Le dormeur du val, Rimbaud

LE DORMEUR DU VAL ( 1870)

Introduction          Arthur Rimbaud, jeune poète symboliste né en 1854, écrit à l'âge de 16 ans les ''Cahiers de Douai'', publiés intégralement  à titre posthume en 1893. Le poème présenté ici, ''le Dormeur du val'', en fait partie . Il décrit un jeune soldat semblant dormir paisiblement dans la nature. Mais la chute finale dévoile la tragique réalité de la guerre. En effet, entre 1870 et 1871, celle-ci éclate entre la Prusse et la France, qui sera vaincue. Ecrit sous forme de sonnet, ( 2 quatrains , 2 tercets, en alexandrins) , que Rimbaut affectionne ( 12 sonnets  sur  les 22 poèmes des Cahiers de Douai,) il comporte des rimes pour la plupart croisées sauf les 2 premières du 1er tercet qui sont suivies  et les 4 dernières  embrassées. En quoi ce poème , à la tonalité pathétique, est-il aussi  une œuvre engagée ?

1er quatrain

 1/ UNE NATURE VIVANTE ET BELLE

       La description du cadre  débute et se répète dans le premier quatrain  par le présentatif ''c'est'' puis  une métaphore : '' un trou de verdure'' , qui  définit et réduit l'espace. De plus, l'emploi de l'article indéfini désigne un lieu qui pourrait être n'importe où . 

Les éléments naturels sont personnifiés : la rivière  ''chante'' et affiche sa simple beauté, d'où l'oxymore ''haillons d'argent '' ; le soleil ''luit'' d'une douce chaleur , la montagne est''fière'' de sa grandeur. Le mouvement rapide de l'eau, qu'évoque l'adverbe ''folllement'', symbolise la vie ; allié à  la lumière et la chaleur du soleil , autre symbole de vie, ils font de ce lieu intime,  que suggère ''petit'', un endroit  où il fait bon vivre. Rimbaud utilise la synesthésie, consciemment ou non ( procédé poétique ou trouble sensoriel personnel ? ) qui, en  conjugant les sensations,  visuelles , auditives,tactiles, olfactives, ; lui fait percevoir cette nature comme étant  la Beauté .

2ème quatrain et 1er tercet

2/ UN  SOMMEIL AMBIGU

       Les  deux  strophes suivantes décrivent  un soldat endormi. Le second quatrain débute par ''un soldat jeune'' ... L'emploi de l'article indéfini 'un'' souligne à la fois la solitude du soldat, qui habituellement se déplace en groupe  et désigne aussi un soldat universel; la place de l''adjectif 'jeune'', derrière le nom, en accentue la caractérisation .

      Cependant,  la chaleur lumineuse  du soleil semble diminuée : le cresson est bleu et  ''frais,'' sa nuque ''baigne'' dedans ; au 3ème vers du quatrain, le sommeil est mis en évidence par le  verbe ''dort grâce au rejet, suivi de ''étendu'', qui le renforce .

     Pourtant, la présence inattendue de  l'adjectif ''pâle'', associé au lit ''vert'' et aux couleurs froides, atténue l'impression d'une parfaite quiétude.

     Dans le premier tercet , le mot ''glaieuls'' a  exactementle même effet :  il désigne une fleur.

 Mais ce mot est issu du mot ''glaive'', symbole souvent présent sur les tombes des soldats, placé à  leurs pieds ( Tombe d'Un  Soldat Inconnu à Paris ). D'ailleurs, le glaieul est aussi une fleur symbolique du deuil et de l'honneur .

      La comparaison du sourire  du soldat avec celui ''d'un enfant malade'' et le renforcement par trois verbes du champ lexical du sommeil  :  ''dort'', ''somme'', ''berce'', suggèrent progressivement, surtout le troisième, un autre état du dormeur .

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