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Charleroi, Verlaine

Commentaire de texte : Charleroi, Verlaine. Recherche parmi 298 000+ dissertations

Par   •  30 Janvier 2024  •  Commentaire de texte  •  2 036 Mots (9 Pages)  •  54 Vues

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EL 7  « Charleroi » (1 des 6 poèmes de la section paysages Belges, écrits entre juillet et septembre 1872), Verlaine             

   

          Verlaine est né à Metz en 1844. Il commence des études de droit mais rapidement c’est la poésie qui l’attire. Il renonce alors à ses études et à 22 ans, il publie les Poèmes saturniens (1866) puis trois ans plus tard Fêtes galantes (1869). En 1870 il rencontre Mathilde Mauté qui  deviendra sa femme.

Puis en 1871 il fait la rencontre d’Arthur Rimbaud qui va bouleverser sa vie : les deux poètes vont vivre une relation passionnée, entre l’Angleterre et la Belgique ; et Verlaine écrira alors Romances sans paroles en 1873 pendant son dernier voyage en Belgique avec Rimbaud, avant de se retrouver emprisonner pour avoir tirer sur son amant.

La poésie de Verlaine est une poésie légère, simpliste, mélancolique et moderne qui veut se démarquer de la poésie romantique ou parnassienne du XIXè siècle. Son idéal poétique tire son inspiration des poètes comme Baudelaire, Rimbaud mais aussi et avant tout de la musique et de la peinture, notamment l’impressionnisme. D’ailleurs, le titre du recueil est très évocateur : Romances sans Paroles est un titre emprunté au musicien Mendelssohn.

       

Le recueil Romances sans Paroles  se divise en 4 sections :

  • « Ariettes oubliées »
  • « Paysages Belges »
  • « Birds in the Night »
  • « Aquarelles »

          Les poèmes de la  section  « Paysages Belges »   consistent des sortes de tableaux picturaux . Les paysages décrits sont ceux que Verlaine et Rimbaud ont parcouru ensemble en Belgique allant de ville en ville et de bar en bar, ouvrant sur le monde des yeux explorateurs et émerveillés.

Le poème « Charleroi » fait suite au poème « Walcourt » et poursuit  la présentation de villes belges ; Charleroi est située dans une région minière et industrielle. Le texte est composé de vers courts et de phrases souvent nominales qui sont autant de petites touches descriptives, d’impressions discontinues qui se succèdent comme lorsque l’on voit un paysage depuis un train.

Mais contrairement à Walcourt, Charleroi laisse un sentiment de dégoût car il s’agit d’une ville industrielle sinistre que la sidérurgie a rendue noire , nauséabonde et bruyante .

Nous verrons  comment le poète parvient au moyen d’un langage poétique moderne (NB : modernité liée au mouvement, aux sujets évoqués et au langage) à transfigurer le paysage triste et sinistre d’une ville minière de Belgique en une scène étrange à la fois fantastique et onirique ?  La structure du plan suit le mouvement du train avec tout d’abord la description d’un paysage de campagne sombre et inquiétant  puis celle d’une ville hostile pour finir sur la description d’un paysage déshumanisé paroxysme de l’angoisse

        Le poème se compose de 7 quatrains de tétrasyllabes (avec rimes embrassées ABBA et alternance rimes féminines et masculines)- Rmq:Verlaine aime mêler le pair et l’impair -   cette forme particulière du poème avec la brièveté des tétrasyllabes et une ponctuation importante  donne au poème un rythme régulier comme celui d’un train . Poème construit de manière symétrique autour de la strophe centrale (strophe 4) . Enfin  on remarque que la première strophe est reprise à l’identique à la fin du poème comme pour marquer la fin de la description d’un paysage furtif  observé depuis la fenêtre d’un train .

I) Un paysage de campagne sombre et inquiétant décrit au moyen de tous les sens (visuel, sonore et olfactif )

- poème commence par une association surprenante « l’herbe noire » (sens visuel) qui amène le doute chez le lecteur : pourquoi l’herbe est noire et non verte ? s’agit-il du noir des fumées des industries ou du noir de la nuit ? → on n’a aucune précision de temps ni de lieux mais le paysage apparaît  comme sombre, étrange .

- puis la phrase se poursuit sur le vers suivant  avec évocation de personnages tout aussi surprenant « les kobolds » ( ce sont des lutins malicieux des légendes germaniques qui ont pour tâche de garder les trésors souterrains → ici ils veillent sur les mines de charbon) . On a donc une description quasi magique, fantastique , on peut alors se demander s’il ne s’agit pas d’une sorte de rêve (le voyageur serait-il en train de somnoler ?) → description d’un monde étrange et un peu inquiétant .

- personnification de la nature, mise en avant de la nature (l’humain s’efface devant la nature qui prend vie) : vent qui « pleure » (sens sonore) donc personnification du vent avec rejet du verbe « pleure » pour mettre en valeur lʼémotion négative : contribue à renforcer l’impression d’un univers fantastique et angoissant ( comme les nouvelles de Maupassant) et amène le doute chez le lecteur : pourquoi  la nature est elle sombre et triste ?

- phrase avec un groupe de mot manquant qui laisse le lecteur dans le mystère « On veut croire » (qui est ce pronom indéfini « on » et on veut croire à quoi ?) → le lecteur est baigné dans un mystère (qui s’éclairera à la fin du poème) → tout contribue à l’atmosphère fantastique

- assonance en « on » dans cette 1ère strophe qui fait penser au bruit d’une machine

- L’odeur (sens olfactif) est ensuite le premier élément perçu par le poète avec la question au discours direct « Quoi donc se sent ?  » (v.5) qui montre l’incertitude, le doute de l’observateur devant une odeur qui lui est inconnue (rmq : odeur encore nouvelle que celle de la révolution industrielle) . Cette odeur est obsédante et elle reste indéfinissable, on va la retrouver tout au long du poème « On sent donc quoi ? » v.13, « Qu’est-ce que c’est ? » V.18 , puis cette odeur est qualifiée de sinistre avec l’oxymore « parfums sinistres » qui renforce l’idée d’une odeur affreuse, comme une odeur de mort

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