : il respecte la pensée mythique traditionnelle tout en lui ajoutant une certaine modernité. Cela se ressent dans ses écrits, notamment dans Les Travaux et les Jours, d’où est tiré le mythe des races.

Cet ouvrage est le premier poème didactique connu : il donne en effet des directives d’ordre économique, social, moral et religieux, notamment sur le travail, nécessaire pour survivre à l’âge de fer, d’où le nom les « Travaux », qu’il complète par une sorte d’almanach à la fin de l’œuvre, d’où le nom les « Jours ». Ces directives sont adressées à Persès, frère d’Hésiode, suite à un conflit entre les deux frères : Persès avait tenté de prendre la part d’héritage qui revenait à Hésiode. C’est donc pour cela qu’il est le destinataire explicite du poème. Cependant il est davantage un destinataire prétexte. En effet, l’auteur s’adresse à chaque classe de sa société et leur demande d’exercer la justice ou Dikè, en écho aux bouleversements important de son époque : croissance démographique, constitution de communautés importantes, essor de l’agriculture. Dans ce poème, Hésiode s’expose en médiateur entre les dieux et les hommes : il affirme connaître la volonté des Dieux et compte l’expliciter aux hommes.

Hésiode précise le caractère fictif du mythe des races. Celui-ci, racontant une succession de plusieurs races d’hommes, représentées par des métaux, sauf la race des héros, se situe dans la partie des histoires ou récits (vers 42 à 212) qui ont une visée pédagogique et dont Hésiode tire des leçons plus loin dans le poème, et est placé après les mythes de Prométhée et Pandora. Il constitue en effet une suite logique de ces deux mythes, car il traite comme les deux précédents des maux qui ont frappés la race humaine. La femme, représentée par Pandora, belle en apparence mais malfaisante en vérité selon Hésiode, est l’origine de ces maux, car c’est elle qui a ouvert l’amphore les contenant, crée par Zeus pour se venger de Prométhée. Cependant, elle existe et l’homme ne peut rien y faire, c’est pour cela que l’auteur la qualifie de « piège fatal, imparable ». De fait la morale est semblable dans ces mythes : il faut accepter la punition divine qui a voué les hommes au labeur, et donc travailler durement afin de maintenir la Dikè, représentée par Zeus, et écarter l’Hybris : selon le Larousse, tout ce qui, dans la conduite de l'homme, est considéré par les dieux comme démesure, orgueil, et devant appeler leur vengeance.

Ainsi, quelle est la signification de du mythe des races ? L’étude portera sur le mythe races et son rapport au temps, puis sur son rapport aux structures de la société humaine et du monde divin, et enfin sur son rapport à l’époque d’Hésiode.

Tout d’abord, on peut constater une première bizarrerie dans le déroulement du mythe : la race des héros vient rompre la dégradation progressive du mythe que l’on constate au premier abord, mais aussi le parallélisme races et des métaux. Comment donc trouver une structure au mythe ?

Dans la pensée mythique, la généalogie explique généralement la structure. Or, Hésiode respecte cette tradition dans ce mythe : c’est que le temps n’y est pas linéaire et unique. Chaque race semble avoir son propre temps qui définit son statut et ses valeurs : une hiérarchie s’installe entre les races, de la plus vertueuse à la moins vertueuse. Toutefois, la race des héros vient perturber cette hiérarchie, car elle est placée après la race d’argent et de bronze, alors qu’elle est plus vertueuse que ces dernières : cela montre en fait que le temps chez Hésiode est cyclique, et non pas linéaire. On pourrait établir au premier abord deux cycles hiérarchisés selon l’échelle des valeurs, le premier comprenant les races d’or, d’argent et de bronze, et le deuxième comprenant les races des héros et de fer.

Cependant si l’on regarde de plus près ces deux cycles, on constate que la déchéance progressive dans le premier cycle n’en est pas vraiment une : qu’est ce qui indique que la race de bronze est inférieure sur l’échelle des valeurs à la race d’argent ? Hésiode ne marque pas cette infériorité, il dit simplement que la race de bronze est « bien différente de la race d’argent » (ligne 28), alors qu’il met en avant la distinction entre les autres races : la race d’argent est « bien inférieure » (l 14) que la race d’or ; la race des héros est « plus juste et plus brave » (l 38) que la race de bronze ; la race de fer souffre « fatigues et misères » (l 52-53) contrairement à la race des héros vivant « le cœur libre de soucis » (l 47) dans une vie posthume. C’est Jean Pierre Vernant, spécialiste en mythologie grecque, qui apporte la réponse à ce problème en relevant trois cycles au lieu de deux dans le mythe, notant ainsi une structure tripartie : chaque groupe comprend deux aspects opposés entre Dikè et Hybris concernant la vie terrestre : la race d’or est Dikè alors que celle d’argent est Hybris ; la race de bronze est Hybris alors que celle des héros est Dikè ; et enfin la race de fer se divise elle-même entre justice et démesure.

Ainsi, le temps dans le texte n’est pas chronologique mais cyclique : il se fait selon les « relations dialectiques d’un système d’antinomies » (J-P Vernant).

Il y a une autre explication de la présence de la race des héros : par sa présence, le mythe respecte classification des êtres monde divin entre démons, vie posthume des races d’or et d’argent), morts anonymes, vie posthume des races de bronze et de fer, et héros, qui restent héros après dans leur vie posthume sur l’île des bienheureux. Est exposé ici le souci d’Hésiode de respecter la tradition mythologique.

Ainsi, la division binaire vue précédemment que le mythe opère entre Dikè et Hybris trouve aussi son sens dans la vie posthume des groupes de races. Les hommes des deux premières races deviennent des démons dans leur vie posthume qui sont vénérés. Il est nécessaire cependant de préciser que les démons de la race d’argent ne sont pas honorés pour leur vertus mais parce qu’ils se situent dans la même réalité, ils représentent la même fonction que la race d’or, sur laquelle on traitera plus loin.

Pour le deuxième groupe, un problème surgit : les races de bronze et des héros ne connaissent pas le même sort dans leur vie posthume.

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