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Selon vous, la DDFC d'Olympe de Gouges ne s'adresse-t-elle qu'aux femmes ?

Dissertation : Selon vous, la DDFC d'Olympe de Gouges ne s'adresse-t-elle qu'aux femmes ?. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  2 Mars 2023  •  Dissertation  •  2 549 Mots (11 Pages)  •  8 961 Vues

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Sujet: Selon vous, la DDFC d'Olympe de Gouges ne s'adresse-t-elle qu'aux femmes ?

Avant et pendant la Révolution française, Olympe de Gouges a pris de nombreuses fois la plume pour diffuser les idées révolutionnaires, sur les planches du théâtre et sur les murs de la ville. En 1791, alors que le roi s'apprête à ratifier la Constitution, Olympe de Gouges réécrit son texte fondateur, la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen, avec une revendication claire : réintroduire les femmes comme les égales des hommes dans l'ordre social que la nouvelle Constitution établit. Olympe de Gouges entend en effet dénoncer l'hypocrisie des révolutionnaires de l'Assemblée : en dépit de la participation en parole et en acte des femmes à la Révolution et derrière un prétendu universalisme, la Constitution prévoit d'instaurer une société très inégalitaire. Les femmes demeurent exclues des droits économiques et politiques, rangées, comme les esclaves et les handicapés, dans la catégorie de « citoyens passifs ». La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne qu'elle rédige alors reprend le texte initial tantôt mot à mot, tantôt en y introduisant des variations qui donnent au texte des accents d'hommage autant que de contestation. Nous pouvons nous demander à qui s'adresse ce texte. , Dans une première partie, nous verrons qu'il s'adresse spécifiquement aux femmes puisqu'il défend leurs droits et les interpelle pour les exhorter au combat, nous verrons, dans une deuxième partie, nous remarquerons qu'il s'adresse également aux hommes enfin dans une dernière partie, nous ferons le constat que la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne est un texte universel et que dès lors, il s'adresse aussi et surtout à l'humanité tout entière.

Dans un premier temps, le DDFC s'adresse essentiellement aux femmes, puisqu'il s'agit d'une œuvre réécrivant la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, et destinée à donner aux femmes les droits dont elles sont toujours privées.

D'abord, on peut dire que certains passages de l'œuvre s'adressent directement aux femmes, dont Olympe de Gouges veut porter la parole, afin que ces dernières ne restent pas les oubliées de la Révolution. Le « Préambule » de la Déclaration commence d'ailleurs ainsi :

«Les mères, les filles, les sœurs, les représentantes de la Nation demandent à être constituées en Assemblée nationale ». En pastichant la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, Olympe de Gouges réintègre les femmes dans l'espace juridique, et montre leur volonté d'être prises en compte, par l'emploi du verbe « demandent », qui a une valeur performative (=valeur d'action). Les femmes veulent devenir actrices de leur destin politique et social, à travers la voix d'Olympe de Gouges. L'autrice peut aussi s'adresser aux femmes de manière véhémente, comme on peut le lire dans le « Postambule » de l'œuvre, débutant par l'apostrophe « Femme, réveille-toi ». Le singulier traduit une adresse à toute la communauté des femmes, qu'elle accuse de se complaire dans un esclavage subi mais progressivement accepté. L'impératif polémique dans « réveille-toi » et « reconnais tes droits » traduit la volonté de l'autrice de pousser les femmes au combat contre l'injustice de leur condition. Elle emploie de même plusieurs interrogations rhétoriques dans ce texte, qui agissent comme des reproches et des arguments destinés à convaincre les femmes d'agir :

«il est en votre pouvoir de les affranchir (les barrières), vous n'avez qu'à le vouloir ». Par l'utilisation de l'analogie entre la femme et l'esclave, la pamphlétaire enjoint les femmes à se libérer d'un asservissement dont elles sont en partie responsables.

De plus, on peut constater que l'autrice se place sous la protection de la Reine de France, première femme de France sur le plan politique : le texte liminaire de l'œuvre est une adresse à la Reine. Olympe de Gouges espère en effet que Marie-Antoinette pourra l'aider à promouvoir sa Déclaration. Elle s'adresse à elle avec respect, en lui assurant son soutien, mais avec fermeté, en lui demandant d'agir pour le bien de la nation, et non seulement pour servir les intérêts de la noblesse. Elle veut impliquer la Reine en tant que femme, « mère et épouse », plus susceptible d'avoir de l'empathie, de comprendre le combat des femmes : « Il n'appartient qu'à celle que le hasard a élevée à une place éminente, de donner du poids à l'essor des droits de la femme, et d'en accélérer le succès ».

Elle lui assure ainsi le respect des femmes, et une gloire issue non pas du crime mais de la vertu: « Soutenez, Madame, une si belle cause; défendez ce sexe malheureux, et vous aurez bientôt pour vous une moitié du royaume, et le tiers au moins de l'autre ». La dédicace est un plaidoyer en faveur des droits des femmes et du peuple, destiné également à favoriser le succès de la Déclaration, mais Marie-Antoinette ne l'aura sans doute pas entre les mains, et ne défendra pas le texte.

La Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne s'adresse enfin aux femmes, en tant que texte de loi porteur de nouveaux droits pour celles-ci. Le texte de la déclaration féminise la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen : il s'agit d'un pastiche, ou d'une réécriture, dont l'hypotexte est la Déclaration de 1789, texte fondamental issu de la Révolution. Olympe de Gouges en reprend le Préambule, dont elle modifie certains passages. Elle remplace en effet systématiquement « homme » par « femme » : en jouant sur l'ambigüité du mot « homme » (être humain - être masculin). Elle montre aux hommes que, sous la portée censément universelle de la Déclaration, se cache un oubli total des femmes. En désignant les femmes par « les mères, les filles, les sœurs », elle souligne les liens naturels, du sang qui les unissent aux concepteurs du texte et en font leurs égales selon a nature.

Dans les articles, elle associe systématiquement l'homme et la femme, le citoyen et la citoyenne (articles 1, 2, 3, 6, 13) et revendique ainsi l'égalité (le terme intervient en 1, 6, 13). Il s'agit surtout de montrer que le mot Nation n'a pas de sens s'il est amputé de la moitié de ses membres, que la représentativité et la légitimité

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