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Frank Georgi, L’autogestion en chantier. Les gauches françaises et le « modèle » yougoslave (1948-1981)

Fiche de lecture : Frank Georgi, L’autogestion en chantier. Les gauches françaises et le « modèle » yougoslave (1948-1981). Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  8 Mai 2023  •  Fiche de lecture  •  1 465 Mots (6 Pages)  •  112 Vues

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L’auteur, Frank Georgi, est chercheur au CNRS. Ses travaux portent principalement sur l’histoire du syndicalisme, notamment des socialismes et des mouvements sociaux. Les gauches alternatives en font également un sujet de recherche. S’il privilégie le syndicalisme français et sa filiation chrétienne, il ne se limite pas pour autant à l’exploration d’un milieu spécifique. Ainsi, il s’oriente davantage sur l’histoire sociale axée sur une utopie politique et culturelle : l’autogestion. Ce terme qu’il qualifie lui-même de véritable « mot de passe des années 68 » s’impose comme le noyau de ce mémoire d’habilitation à diriger des re-cherches.

Le déroulement de la lecture se fait par une approche chronologique afin de pouvoir mettre en évidence l'histoire de l'autogestion, à la fois le terme et le concept, mais aussi met en avant l'histoire de l'autogestion et permet au lecteur de comprendre l'évolution du concept et son lien avec l'histoire politique et sociale de la Yougoslavie. Alors que le terme n'a commencé à apparaître dans le débat public français et dans la littérature scientifique qu'à partir des années 1950, l'idée d'une auto-administration égalitaire des travailleurs est bien plus ancienne. Elle est née de la méfiance envers l'État, telle qu'illustrée par les philosophies politiques de la gauche libertaire menée par Proudhon et Blanqui, ainsi que par une accep-tion plus libérale sous forme de modèle anglais. De plus, à la page 46, Franck Georgi af-firme que l'idée a été présente dans les mouvements marxistes et a traversé les révolutions russes de 1905 et de 1917. Cela nous donne un aperçu de la diffusion du terme qui semble être directement liée à la politique de Tito, bien avant que la rupture de 1968 n’adopte défi-nitivement le terme, devenant l'un des symboles des années 1970. Les cinq premiers cha-pitres de l'ouvrage sont ainsi consacrés à cette première phase souvent méconnue de ce que l’auteur appelle le « mythe yougoslave ».

Dès l'introduction, l’auteur énonce clairement l’objectif de son ouvrage : évaluer l'influence de l'expérience politique menée en Yougoslavie sous Tito, après la rupture avec le bloc soviétique de 1948, sur l'idée d'autogestion en France. En effet, la Yougoslavie est de-venue une référence peu connue mais importante pour les cultures politiques de gauche qui étaient alors intéressés par les modèles étrangers. L'analyse de Frank Georgi est donc un élément clé pour toute réflexion sur la capacité des cultures politiques de gauche à utiliser ces modèles, qu'ils soient considérés comme un eldorado, ou bien en tant que des expé-riences nationales inspirantes mais difficiles à transposer, ou encore de simples ressources politiques. Il va sans dire que l'ouvrage s'inscrit parfaitement dans cette problématique et nous présente une grande variété de nuances en mettant en avant l'utilisation de références diversifiées concernant la Yougoslavie. Ainsi, le terme « modèle » peut être trompeur puis-qu'il n'est pratiquement jamais question d'une adhésion absolue ou ne faisant pas l’objet de critique, comme l'auteur le souligne lui-même à la page 472 en concluant « on peut croire sans être dupe ».

Au début, de nombreux militants et intellectuels français étaient fascinés par la tentative de création d'un régime communiste alternatif au stalinisme, initiée par Tito. Les premiers con-seils ouvriers ont suscité l'intérêt des militants, qui ont vu dans l'expérience yougoslave une nouvelle façon de réconcilier socialisme et liberté. Il est important de noter que de jeunes Français ont même été envoyés pour participer à des chantiers symboliques aux côtés de militants d'autres pays occidentaux. Toutefois, cette expérience n'a duré que de 1949 à 1951, et n’était pas exempt de critiques. De plus, la propagande yougoslave n’était pas en reste : l'Agence yougoslave d'information a contribué à diffuser une image positive du régime en France à travers la vente (guides touristiques, souvenirs, brochures politiques et théo-riques…).

Chapitres 2 et 3

Ces chapitres examinent l'attitude des partis socialiste et communiste à l'égard de la Yougoslavie. Bien que l'intérêt pour l'expérience yougoslave ait dépassé la sphère commu-niste, il semble que cela soit davantage motivé par l'anticommunisme que par une véritable attraction pour le modèle autogestionnaire yougoslave. Par ailleurs, la plupart des intellec-tuels et personnalités de la SFIO ayant voyagé en Yougoslavie ont exprimé une critique de l'autoritarisme du régime. Du côté du PCF, la tonalité critique est encore plus prononcée, reproduisant les critiques de Moscou envers le fascisme et le révisionnisme yougoslave, avant que la réconciliation à partir du milieu des années 1950 ne conduise à une certaine « normalisation ».

Chapitre 4

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